Chapitre 44E: avocat

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Ma belle – fille avait reçu seulement l'ondoiement à sa naissance et le baptême deux ans plus tard car on avait peur que la plongée n’aggrave le mal des bronches dont elle était atteinte. Si elle en était totalement remise aujourd'hui, il avait bien manqué de lui coûter la vie.

C'est donc la veille de ses vingt-huit ans que ma belle-fille se rendit chez l'avocat avec lequel elle avait pris rendez-vous au mois d'octobre. Une heure plus tard, elle s'asseya exténuée dans le canapé, près de moi.

—''En passant, j'ai été acheter une bouteille de lait et des crêpes pour ce soir. Écoutez Louise, l'avocat m'a donné les frais d'honoraires que je devrais payer si j'engageais une procédure.

—''Et alors ?

—''Toutes mes économies y passeraient. Je n'aurais plus rien et aucune certitude que cela ferait avancer les choses. Vous n'imagineriez pas ma déception si je devais mettre tout mon argent dans quelque chose qui ne servait au final à rien.

—''Qu'allez – vous faire ?

—''Abandonner cette histoire de procès et préférer le dialogue.

—''Je suis heureuse de vous entendre dire ça car je pensais depuis longtemps que c'était la meilleure chose à faire. Après, vous faites évidemment ce que vous voulez. Quand iriez – vous ?

—''Vous plaisantez j'espère ? Il est hors de question pour moi de remettre les pieds là – bas. Non, je leur écrirais, je dois bien avoir leur adresse quelque part.

Elle sortit une feuille et une plume et après avoir simplement noté la date du jour, elle s'en alla apporter à boire à André qui réclamait du loin de la chambre, et elle revint avec Bernadette, qu'elle installa sur ses genoux. La petite fille s'empara de la plume et s’apprêta à gribouiller.

—''Non mais ! Lui reprit - elle

Ce n'est que quand Jacqueline faisait son apparition en réclamant un bonbon que Gustavine abandonna son projet, laissant gésir la feuille et la plume sur la table basse du salon. Demain, elle devrait faire des ratures car la date changerait, alors qu'il aurait été bien plus simple de se mettre au calme et de l'écrire une bonne fois pour toute.

André fêta son quinzième anniversaire alité, car ses jambes lui faisaient maintenant atrocement mal. C'était la première fois qu'il souffrait physiquement de sa maladie. Je pense que c'était parce que son état était en train d'empirer.

Nous reçûmes au mois d'avril une enveloppe contenant la médaille de Jacqueline. Il y avait un petit mot d'excuse qui l'accompagnait et Gustavine en plus de récupérer le sien, s'empressait de rattacher le collier au cou de sa fille.

Profitant d'un jour d'avril dans une semaine où Gustavine ne travaillait exceptionnellement pas pour cause de voyage de ses employeurs, nous nous rendîmes à la banque la plus proche pour faire échanger nos économies. Les enfants, émerveillés par les pièces d'or que le banquier nous tendait, devaient se dire qu'ils étaient très généreux avec nous. En réalité, il ne l'était pas car une livre valait presque autant qu'un nouveau franc. Nous en profitâmes pour demander au banquier de convertir l'argent de nos comptes en francs.

J'écrivais à Malou pour lui demander lorsqu'elle comptait venir nous voir, moi qui avait rarement eu autant hâte de recevoir une visite. Pour ainsi dire, j'avais par dessus-tout envie de voir son fils.

Les boucles d'oreilles de Bernadette gisaient depuis le mois d'août sur le meuble de la chambre, dans leur écrin. Je les avais juste rangées après l'incident, et plus personne n'en avait parlé. C'était sans doute mieux ainsi.

Mon fils de quinze ans ne quittait plus du tout son lit depuis le mois de décembre. Sa santé s'était aggravée par des quintes de toux impressionnantes et le fait qu'il ne mange presque plus. Je le lavais au gant de toilette car ses jambes lui faisaient trop mal et j'étais contrainte, au plus profond de son mal - être et de mon désespoir, de lui faire porter des langes. Souvent, lorsque j'étais seule avec lui, et le voyant dans cet état, je ne pouvais m'empêcher de craquer, essayant d'être forte mais déversant malgré moi ces larmes. Mon pauvre enfant.

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