Toi, ma création.
J'écrivais depuis tellement longtemps, que je ne sus plus quand je t'avais créée exactement, enfin presque, je me souvenais juste d'avoir écrit pour la première fois ton prénom dans un rôle playeur, tout en te créant une personnalité identique à la mienne. Une personnalité si joyeuse avant que tu ne sombres lorsque j'eus été détruite par mes camarades de classe. Tu étais simplement une part de moi. Une part que j'aimais comme mon propre enfant.
Et finalement, je t'avais donnée réellement vie en 2017, j'avais quoi ? Vingt-et-un ans ? Ou allais-je simplement les avoir ? Cela n'avait pas d'importance. L'important, ce fut que j'avais pu te créer une véritable vie, sans penser que tu serais populaire auprès des fangirls de certains films : tu venais donc de passer d'une simple ébauche de rôle play à un personnage à part entière. Tu étais à présent Evalia Stark, fille du grand Tony Stark. Certes, ce n'était pas quelque chose de bien grand, mais tu avais de l'importance, et ce, jusqu'au jour où je me relevai. Oui, car c'était à partir de ce moment que je t'eus délaissée, et est-ce que je regrettais ? Non, enfin jusqu'à aujourd'hui.
Tu avais toujours été là, et quand j'eus commencé à changer, d'autres personnages, d'autres histoires apparurent, et ces derniers avaient bien plus d'importance que toi. Ils étaient des personnages de roman, et tu n'étais plus qu'un personnage de fanfiction. En gros, tu ne valais plus rien du tout, tellement, que je ne sus pas quoi faire d'autre que de te faire souffrir. J'avais fait en sorte que tu te retrouves violée par des crétins de ton lycée et que tu provoques ton propre coma, je n'avais donc plus d'issues pour toi, tu étais au point mort.
Quelle erreur.
J'écrivais pour tous, sauf pour toi. C'est à ce moment-là que tu étais apparue face à moi, tandis que j'essayais d'écrire l'histoire de Helen, Ursle, Soizig et Harmony, les héroïnes de mon roman HUSH. Tu me regardais au travers de tes yeux noisette, je t'avais trouvée magnifique, tu étais exactement comme je t'avais imaginée. Belle, grande, tout ce que je n'étais pas physiquement puisque mon poids dépassait les trois chiffres pour un mètre soixante-neuf, comme quoi tu n'étais qu'un effet miroir, je voulais te ressembler physiquement tout en faisant en sorte que tu souffres psychologiquement comme j'avais pu souffrir autrefois.
- Pourquoi n'écris-tu pas mon histoire ? Pourquoi me laisses-tu dans cet état ? me demandas-tu. Pourquoi n'ai-je plus d'importance pour toi ?!
- C'est une longue histoire Evalia, tu ne peux pas être en mesure de comprendre.
- Pourquoi ? J'ai besoin de savoir ! Que t'ai-je fait pour mériter ce sort ?
- Tu es trop parfaite, voilà le problème ! Je t'ai donné un trop-plein de ma personnalité, je n'ai plus su faire la différence entre toi et moi ! Tellement que depuis ton coma, j'ai volé ton nom, ton prénom et une part même de toi pour mon nom d'auteur. Et tu crois, que je pourrais reprendre ton histoire aussi facilement ?
Des larmes apparurent sur le coin de tes yeux, tu allais m'en vouloir à coup sûr, je te détruisais pour mieux me construire. Quelle auteure étais-je ? Tu souhaitais juste revivre ton histoire, mais je n'en avais pas le courage, je n'arrivais pas à imaginer ton retour, comme si tout ce que tu semblais être, n'était qu'en réalité une partie du passé et que ton point mort en resterait un. Pourtant, cela ne t'empêcha pas de poursuivre cette fixation sur moi, ta créatrice, ta mère, mais tu avais tout de même raison, je ne pouvais pas finir ton histoire de cette manière. Comment pourrais-je la finir ?
- Oui, tu pourrais créer quelque chose qui définit ton réveil personnel et qui provoque chez moi le déclic d'un réveil, et fait moi revivre comme avant, laisses-moi me reconstruire, tu te dois d'achever mon histoire de la meilleure des manières, et cela, tu le sais. N'est-ce pas ?
- Je le sais bien, mais je ne m'en sens pas capable, comment pourrais-je t'aider ?
- Et bien, vu que tu as volé mon identité pour t'identifier sur le net, tu devrais le savoir. Même si je doute de tes compétences en la matière. Peut-être pourrais-tu faire comme si je me réveillais d'un simple rêve, et ensuite, apprends-moi à écrire ma propre histoire à ta place.
- Je ne sais pas, je dois encore réfléchir.
- Ne réfléchis pas, fais-le !
Tu n'avais point tort, tu étais une partie de moi, et je devais apprendre à laisser cette part t'écrire quitte à me laisser te reconstruire et redevenir l'unique Evalia Stark. Je ne pouvais, cependant, pas accepter cette proposition, j'étais devenue "toi" derrière mes écrits, tu étais mon ombre en plus de celle de ton père. Tu étais mon ombre, ma part d'anticipation pour mes histoires. Car je me dois de l'avouer : je t'avais toujours imaginé dans les situations de chaque personnage de mes romans, sans doute une manière pour te garder en vie...
Peut-être. Alors, après cette promesse silencieuse, tu te permis de partir, de me quitter pour ne redevenir que l'ombre qui me collait les baskets sans savoir que tu venais de me rendre quelque chose d'important : Ma motivation.
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