Prologue
Un Monde en pleine effervescence
Imaginez une Terre, où les guerres n'existent pas, un Continent entier où les cycles se succèdent, sans que la maladie ou la convoitise ne nuisent à la vie de ses habitants. Mithreïlid avait alors à cette époque, tous les bénéfices propices à ce que la culture, les arts et le développement de chacun puissent croître sans qu'un seul nuage noir ne se dessine dans cet horizon radieux. Bien que les Mithreïlidiens partagent cet espace de cocagne avec des créatures farouches, il n'y avait encore jamais eu le moindre conflit entre humains, qu'ils vivent dans un village ou dans un autre, ou qu'ils soient citoyens d'une ville ou d'une autre. Toutes les âmes de ce Monde avaient le même objectif de vie : la paix et l'harmonie. Cela avait permis à la population du Continent de bâtir les premiers hameaux, puis de les développer en importants bourgs et enfin, d'assembler plusieurs centre-villages les uns avec les autres pour créer les premières cités de Mithreïlid. Les terres agricoles étaient riches et prolifiques, le gibier sauvage arpentait sans cesse les sylves épaisses, la nature abondait de ressources inondées de magie, et l'on se partageait ces richesses sans limite et sans jalousie.
Bien que la paix fût le maître mot de cette civilisation unie, on ne dénigrait pas pour autant l'art et la maîtrise des armes ; dès lors que l'on franchissait les portes et barricades des villages et villes, il était fort fréquent de se retrouver nez-à-nez avec une ou plusieurs créatures qui, elles, auraient attaqué n'importe qui leur aurait fait face. Les plus téméraires des guerriers, se confrontaient même, aux plus vigoureux et puissants défenseurs des terres sauvages : les Dragons. Certains revenaient victorieux et étaient couverts de gloire, créant de nouveaux espaces habitables et récoltables pour leurs semblables, tandis que d'autres revenaient les pieds en avant, transportés dans des charrettes et remis à leurs familles endeuillées, voire, ne revenaient pas. La vie exerçait son droit, et la mort appliquait son ultime sentence. Pour ainsi dire, tous étaient égaux durant leur vie, et égaux face à leur mort.
Cependant, cette époque de normalité dans le plus magique des Mondes, allait prendre fin. Ce temps où les êtres surnaturels n'existaient pas encore, allait être révolu.
C'est durant une nuit claire, où les étoiles luisaient dans le ciel illuminé par une Lune céruléenne, que le destin de Mithreïlid allait être modifié à tout jamais. Le firmament nocturne que de nombreux habitants étaient en train d'admirer pour sa beauté paisible, commençait à être sillonné par une pluie d'étoiles filantes. Le ciel s'éclaircissait de plus en plus, lorsque la voie lactée, silencieuse et scintillante, s'embruma d'une Ombre que nul n'avait jamais vue. De ces ténèbres somptueuses, un point lumineux semblait naître, d'abord de taille minuscule, il grandit de plus en plus, sous les regards ahuris de tous les badauds. La forme sphérique ne cessa de croître que lorsqu'elle atteignit le double de la dimension du premier astre sélène.
Une seconde Lune venait de prendre place dans la nue étoilée, mais cela ne fut pas sans conséquence. Les océans se déchaînèrent, la terre calme et endormie se réveilla dans un fracas terrible, des séismes secouèrent le continent tout entier ; et alors que les Mithreïlidiens ne savaient plus où donner de la tête, c'est du ciel que naquit la fin de cette ère de paix. Treize comètes émergèrent de l'obscurité céleste, treize morceaux de roche incandescente fondirent sur Mithreïlid. Ils percutèrent ce monde harmonieux dans un raffut monstrueux. Ce n'est qu'une fois qu'ils aient heurté le sol que les raz-de-marée et les secousses sismiques prirent fin.
Dans les yeux et dans les cœurs de tous les habitants était née une certitude : quelque chose venait de changer dans ce Monde ; et même si le lendemain et les jours qui suivirent cet événement exceptionnel, rien ne semblait avoir perturbé le quotidien des Mithreïlidiens, il fallut plusieurs cycles - très exactement treize - pour qu'enfin, on puisse se rendre compte que cette nuit, presque oubliée par le peuple, avait pu amener sur cette Terre. Ce sont treize cris, poussés par treize nouveau-nés, tous nés au même instant, sous le regard des deux Lunes s'embrassant en plein milieu du ciel nocturne, dans différents lieux et différentes places de Mithreïlid, qui allaient annoncer la nouvelle ère de ce Monde.
Une ère où des êtres surnaturels allaient bientôt fouler la surface de cette Terre. Une ère où on allait pouvoir se distinguer par son apparence et par ses attributs, où le divin se lie au normal, où la guerre et la rivalité prospèrent, où l'on craignait que son voisin ne convoite le lopin de terre que l'on aurait volontiers cédé sans contrepartie quelques cycles auparavant.
C’est ainsi qu’avait alors commencé, l’ère des Prodiges.
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