J’étais furax contre Lorenzo, mais je ne voulais pas l’appeler pour l’engueuler ; il aime trop me mettre en colère et je n’allais pas lui faire ce plaisir. Sauf qu’ à 4h30 du matin, je ne dormais toujours pas. C’est à ce moment-là que j’ai décidé qu’il n’y avait pas de raison pour que je sois la seule à passer une nuit blanche. Lorenzo a décroché à la première sonnerie. Il n’attendait que ça le saligaud :

- Ah ! T’en as mis du temps !

- Espèce de…

- Heureuse ?

- Non, mais ça va pas ! Tu fous tout par terre à chaque fois ! T’en n’as pas marre de ruiner mes projets?

- Regarde tes mails, ma poulette.

Lorenzo est mon webmaster. Il lit mon courrier, installe les filtres, me débarrasse des trolls et plein d’autres trucs que je ne comprends pas. Il a beau m’énerver, je ne m’en sortirais pas sans lui.

- Comment ça « Regarde tes mails. » ? ça ne sert plus à rien tout ça. Tu as tout foutu par terre. Tu m’as humiliée !

- Non. Tout le monde a adoré le schtroumpf.

Toute cette histoire le faisait marrer, comme d’habitude. L’irrévérence en personne, et le pro du remuage de couteau dans les plaies. Quelle plaie ce mec !

- C’est sûr ! Je suis la risée d’internet à cause de toi !

- Écoute. Là je joue aux échecs. Va lire tes mails. T’as une offre.

- Une offre ? Tu te moques de moi ?

Pas de réponse. Lorenzo avait déjà raccroché. Ce pouvait-il vraiment qu’un sponsor m’ait contacté ? Le mec est sournois, mais pour certains sujets, il est sérieux. Je décidai d’aller voir mes mails.