Acrostiche universel
À la lueur de la bougie, j'écris ces vers
Brillants par leur encre sombre et non leurs propos
Chaque pas que mes pieds font les sauve et les libère
Disciples indisciplinés, tirez le drapeau
Et fuyez les formes trop restrictives, trop carrées
Fantasmes des grammairiens séniles et serviles
Guerriers d'un pays poétique à libérer
Hâtez votre rébellion, attaquez ces êtres vils
Incendiez les villes et les villages d'un feu sacré !
J'invoque nos tristes dieux Baudelaire et Mallarmé
Krysinka et Rimbaud aux voix poétiques libres
Lamartine aux vers romantiques et légers
Monstres de talent que mes pas titubants veulent suivre.
Ne versez aucune larme pour vos grammaires caduques
Oubliez ces cadres qui enchaînent les mots et l'art
Plus de vers, plus de strophes, plus de phrase, plus de rimes
Que viendraient faire vos lois dans un domaine si rare ?
Rythmé par l'inspiration vaporeuse d'un fou
Soûl, si ce n'est plus, au service d'un dieu sévère
Tyran affamant les artisans à moindre coût
Ultime crie de famine, ultime crie de misère.
Vous qui lisez ces quelques lignes, demandez-vous
Who, where, what, why ? Qu'importe la langue tant que réside la question
Xénomorphe poétique évoluant au fil des mots pour en créer de nouveaux
Y compris au fil des vers, faisant fi des normes
Zigzagant entre les espaces, la forme se libère, le lièbre blanc sort de son trou et goûte l'air pur qui s'écoule des nueiges du haut de la montagne, coule du poème dans un flot de mots. Le torrent mouille la page, la remplie de la sueur du poète, la tâche d'encre, la transforme en pauvre papier propagandaire insoumis ni aux mots ni au dictionnaire, mais, voilà que vient la fin de la page, ultime barrage contre ce flomots qui se coagule à la frontière, rage désesbordante.
Libres, ces mots nouveaux, ces formes nouvelles rejoindront ceux et celles qu'elles auront combattus dans la mort, dans l'ultime déchirure de leurs existences.
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