À supposer que...
À supposer que je mette fin à mes jours, que je me flingue ou que je me pense, afin d’aller voir Charon, de voir si c’est cet Enfer ou l’autre qui existe, que je le voie avant que je m’aperçoive que je n’ai pas la monnaie pour payer la traversée, qu’un franc suisse n’est pas une drachme ou un sesterce, ainsi, face à son refus, je monterais au ciel, au moyen de cette fameuse échelle, si un Paradis chrétien, pourquoi les Enfers hellènes, face au portail divin, protégé par son gardien de Pierre qui, tel un acariâtre videur de boîtes de nuit, me refusera les portes de son Paradis, artificiel, déçu, mais pas surpris, je tenterais le bouddhisme et son cycle de réincarnations, mais aucune créature, aucun vers, aucun nuisible, aucun parasite n’est assez vil pour être le réceptacle de mon âme, face à une telle déconvenue, je tenterais de rester sur Terre et de hanter, un château, un manoir, une maison, une ruine, une lande, un terrain vague, mais tout sera occupé par plus méritant que moi, finalement, je disparaîtrais, mon passé et mon futur avec moi, mes écrits, mes rêves et mon amour suivront mes dernières particules qui se seront consumées pour toi, mon amour, mon unique étoile dans mon ciel mort.
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