99 notes préparatoires sur mes pensées de ce matin-là
J'avoue que je ne sais pas quoi écrire.
Si je dois en pleurer ou bien en rire.
Au moins mon idée de faire quelques vers
En cette douce matinée brumeuse d'hiver
Ne me paraît, en fait, pas si mauvaise
Elle me permet de penser à mon aise
Et à mon esprit de vagabonder
Par monts par vaux, par pleines et par prés
Étourdi que je suis, je viens de voir
Que nonante-neuf vers forment une poésie
Avec une rime qui n'aura pas d'amie
Arrivé au douzième vers, je ne sais
Plus quoi écrire et remarque que c'est laid.
Mon esprit, trop tourmenté par la nuit,
Semble chercher là où la lumière luit
Mais il ne trouve que brouillard et ténèbres
Et me chante cette mélopée funèbre
Il navigue aux côtés de Charron
Avec sa rame il touche les os du fond
Il les fait craquer sans même sourciller
Je ne veux plus le voir sur ces eaux noires
Qu'il parte de ce monde illusoire
Viens vers moi, écoute et suis ma voix
Oublie l'obscurité, oublie cette voie
Car elle est celle de la facilité
Viens vers la lumière et sa clarté
Viens vers moi, poursuivre cette écriture
Oublie ce fleuve et cette mésaventure
Amie sèche tes larmes, saisis la plume
Que coule l'encre, noire et belle écume
Car il te reste un certain chemin
À parcourir, à écrire, de tes mains.
Bien qu'arrivé au tiers de mon écrit
Mon âme, enfin, rit et me sourit
Et me demande pourquoi continuer
« Je ne peux ni fuir, ni me défiler
Je me dois de terminer ce défi
Que je me suis imposé sans merci.
Je ne veux être perçu comme un lâche
Devant ces belles déesses qui sans relâche
Vinrent me porter secours dans ces moments
Si difficiles où je perdait du temps
À me lamenter sans le sublimer »
Répondis-je à mon esprit charmé.
La matinée arrive à sa fin
Le gris brouillard se dissipe, enfin !
Mais je ne vois point le brillant soleil
Les nuages cachent sa beauté sans pareil
Le jour reste désespérément gris
Et me complet dans ma tristesse impie
Une douce odeur de viande grillée
Vient, nonchalante, chatouiller mon nez
Il est bientôt l'heure d'aller à table.
Tient, je n'ai rien préparé de mangeable !
Mon père arrive bientôt, je dois faire
À manger, quelque chose qui doit lui plaire
Tant pis, je n'ai pas le temps, une salade
Avec elle, j'empêcherai l'engueulade.
Le repas s'est finalement bien passé
Mon père et moi avons bien mangé.
Ce fut une agréable pause dans mes notes
Maintenant, j'y retourne et dénote
Quelques fautes d'orthographe, quelle horreur !
Cela nuit gravement à mon honneur
Mais ce n'est pas si grave, car à la fin
Personne ne pourra les voir, ces malins
Lutin, diablotins, je ne sais point
Mais ils frappent mes textes avec leurs poings.
À mon tour, je les traque et les pourchasse
Car je ne peux pas laisser qu'ils s'amassent
Devant les portes de mon texte vacillant.
Et toi mon très cher lecteur compétant
Toi qui, aventurier hasardeux, vient
Vagabonder dans mes textes désastreux
Tu ne trouveras point de vers heureux
Ni de rime fameuse, de celles qui font
Leur joie, leur bonheur et leur belle passion.
Au contraire, il n'y a que des mots vides
Creux et morts, à en faire pâlir Ovide.
Ne crains rien, car le supplice est bientôt
Terminé et cela n'est pas trop tôt
Car je commence à me fatiguer
De l'écrire et de le composer
Heureusement que je la vois, la fin
Car continuer ne sert plus à rien
Mon humeur n'est plus à la sinistre
Mélancolie, celle qui administre
Cette bile visqueuse, sordide et obscure
Celle qui, finalement, n'a aucune cure
Sauf le temps qui passe et qui court
Et qui donne goût aux choses que l'on savoure
Voilà que les aiguilles ont parcouru
Un chemin fait du temps révolu
Un chemin écrit, pourtant, à l'encre noire
Chassera mon vieil ami Désespoir
Et donnera enfin de la couleur
À ma vie qui était auparavant
Si morose et qui est, maintenant
Beaucoup plus joyeuse, surtout que j'ai également terminé ce poème.
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