ma très chère Marie-France,
chère amie,
Il souffle en ce jour à la cour un drôle de vent,
un vent de pitié et de révolte.
J'ignore si vous êtes au courant mais il y a
quelques jours un homme à été condamné
pour vol. Un vol benin, une collier de rubis.
Cet idiot a réussi à s'introduire dans la chambre
de Mme Victoire et a dérobé un collier, je ne sais
comment il est rentré et comment ce benêt est
passé devant les gardes.
Mais passons. Cet homme a donc été condamné au
supplice de la roue. Il me paraissait interressant de
m'y rendre. Tout en tenant mon rang de duchesse
bien sûr.
Après ce délicieux spectacle, je me suis rendue
chez mon amie la comtesse de Grand-Chemin
Celle-ci était grandement choquée par cette
distraction. Elle en a presque tourné de l'oeil.
Sa soubrette a dû lui apporter ses sels.
Quelques jours plus tard tout Versailles était
en émoi. Presque tous les courtisans plaignaient
ce pauvre homme qui avait dû beaucoup souffrir.
Mais de mon côté je trouvais qu'on faisait beaucoup
pour rien et honnêtement je trouvais ces spectacles d'une
grande drôlerie. Je ne vous cache pas que je les attends
avec impatience. Lorsque j'ai fait part de mon avis à mes
amies on s'en est grandement offensé. On m'a trait éde
sans coeur. Et on m'a dit qu'un homme restait un homme
quelque soit ses erreurs. Je ne les comprends pas...
Cet homme était un roturier... Il ne méritait pas notre
pitié et encore moins celle de LA REINE ! Et oui. La reine elle même
a reconnu avoir ressenti de la pitié pour cet homme du peuple.
Je ne comprends pas les courtisans qui peuvent médiser pendant
des jours sur une rumeur sans éprouver le moindre remord
mais qui s'émeuvent sur le sort d'un inculte incapable de réciter
une phrase de latin ! Après tout c'est drôle à voir !
Bien à vous, votre amie.
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