TI - 9   Epicurienne

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*** Contenu sensible ***

D’un geste sec et précis, il trancha la carotide, faisant couler le sang chaud dans une marmite. Cela servirait à la confection de boudin noir. Il attendait patiemment que la dernière goutte rejoigne ses frangines lorsque sa femme l’interpella :

" Ne fait pas des parts trop grosses, mon chéri ! Nous ne sommes plus que trois à tables, ton fils ne rentre quasi plus de l’université maintenant. Ficèle-nous un bon rôti pour demain, ce sera parfait avec les pommes de terre du jardin.

- Je nous prépare ça mon amour, mais n’oublies pas qu’Annalise est dans sa période végétarienne, donc portion pour deux."

Sa femme vint poser un baiser au coin des lèvres.

" Deux, oui, mais heureux, mon choupinet en sucre. Et ne salope pas toute la maison comme la dernière fois surtout, ajouta-t-elle en lui claquant les fesses.

- Ça n’était pas de ma faute, la bonne femme refusait de mourir et avait foutu du sang partout !

- Alors, tue-les avant.

- La viande est meilleure si l’animal stresse."

Sa femme fit demi-tour et retourna dans sa cuisine. « L’animal » en question eut une contraction post mortem et envoya, du bout de sa main, voltiger une goutte de son liquide de vie, comme pour se venger de son meurtre impardonnable ! Voyant ça, il attrapa un chiffon et ressuya le sol. Après de longues minutes d’attentes, il décrocha le corps exsangue afin de l’installer sur son étal. Il prit son hachoir et commença son découpage.

Dans un coin de sa pièce de travail, une cage contenait un jeune homme. La viande était plus tendre et moins grasse à cet âge. Il fallait bien varier les régimes et penser à leur santé. Le garçon en question, un lycéen plutôt mignon d’après sa fille, le regardait avec effroi. Il le pointa du bout de sa lame :

" Ne t’en fait pas, gamin, ton tour arrive juste après."

Il accompagna sa phrase d’un rire grave, digne des pires films d’horreur. Il forçait le trait, mais plus le bestiau aurait peur, meilleur serait le gout.

Après quelques heures de boulot, les différents morceaux de choix bien emballés, il partit vers la pièce où il entreposait la viande. Il s’éloignait avec plaisir de son étal sanglant, les pleurnicheries du l’autre bout de barbaque lui donnait mal à la tête.

***

" Pssst ?"

L’ado dans la cage vit une fille de son âge lui faire signe.

"Tu veux que je te sorte de là ?"

Devant l’air ahuri qu’elle obtînt en retour, elle se présenta.

" Je suis Annalise. Je me bats pour qu’ils arrêtent leurs massacres hebdomadaires, d’ailleurs je suis végétarienne. Ça se remarque non ? "

Elle tourna sur elle-même, ses mains épousant ses courbes, comme le ferait un mannequin dans une publicité pour un coupe-faim.

" Qu’y a-t-il ? Je ne te plais pas ?

- Ton daron m’a kidnappé et enfermé dans cette cage pour me découper et me bouffer. Bordel tu appartiens à une famille de tarés et tu me demandes si je te trouve à mon goût.

- C’est bon ! Pas la peine de t’énerver, je vais te sortir d’ici. "

Elle posa un pied sur le tabouret qui trainait là, laissant entrevoir le devant d’un string en dentelle ne cachant pas grand-chose de sa pilosité disparue. Elle soupira, ôta un bouton de son chemisier et, le regardant dans les yeux, ajouta.

" Je te libère tout de suite, mais tu dois me promettre… de me faire jouir comme un Dieu.

- Je suis à deux doigts de crever, et tu me proposes la botte ! T’es aussi débile que tes vieux ! Sors-moi de là et je fonce prévenir les flics.

- On habite en rase campagne, il n’y a personne à dix kilomètres à la ronde, excepté des marais hyper dangereux. Le seul portable qui capte est dans ma chambre. Donc, pour téléphoner, il faut me passer sur le corps. "

Elle accompagna sa phrase d’un « hmmm » langoureux, tout en se caressant les seins, ne se rendant pas compte de son air ridicule.

" Sérieusement, si tu veux vivre, tu deviens mon jouet sexuel. Maman est d’accord, elle est en train de convaincre mon vieux. À toi de voir, si tu désires finir dans une casserole ou… passer à la casserole."

Il comprit qu’il devait entrer dans son délire pour s’en sortir. Il improviserait ensuite. Il ne souhaitait pas terminer la tête en bas, comme cette pauvre femme. Il accepta la proposition.

***

" Ouvre la bouche et mange, promis il n’y a pas de viande dedans. "

Elle sourit à son affirmation et l’obligea à avaler la purée de légumes qu’elle lui avait préparée. Son père l’avait amené dans sa chambre et attaché sur une chaise. Elle lui avait raconté tous ses secrets : son dernier petit ami qui l’avait largué, ses mauvaises notes au bac blanc, son amour des arts et sa gourmandise érotique… tout !

" Tu vois, j’ai trouvé la manière de rassembler tous les plaisirs de ma vie en un, la peinture, la lecture et le sexe, d’un seul coup. Je ne suis pas si conne pour une blonde hein !"

Elle se déshabilla sans s’alanguir, balança ses fringues en boules dans un coin de la pièce et s’approcha de son jouet. Elle attrapa une paire de ciseaux au passage. Elle le sentit frémir, mais pas d’excitation. Elle le frôla de la pointe d’une des deux lames et sans crier gare, découpa son t-shirt et son pantalon. Une fois tout ôter, elle fit de même avec le boxer que l’apollon portait. Elle observa son petit sexe rabougri et ne put s’empêcher de rire.

" Ce n’est pas le tout de se muscler Monsieur, il faut travailler la mèche aussi."

Elle le caressa tout en faisant dans son dos. Elle tira un coup sec sur le reste de vêtement se trouvant entre lui et la chaise. Une légère grimace de douleur naquit sur le visage de l’adolescent. Elle posa le menton sur l’épaule du garçon et lui susurra à l’oreille.

" Tu veux que je t’explique comment j’associe mes trois plaisirs épicuriens : la lecture, la peinture et le cul ? "

Il lui fit un signe de tête positif. Une fois l’appétit sexuel de la blondasse assouvit, même s’il devait être nu, il fuirait à travers les marais. Il croiserait bien une bagnole dans cette cambrousse.

" Tu vois, j’adore bouquiner, et mon auteur de chevet, c’est le Marquis de Sade."

Il frémit en entendant ce nom, et se dit que la taille de sa bite ne jouerait pas un grand rôle.

" J’ai juste un peu durci ses préceptes, afin de récupérer l’outil qui me permettra de réaliser mes peintures."

Il trembla d’horreur fixant les ciseaux et la folle éclata vraiment de rire.

" Mais non, crétin, que veux-tu que je dessine avec le petit bout que tu possèdes entre les jambes ? Regarde bien mes tableaux aux murs. Utilise ton sens de l’observation."

Il en scruta un et comprit en détaillant la tranche. Elle n’était pas blanche sous les quelques dégoulinades, mais… couleur peau. Elle murmura, de manière plus subjective, de la sensualité dans la voix.

" Je comble ma libido, en retranscrivant mon auteur préféré, afin de récupérer la toile que je peindrai avec ton sang."

Elle ponctua sa phrase en insérant un ciseau dans le nombril de son « amant » et commença à découper amoureusement. Aux cris, elle répondait de gémissements d’extase.

" Continue, bel Apollon… Tu m’excites !"

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