TI 3 - Au pays des merveilles
En retard, en retard, je suis en retard !
Un lapin, du nom de René, habillé comme un dandy anglais, monocle tressautant, oreilles frémissantes, court à toute allure sur un chemin de bonbons, encadré par des arbres en sucre d'orge. Ses pattes résonnent sur la voie tandis qu'il contemple pour la millième fois sa montre à gousset. L'aiguille a bien dépassé l'heure. La Reine de cœurs va le dépecer vivant.
Soudain, une jeune fille blonde surgit sur le passage. Le lapin la percute. Il ne s'excuse pas, il n'a pas le temps. Elle tend le bras en sa direction et tente de le suivre.
En retard, en retard, je suis en retard ! s'agace-t-il.
Peine perdue, il est le lapin le plus rapide de la comté. Ses nombreux retards lui ont appris à courir vite. Il espère que cette course ne sera pas la dernière. La jeune fille abandonne la poursuite, à moins qu'elle ne se soit égarée.
Le château est en vue. Il y est presque. Un dernier sprint. Les gardes de cartes ouvrent le grand portail, dévoilant un champ de roses rouge rutilant. René fonce. Ses pieds renversent un pot de peinture écarlate qui s'étale sur la sentinelle en train de repeindre un rosier blanc.
En retard, en retard, je suis en retard ! s'excuse-t-il.
Il dérape dans le couloir aux nombreux virages, et finit devant le trône de la Reine qui ne pipe mot. Oh. René s'applatit de mille excuses. Il prie, il supplie, il implore. Rien n'y fait.
Qu'on lui coupe la tête ! hurle la royale personne.
Le lapin, plus rapide que l'éclair, file en sens inverse, évitant les soldats trop lents, bondissant à travers champs. Il lui reste une ultime solution. Vite, vite, le revoilà dans la forêt de barbapapa. Il plonge dans un large terrier qui donne sur le garde-manger. La jeune fille blonde est là. Elle a trouvé l'immense gâteau à la crème avant lui.
En retard, en retard, je suis en retard ! s'énerve-t-il.
La blondasse se met à enfler comme un ballon, gigantesque montagne, lui volant sa place. S'il avait eu sa taille, les gardes se seraient enfuis sans demander leur rester. Le lapin se faufile entre les membres de la jeune personne pour chercher l'autre ingrédient magique. Après moults efforts, et écrasement évités, René réussit à dénicher le minuscule champignon vert. Une étiquette y est attachée : "Mangez-moi". Ses babines tirent la moue : cela n'a pas l'air très ragoûtant, bien loin des guimauves de soleil. Mais des cris de soldats retentissent. Il n'a pas le choix. Le lapin avale la chanterelle en une seule fois. Il rétrécit à toute vitesse. Vite, vite.
Hop ! Disparu le lapin !
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