Patria Potestas
Encore un Anneau ? Cette profusion d'Anneaux me rendait perplexe. Le monde entier affirmait qu'ils avaient disparu, perdus dans la nuit épaisse des âges. Nombreux étaient ceux qui les cherchaient, sur la foi d'un croquis, d'une légende. Mais nul ne les trouvait.
Sauf moi, Béatrice ?
- Où as-tu trouvé ça, Jonas ?
- Je suis un grand magicien, Charlotte, j'ai fait disparaître cette bague ! Regarde ta main !
- Espèce de baveux ! Tu m'as volée ! Rend la moi !
- Viens la chercher ! Viens la chercher !
Lorsque je servais sa part de gâteau, Jonas en avait profité pour la faire glisser. Je n'avais rien senti, lorsque nos mains se sont frôlées. Mais qu'avaient-ils, tous, à vouloir être magiciens ? Ne savaient-ils pas que c'étaient des responsabilités écrasantes ? Que tous les fous de la planète allaient bientôt leur courir après ? En attendant, c'est mon baveux qui courait, et il me narguait, le naïf.
Mon père intervint.
- Bon. En tant que chef de famille, je vais devoir utiliser mon droit à faire régner l'ordre et la justice sur la planète Terre, même si mes pouvoirs s'arrètent au portillon du jardin. Donne-moi cette bague, Jonas.
- C'est pas juste...
D'autorité, il avait pris l'Anneau de Pythagore, et il l'examinait attentivement.
- Charlotte, cette bague est tout à fait extraordinaire ! Ce torsadé est impeccablement réalisé. Je voudrais bien en modéliser la courbure. Et cette matière... Je jurerais presque qu'il s'agit de... Enfin il y a des choses que je ne peux vous dire, hein ? Où as-tu trouvé ça ?
J'étais hyper-génée, mon père me posait une question, et j'allais devoir lui mentir. Charlotte, peut-être, cette drôle de fille en chapka rose à oreilles de lapins, le pouvait-elle ?
Luv disait, souvent, que si une question nous embarrassait, il fallait répondre par une autre question. Je préférais cette solution.
- Pourquoi trouvé, Monsieur Wertmann ?
- Ha, oui... Evidemment... Bien sûr, je n'insinue rien du tout. C'est juste que, ce genre d'objet, c'est plutôt rare au doigt d'une jeune fille. Tu as dû recevoir un cadeau de ta vieille tante, ou dénicher ce bijou dans une brocante.
Il était visiblement très excité, et également un peu soucieux. Il serrait maintenant l'anneau dans son poing fermé. Il réfléchissait, nez en l'air, le regard perdu dans un coin de la pièce.
- Charlotte, que dirais-tu de me prêter la bague ? Je serais vraiment heureux de l'emmener au Laboratoire.
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