Moëbius
Gal venait de m'appeler Béatrice, c'était gentil de rappeler à mon souvenir qui j'étais vraiment, moi la condamnée au fond d'une bouteille métallique, l'expérience râtée XD 2542 Théta, chose misérable qui venait de se faire voler l'Anneau de Pythagore.
— Connais-tu, Béatrice, le ruban de Moebius ?
Cette histoire ! Si je connais le ruban de Moebius ? Toute mon enfance a été bercée par les histoires de Père, du genre "il était une fois une cycloïde qui s'apercevait qu'elle était un cône" alors le ruban de Moëbius, ce truc qui n'a qu'une seule face à la fois intérieure et extérieure... J'eus un flash.
— Gal, tu veux dire...
— Que tu n'es pas enfermée, finalement, dans cette satanée bouteille. Tu es juste dans un des topos du monde et tu refuses d'en bouger parceque tu crois être dans une bouteille.
— Mais alors...
— Cette bouteille n'est pas fermée. Interieur et extérieur sont une seule et même chose. Si tu te déplaces assez loin dans l'espace et suffisamment longtemps dans le temps, tu parviens... où tu veux aller ! Viens, nous allons prendre le train. D'ailleurs c'est l'heure, il arrive.
Ça c'était bien Gal, à dire des choses simples et évidentes. Un train en effet arrivait. La voie de chemin de fer était tellement basse que je ne l'avais pas vue. La fumée, le bruit de la chaudière et des freins firent s'enfuir un troupeau de chameaux qui broutait sur le talus.
— Nous sommes au Sahara ?
— Comme tu es drôle ma louloute ! Tu n'as pas changé. Au Sahara, en Arabie on trouve des dromadaires. Ici ce sont des chameaux. Nous sommes au Baloutchistan, dans l'Empire des Indes !
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