Les maîtres sont encore partis. Qu'à cela ne tienne, je décide d'aller prendre un bain de soleil dehors. Je vais voir ce qui se passe à côté. Ma place favorite est bien ensoleillée. Un, deux, trois, hop. Un saut sur la poubelle. Un, deux, trois, hop. Un saut sur la branche du pommier. Un, deux, trois, hop. Un saut sur le muret. Parfait. Je m'étire avant de poser mon séant. Il ne se passe rien. C'est le silence. C'est agréable. Je me prélasse sur les pierres chaudes. Je ferme les yeux pour apprécier encore plus les rayons du soleil mais ma quiétude s'estompe quand la jeune fille qui habite dans la maison voisine fait son apparition dans le jardin.
Elle porte un grand objet carré coloré qu'elle installe par terre. Elle fait ensuite de grandes enjambées en marmonnant je ne sais quoi. Je la vois se saisir d'une chose qui a un grand fil. Il ressemble à celui que je mâchouille quand la maîtresse range mal ses pelotes de laine. Puis, elle prend un bâton très fin. Il me rappelle celui du maître qu'il aime gigoter devant moi et où est accrochée une fausse souris. Enfin, la fille propulse le bout de bois au moyen de cette chose au fil tendu et se plante dans l'objet carré. Elle recommence plusieurs fois et j'observe avec curiosité cette activité.
Soudain, un petit garçon arrive en courant et en criant dans le jardin. La jeune fille, sous l'effet de la peur, sursaute et dévie sa trajectoire. Elle tire dans ma direction. Le projectile passe juste au-dessus de ma tête. Il vient se ficher dans une pomme dans l'arbre qui se trouve derrière moi. Totalement paniqué, je m'enfuis prestement pour me mettre à l'abri. Tout compte fait, les murs de la maison ne sont plus sûrs.