Chapitre 8

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Paul était souvent impatient comme un enfant. Alors, le lendemain il revenait donc à la charge et me demandait si j'avais des nouvelles, de Laura. Il insistait même pour que j'envoie de nouveau un message. Il prétextait qu'une absence de réponse pouvait lui laisser encore un espoir. Mais j'avoue que je n'étais pas trop chaude pour me ridiculiser de nouveau.

Par contre il me sembla, que m'excuser auprès de Laura, pour ce message un peu fou, pouvais être une bonne idée. Même si je ne parlais pas à Paul de mon intention. Avec un peu de chance cela lancerait la discussion et j'aurais en bonus une réponse.

« Laura, excuse-moi pour le message d'hier, j'avais un peu trop bu, je crois ☺ »

« Non t'inquiètes, c'est vrai qu'il a l'air sympa, mais je ne suis pas disposée à faire des rencontres pour le moment. », me répondit-elle dans la foulée.

Paul serait déçu !

Il ne me le dit pas clairement, tout de suite, mais peut-être que Laura représentait un dernier espoir, dont il avait besoin. Son choix de vie avait été imposé, par une fille qui l'avait abandonné. Il était loin de chez lui et le métier qu'il avait accepté était sous-qualifié, bien que bien payé. Il s'ennuyait donc au travail, et même s'il enchaînait les conquêtes, aucune relation durable ne voyait le jour. Il s'était sûrement imaginé plus jeune, à son âge : casé, commençant à faire des projets de maison, voire même de famille.

Après cet épisode, la fréquence de nos messages diminua. Peut-être que Paul m'avait utilisé, en fin de compte !

Le jeudi qui suivit (veille de l'anniversaire de Paul), nous avions organisé avec des collègues du bureau une sortie après le travail. Une scène avait été installée au centre-ville pour l'été, et chaque fin de semaine, des concerts y étaient organisés. Des bars étant à proximité de cet endroit, il était possible de profiter de la musique, tout en y buvant un verre. Je retrouvais donc Paul et mes collègues, après avoir déposé mes filles, à leur entraînement. Il faisait beau, le lieu était très agréable et nous avons passé une bonne soirée. Une amie de Paul nous a rejoints un peu plus tard. À minuit, nous étions encore attablés, mais Paul était à quelques mètres de moi en train de discuter avec son amie (très jolie, il faut l'avouer). Dès que l'horloge affichât 0:00 j'envoyais un « bon anniversaire » par SMS à Paul. Il répondu tout de suite « Tu es la première, merci Beaucoup ☺ ». Peu de temps après il partit et en passant derrière moi, il me mit la main sur l'épaule et me dit « encore merci » avec un sourire complice.

Quelques dizaines de minutes après, il m'envoyait « fais attention, sur le retour ☺ ».

L’idée du sous-bock était tombée à l'eau, en même temps que le refus de Laura, mais j'avais tout de même envie de lui faire un cadeau. Je choisis de lui offrir un simple CD, d'un artiste que je voulais lui faire découvrir, car la musique me touche et Paul l'aimait aussi beaucoup. Mais nos échanges restant plus rares, je finis par me demander, si je ne serais pas ridicule avec mon présent.

Un soir, alors que je partais du bureau, je le croisais discutant avec d'autres collègues.

— Si je pars, je vais te manquer, dit-il avec un petit air taquin.

— Me manquer ?... toi ?... je crois que je m'en remettrais, dis-je par fierté.

Bien évidemment, petit con. Je serais dévastée et triste !! pensai-je.

« Pourquoi veux-tu absolument entendre que tu vas me manquer. Serait-ce un manque de confiance en toi ? », lui écrivais-je juste avant de monter dans ma voiture.

« Sûrement »

Nous en avons profité pour échanger sur ces problèmes de boulot et sur le fait qu'il pensait qu'il était temps qu'il parte. Ce soir-là, je compris qu'il n'allait pas très bien et qu'il était en proie à beaucoup d'interrogations.

« Au fait, j'ai toujours un cadeau d'anniversaire pour toi, peut-être que ça pourrait te remonter le moral. », lui propos ai-je.

« C'est vrai ? C'est super gentil ! »

« Je te le donnerai demain soir, si tu es sage »

« Vivement alors !
Et pour info, je le suis souvent ! »

Un nouveau jeudi et un nouveau moment de détente après le boulot, à écouter de la musique et en buvant une bière. Il y avait Paul, Adèle et d'autres collègues. Le soleil était encore au rendez-vous et la chaleur aussi. Dans mon sac attendait le cadeau de Paul, que je ne voulais pas lui donner devant tout le monde, bien évidemment. J'étais assise à côté de lui, détendue et divinement bien. À la fin du concert, nous avons décidé de rejoindre d'autres collègues qui étaient dans un autre quartier, dans un autre bar. Là, seule avec lui, je pus enfin lui donner le CD. Je ne l'avais pas emballé, pour que cela n'ait pas l'air d'être trop intime. Il y avait une forme de maladresse, dans ce moment, mais beaucoup de bonheur au fond.

Quelques minutes plus tard, nous sommes donc arrivés à la terrasse d'un bar du centre-ville.

Nous étions en train de discuter avec Paul et Adèle, qui était arrivée quelques minutes après nous, quand Paul prit un air catastrophé. A à peine cinq chaises de nous, venait d'arriver son ex petite amie. Il essayait de prendre un air détaché, mais sa présence le mettait mal à l'aise. Si Paul n'avait pas fait cette rencontre, il serait sûrement resté beaucoup plus tard, mais malheureusement elle était là, à quelques mètres de nous. Je me souviens du regard de Paul. Il semblait appelé au secours, comme s'il avait besoin de parler ou d'être réconforté. Il résista quand même plus d'une heure, en nous laissant même l’illusion d'avoir oublié cette présence douloureuse et de passer une bonne soirée. Nous rigolions et moi de manière démonstrative. Allant jusqu'à me cacher le visage sur la table entre mes bras croisés, j'ai senti une main caresser mon bras. Mais le temps que je me redresse la main avait disparu. Était-ce Paul ? Le mystère reste entier, encore à ce jour.

À vingt-deux heures trente, il nous quitta, pour entrer chez lui.

« Il va vraiment falloir que je parte, Elisa », m'envoyait-il, après quelques minutes.

« Tant pis pour toi »

« Merci encore pour le cadeau »

Mais même loin de moi, au milieu de mes collègues, je ne pensais qu'à lui et il me manquait. J'échangeais avec lui quelques SMS, histoire de lui remonter le moral.

« J'allais te dire que tu pouvais dormir à l'appart, si tu voulais ☺ », me dit-il, à ma plus grande surprise.

« Je ne dors jamais »

« Dommage »

« Aurais-tu besoin d'affection »

« Toujours »

Nous avons continué notre discussion. Moi essayant de le motiver pour qu'il nous rejoigne. Et lui au calme chez lui en train de boire une dernière bière.

À bien y réfléchir, j'aurais dû lui offrir une oreille attentive. Mais j'ai pris notre discussion avec insouciance, sans prendre conscience qu'il avait peut-être besoin de se confier à moi. Et puis j'avais très peur d'aller chez lui.

Avait-il attendu que je change d'avis et que je vienne ?

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