Chapitre 11
Enfin de retour au travail. Enfin revoir Paul ! Même si j'avais failli retarder mon retour, de deux semaines, à cause de mon interdiction de conduire. Mais j'avais trouvé un arrangement avec mon responsable, pour ne pas prolonger mon arrêt.
Rien n'avait changé, Paul était toujours taquin, il tentait même de me taper comme un enfant dans une cour d'école.
« J'ai dû être vraiment méchante, pour que tu veuilles me taper à deux reprises ;) », écrivis-je.
« Je n'en vois qu'une.
Peut-être que tu nous as manqués »
« C'est gentil, mais ce n'est pas ma faute »
« C'est sûr ! »
« En plus, j'aurais très facilement pu faire deux semaines de rab, donc en fait, je suis très gentille »
« C'est parce qu'on te manque ça »
« Non c'est pour que TU ne souffres pas trop »
Même si c'était avec humour, il me disait, en quelque sorte, que je lui avais manqué, à tel point qu'il pouvait m'en vouloir de l'avoir abandonné. Enfin, j'avais envie de la traduire comme ça.
Cette première semaine professionnelle devait se clore par une soirée, organisée pour le départ d'Adèle et un stagiaire prénommé, Mathieu. Comme je ne pouvais pas conduire, il était prévu que le jeudi soir, je dorme chez elle.
C'était la pause déjeuner et comme chaque midi, nous en profitions pour nous regrouper, entre collègues, pour discuter.
— Pour jeudi, on ira boire un coup chez moi après, dit Paul. J'ai une super bouteille de rhum.
— Ça va être dur vendredi matin, commenta Adèle.
— Vous allez dormir où ? demanda-t-il.
— C'est Adèle qui a proposé de m'accueillir, répondis-je.
— Mathieu et Aurélien vont dormir chez moi, mais, s'il faut, je peux encore accueillir du monde.
Pendant la semaine, Paul insista de nouveau pour nous reparler qu'il pouvait loger du monde. Son entêtement me donnait parfois l'impression qu'il espérait peut-être quelque chose. Mais peut-être comprenais-je ce que j'avais envie d'entendre.
Nous étions enfin jeudi. Adèle avait prévu un fut de bière, mais celle-ci était très forte et rapidement presque toute l'assemblée fut bien éméchée. Nous passions une très bonne soirée à discuter, rire et écouter de la musique. Comme Paul, durant les derniers mois, avait parlé à plusieurs reprises de faire un trek dans les Vosges, nous avons émis l'idée d'en faire un, mi-octobre, avec Paul, Adèle, Mathieu et moi-même. Même si je venais de me faire opérer, j'avais l'impression que je pouvais tout à fait faire de la marche et surtout, j'en avais très envie. Je craignais plutôt pour les autres, qui avaient fait des projets de viande saoule et oublieraient notre discussion, dès la soirée finie. Nous avons eu aussi d'autres discussions, Paul me racontant même des choses très intimes sur sa sexualité.
Vers minuit, le bar ferma et comme prévu, nous fûmes six à aller boire un dernier verre chez Paul. Tout le monde marchait d'un bon pas et j'avais du mal à suivre avec mon genou encore fragilisé par l'opération.
En arrivant, Paul prépara à manger, car, même s'il était très tard, nous n'avions pas vraiment fait de repas. Ces quelques pâtes me firent beaucoup de bien et presque immédiatement, je sentis mon état d'ébriété retomber. Je ne pris donc pas part à la dégustation de rhum.
— Bon, il est tard, je vais rentrer, dit Adèle.
— Tu peux rester ici si tu veux, dit Paul.
— Non, je préfère rentrer maintenant.
— Tu habites loin d'ici ? demandai-je.
— Je pense qu'il y en a pour vingt bonnes minutes.
— Ça va être compliqué pour mon genou, surtout que je ne marche pas vite. J'ai d'ailleurs encore un peu mal.
— Comme tu veux.
— On te trouvera une place si tu veux, dit Paul.
Mathieu dormait déjà dans le canapé et j'optais donc pour le lit et m'y glissais en short et tee-shirt, sans savoir ce qu'allaient faire Paul et Aurélien, qui était allé se changer. Paul, qui était bien éméché, se mit en caleçon. La musique tournait encore et il se mit à danser et se trémousser. On aurait dit la parade d'un jeune coq. Aurélien, qui était parti se changer, vint dans le lit pour s'y coucher.
— Alors je dors où, demanda Paul.
— Le canapé semble être une bonne solution, dis-je, même si je pensais que collé contre moi, était une solution qui me convenait parfaitement.
— C'est pas, faux dit Aurélien, mais tu fais ce que tu veux.
Il éteignit la lumière. J'écoutais ses pas, sans savoir où son choix allait l'amener. Je sentis les draps se soulever et Paul se glisser contre moi. Mon cœur battait à tout rompre. Je lui laissais un peu de place, même si je ne pouvais pas m'éloigner trop de lui. J'étais au milieu du lit avec deux hommes de part et d'autre et surtout tout contre Paul. À peine arrivé sous les draps, il vient contre moi et glissa sa main autour de ma taille. Il commença ensuite à me caresser doucement. Tout ce que j'avais ressenti, n'était pas qu'illusion. Enfin, Paul me prenait dans ces bras. Sa main cherchait à passer sous mon tee-shirt, mais celui-ci était bien fixé sous mon short. Il finit donc par mettre la main sur mon sein, mais à travers mes vêtements. Ma main caressait son bras, avec le plus de délicatesse possible. Je sentais sa respiration contre ma peau et s'il n'avait pas fait aussi chaud, ce moment aurait pu durer une éternité. Je sentis, à sa respiration, qu'il s'apaisait et s'endormait. Mais pour moi, l'émotion et la Chaleur m'empêchait de trouver le sommeil, tant le corps de Paul était brûlant.
Au bout de plusieurs heures, je décidais de m'échapper de son étreinte, pour me glisser au-dessus de la couette. Je ne dormais sûrement pas depuis longtemps, quand le réveil sonna. Mon collègue se leva pour aller se doucher. La place à côté de moi se libérant, je m’éloignai. Mais aussitôt, il revient contre moi, pour me reprendre dans ces bras. Il faisait plus frais dans la chambre et ce moment était parfait. L'alcool ne faisait plus effet et ne lui donnait plus de prétexte pour me câliner. J'étais dans les bras que je désirais plus que tout et ils avaient choisi de m'étreindre moi. Nous sommes restés là de longues minutes, nos respirations à l'unisson.
— Que faites-vous tous les deux ? demanda Aurélien en revenant de la salle de bain.
Paul s'écarta vite de moi et se leva.
J'étais sur un nuage, sans vraiment penser aux conséquences. Mais nous étions prêts maintenant et il était temps d'aller au boulot.
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