Chapitre 18
Paul était parti dans les Vosges où il m'envoyait un Snap à son arrivée.
« Bouge pas, j'arrive ☺ », lui écrivai-je.
Il n'y avait qu'un seul endroit où j'aurais voulu être, mais mon genou m'en empêchait et je voulais juste qu'il le comprenne. En plus, il prévoyait une météo parfaite, même si nous étions au mois d'octobre. Il pourrait donc profiter à fond des paysages, de l'air pur, du silence...
Avait-il pensé à notre discussion ?
Moi, j'y pensais tout le temps.
À son retour, Paul nous raconta son séjour. Il semblait aux anges. Il avait vu des paysages exceptionnels et ses photos en étaient la preuve.
Il était parti pour réfléchir et c'était à mon tour. À la fin de la semaine, je devais partir pour deux semaines. Comme à chaque Vacance, Paul allait me manquer. En plus, je lui avais fait un pari débile. Je ne devais pas lui envoyer un seul message pendant toutes mes vacances. Et le pire, c'est que c'était mon idée. Mais j'avais souvent l'impression de lui envoyer trop de messages, alors, en fin de compte, ce pari était un cadeau.
Mon départ allait coïncider aussi avec celui d'Adèle. L'absence de Paul et le départ d'Adèle me laissaient une sensation de fatigue. J'avais toujours été une femme avec peu d'amis, mais chacune des personnes à qui je m'étais attachée avait fini par partir.
J'éprouvais vraiment besoin de ne pas rentrer immédiatement chez moi. Ce soir, je partais en vacances. Adèle était en plein préparatifs de son déménagement et n'était pas disponible. Et Paul, bien qu'il n'ait rien de prévu, déclinât l'invitation.
J'avais besoin de Paul et au fond, j'étais en colère contre lui.
Sans grande envie, je prenais le volant direction ma maison.
Ces vacances allaient être l'occasion de m'octroyer le temps de dessiner. C'était grâce à Paul que je m'étais remise au dessin. Il était comme une muse, même si je ne le dessinais pas, il était dans mes pensées à chacune de lignes que je posais sur le papier.
J'avais aussi décidé de partir quelques jours au bord de la mer, sur la plage de mon enfance. Je devais y aller seule, car Florian travaillerait et les filles avaient un stage sportif d'organisé. Mais tout ceci m'arrangeait en fin de compte.
J'avais besoin de réfléchir, mais mon cœur romantique imaginait que Paul me ferait la surprise folle de venir me faire un coucou. Nous aurions marché sur la plage, je l'aurais invité au restaurant et nous aurions discuté encore et encore. Avant mon départ, j'avais activé ma localisation sur Snapchat, pour donner un peu de réalité à mon imaginaire. Depuis mon enfance, j'adorais m'inventer des histoires quand j'allais me coucher. Mais cela ne pouvait fonctionner que s'il y avait une possibilité, un espoir, si infime soit-il.
J'avais réservé, pour trois nuits, le rez-de-chaussée d'une maison située à cinq cents mètres de la plage de Berck. J'aimais les vastes plages de cette commune de bord de mer. Je pourrais marcher calmement le long de la plage, sentir le vent dans mes cheveux, regarder les cerfs-volants et les chars à voile. Le soir, j'avais prévu mon matériel de dessin et de la musique. Un moment propice à la réflexion et l'apaisement.
Le premier soir, mon mari, qui était seul à la maison, m'envoya des messages, pour me dire que je lui manquais. Et bien que la solitude ne me pesait pas, je proposais à Florian de prendre le train le lendemain soir et de me rejoindre. Je n'avais jamais encore parlé avec lui de mes interrogations, mais il devait sentir que quelque chose n'allait pas. Il fallait donc que je le rassure. Je lui avais dit de prendre un train à la sortie du travail, pour que je vienne le récupérer en voiture à une gare située à quinze kilomètres de mon logement de vacance.
Comme convenu, j'étais là sur le parking à l'attendre. Nous avons passé deux jours ensemble, à nous promener sur la plage, profiter aussi du marché, qui était à deux pas et faire quelques repas au restaurant. J’eus l'idée aussi de prolonger notre séjour en réservant une nuit d'hôtel. Florian avait toujours adoré ce genre de lieu, qui avait eu par le passé un effet aphrodisiaque sur moi.
Mais il ne le savait pas, depuis plusieurs mois, j'imaginais qu'un autre homme me faisait l'amour. Pour Florian il y avait un avantage, j'étais beaucoup plus appliqué à la tâche et surtout je me laissais beaucoup plus aller, pendant nos rapports sexuels. Pourtant, petit à petit, quand nous terminions de faire l'amour, quand l'explosion de l'orgasme s'emparait de moi, la chute qui s'en suivait, laissait place à une forme de chagrin qui montait dans ma poitrine et me submergeait. Car Paul, que j'avais imaginé tout contre moi, s'évaporait et laissait place à la réalité.
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