Chapitre 29
Je partirais donc en vacances, en ayant tout gâché. Ai-je eu cette soudaine et subite envie de lui faire un cadeau pour Noël, pour me faire pardonner ? Non, je ne pense pas. J'y pensais depuis quelque temps déjà.
Depuis mes six ans, l'âge où j'avais appris la réalité sur le père Noël, je faisais des cadeaux à mes parents et mes frères et sœurs. Par la suite à tous mes neveux, mon mari et mes enfants, bien évidemment. J'aimais vraiment ça, et je prenais toujours soin de les choisir minutieusement, surtout pour les gens qui comptaient le plus. Ils devaient être un peu originaux, mais surtout plaisants. Il fallait pour cela se mettre à la place de la personne et la comprendre.
Le vendredi midi, donc, au lieu de rentrer directement, je choisis de passer dans quelques boutiques, espérant trouver un bracelet pour Paul. La difficulté était que j'avais une image très précise de ce que je voulais, sans pour autant que le montant de celui-ci ne soit pas trop important. Non, que mes finances ne les permettent, mais il me semblait raisonnable de ne pas dépasser un certain montant. Histoire de ne pas le mettre mal à l'aise.
Je n'avais même pas encore réfléchi à la manière dont j'allais lui offrir et peut-être faisais-je les choses complètement dans le désordre. Mais ceci me ressemblait : agir et réfléchir après.
Dans les boutiques, il y avait en avait un certain nombre à grosses perles, comme ceux qu'il avait l'habitude de mettre. Était-ce vraiment opportun de prendre un identique ? En tout cas, ce n'était pas mon point de vue. Je voulais un bracelet en cuir noir, délicatement souligné par du métal. Il devait être plus sophistiqué que ce que je l'avais déjà vu porter, mais quand même moderne et jeune. La deuxième difficulté était celle de la taille. De mémoire, ses poignets me semblaient petits. Il me fallut donc trouver le bon compromis entre toutes ces contraintes. Après donc plusieurs boutiques, je trouvais enfin ce que je cherchais et rentrais chez moi satisfaite.
Maintenant que j'avais le cadeau, il me fallait trouver une solution pour lui donner. Au vu de mes dernières lourdeurs, l'anonymat me serait sûrement très utile. Le courrier n'était donc pas possible, car il serait nécessaire de mettre le destinataire sur le colis. Et attendre de nous revoir était aussi trop risqué. Mais j'eus subitement une idée. Pendant la période des congés et plus précisément le vingt-quatre décembre, le bureau serait sûrement vide. Et si l'éventualité qu'un de mes collègues travaille quand même, ce jour si particulier, durant la pause déjeuner, je ferai baisser les statistiques à un petit deux pourcents.
Nous avions pour habitude de mettre, chaque année, un sapin de Noël dans le bureau et celui-ci était juste à côté de Paul. D'ailleurs, le matin, en arrivant, c'était lui qui en allumait les guirlandes. Je déposerais donc à cet endroit précis, mon paquet. Il me fallait juste m'organiser pour réaliser mon plan en prétendant un shopping de dernières minutes.
Je dus cependant m'adapter, car mes filles aussi avaient besoin de faire quelques cadeaux. Le matin, fut consacré à faire les boutiques et avant d'aller manger, je fis un petit détour.
— J'ai besoin de déposer un truc à mon bureau et après on file au restaurant, dis-je avant de sortir.
— C'est quoi ?
- Rien d'important, mais il ne faut pas que j'oublie, c'est tout.
Pour éviter de continuer la discussion, je fermais la portière sans faire attention aux autres remarques de mes filles.
Avec un peu d'appréhension, quand même, je prenais l'ascenseur. Le bureau était effectivement vide. Je déposais donc mon cadeau, sous le sapin, pas trop en évidence, mais près de l'interrupteur, pour que Paul ne puisse pas le manquer. Sur le Paquet, était noté son prénom et au dos « De la part du Père Noël ».
En remontant dans la voiture, je reparlais immédiatement de notre repas, pour éviter certaines questions, ce qui marcha. J'étais satisfaite. Tout s'était parfaitement déroulé et le deux janvier, Paul, je l'espérais, découvrirais son présent.
Il n'avait pas donné de nouvelles depuis une semaine, ce qui m'avait semblé être une éternité. Je n'avais même pas eu le droit à un joyeux Noël, mais, moi-même, je n'avais pas profité du vingt-cinq décembre pour le faire. Je préférais le laisser tranquille.
Heureusement, il finit par me faire un petit coucou et nous réprime quelques banalités de Noël.
Bien sûr, pour le jour de l'an, à minuit pile, je lui envoyais une bonne année, à laquelle il répondait.
Demain, serait le grand jour. Allait-il comprendre qu'il était de moi ? Oserait-il m'envoyer un message ?
En tout cas, j'étais impatiente et légèrement fébrile.
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