Chapitre 49
Mais la vie n’avait pas décidé de me laisser tranquille. La révolution grondait au bureau et malheureusement, j’avais des fonctions de représentante du personnel. Je me retrouvais donc contrainte, en plus de mes problèmes personnels, de régler ceux de mes collègues. Même si momentanément mon esprit était monopolisé par autre chose que ma relation avec Paul, cela m’épuisait nerveusement. Je devais faire le lien entre mes collègues et la direction de mon entreprise.
Bizarrement, je n’avais jamais eu autant besoin que l’on s’occupe de moi et en échange, je devais m’oublier encore et encore.
En plus, je pouvais observer que Paul ne voyait pas d’un bon œil, tout ce remue-ménage.
Mais je ne pouvais pas dire non, je ne savais pas dire non.
Et puis étonnamment toute cette agitation, nous permis de rediscuter et de débattre comme avant. Sans sous-entendu, sans méchanceté. Juste deux personnes qui échangent leur point de vue. Je retrouvais le plaisir de parler avec lui, comme un an auparavant.
Peut-être était-ce le bon moment pour effacer quelques-unes de nos discordes. Paul, il y a trois mois m’avait bloqué sur Snapchat et symboliquement, c’était pour moi une blessure. Il ne me pardonnait pas et je ne le supportais pas.
Je pris donc mon courage à deux mains pour lui demander s’il acceptait que nous soyons de nouveau amis sur Snapchat et pour mon plus grand plaisir, il accepta. Mais l’historique de notre relation était lourd et au fond tout n’était pas pardonné et Paul restait distant.
J’étais comme un lapin apeuré par les phares d’une voiture, essayant d’échapper à l’effroyable fracas de son départ. Je tentais tout et n’importe quoi pour retrouver une dernière fois le Paul que j’avais côtoyé l’été d’avant. Je m’étais convaincu que je n’arriverais à survivre à son départ qu’a cette unique condition. Mais pour Paul, il me semblait qu’au contraire, il voulait mettre dès maintenant de la distance, physique et morale. De temps en temps, il acceptait quand même quelques-unes de mes demandes, ce qui maintenait quelques lueurs d’espoir dans mon esprit.
Comme Paul avait déjà programmé sa soirée d’adieu et qu’il était de coutume de faire un cadeau dans ces moments-là, je proposais à Paul : « As-tu conscience que j’aurais beaucoup de mal à te laisser partir, sans te faire un cadeau personnel ☺ ? Et comme c’est grâce à toi que je me suis remise au dessin, j’aimerais en faire un pour toi. Donc soit, tu n’y tiens pas et donc tant pis pour moi. Soit, tu acceptes et j’aimerais que tu me dises lequel de mes dessins tu préfères, que je puisse m’en inspirer. »
« Ah ça, c’est gentil ☺. Alors oui »
« Tous mes dessins sont sur Instagram, donc tu peux me dire celui que tu préfères. »
« J’irais voir ça alors ».
Comme à son habitude Paul prit son temps pour se décider. Alors pour le presser un peu, je lui déposais sur son bureau ma pochette à dessin et le soir après le départ de mes autres collègues, je venais lui demander son choix. Il avait bien fait son travail, en sélectionnant ses trois dessins préférés. Dans sa sélection, il y en avait un que j’avais fait pendant mes vacances au ski. On y voyait une femme nue avec une grande chevelure qui cachait son visage et la moitié de son corps. Pour ce dessin, j’avais utilisé, comme modèle, l’une des photos coquines que j’avais prise pour Paul. Je lui avais d’ailleurs envoyé un Snap de mon œuvre, juste après l’avoir fini en lui disant que ce dessin était plus intime et personnel que les autres.
Alors j’étais contente qu’il fasse parti de sa sélection, même si j’avais décidé d’utiliser un autre comme inspiration.
« Le troisième dessin que tu as choisi m’a rappelé la photo (la toute première), que j’avais faite pour toi. Et pourtant, je ne te l’ai jamais envoyé. Comme elle t’appartient en quelque sorte, je corrige !
Amicalement »
« Vraiment pas mal »
« J’adorais ce jeu, malheureusement mon adversaire a quitté la partie ☺ »
Et puis il met venu une idée le lendemain.
« Paul, que dirais tu de : Chaque jour, tu choisis dans la liste ci-dessous ce qui te fait le plus envie.
Le compliment pour amis gentils,
Le Snap pour amis discret,
La photo pour amis joueurs,
La vidéo pour amis coquins,
L’écriture pour amis lecteurs,
Les caresses pour amis complices. »
« Photo ou vidéo ☺ »
« Pour aujourd’hui, ce sera vidéo »
« Parfait »
La vidéo que j’avais choisie n’était pas vraiment une nouveauté, car je lui avais envoyé en photo sa petite sœur. C’était mon sein que je dévoilais en soulevant mon tee-shirt, lors d’une mes siestes dominicales.
« Je ne l’ai pas déjà eu celle-ci ? »
« Non, c’était une photo. Demain : autre commande… autre livraison ☺ »
Comme à son habitude, Paul enregistra cette vidéo et j’adorais ça.
Le lendemain bien sûr Paul ne réclamait rien. Mais je n’arrivais pas à contenir mon impatience.
« Il fait chaud ! Tu veux une photo ? »
« Si tu veux »
Je lui envoyais donc une photo de mon verre d’eau.
« Déception », me répondit-il ?
« Si tu veux plus, le principe, c’est : tu réclames… j’obéis… »
« Alors je réclame… »
« Que veux-tu ? »
« Ce que tu veux… »
« Ce qui est érotique, c’est de ne pas choisir »
« Alors tes seins »
Je l’avais pris à mon bureau le midi même, en attendant que Paul passe sa commande. Je trouvais très excitant que l’on voit d'où elle avait été prise.
« Mmh ☺
Pas mal, pas mal !!
C’était aujourd’hui ? »
« Oui et ce soir, tu auras le temps de réfléchir à ta prochaine commande et moi, je peux préparer des trucs ce soir »
« Autant que tu veux ☺ »
Mais malheureusement, ce nouveau jeu tomba à l’eau. Paul ne réclama même pas un compliment. Forcément, je lançais quelques hameçons, mais Paul prenait soin de ne pas y répondre. J’avais conscience que j’insistais trop, mais l’angoisse du départ de Paul me faisait dire et faire n’importe quoi.
Alors, pour me calmer, le soir, je m’appliquais sur le dessin de Paul. Et puis quand je l’eus fini, je décidais d’y mettre au dos une dédicace.
« Pour ton dessin, quand voudrais-tu que je te l’offre ? »
« Quand tu veux »
« Si c’est quand je veux, ça sera dans ton bar devant une bière »
« Non ! »
Il fallait donc que je trouve un autre moment, un tant soit peu intime, car je ne voulais pas lui donner devant mes collègues.
J’attendrais son anniversaire et d’ici là, je trouverais le bon moment.
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