Tout simplement

3 minutes de lecture

J’avais fini ma journée et me préparai à rentrer chez moi pour manger un morceau. Aucun des travailleurs automates n’avait causé de problème. Pour une fois, j’avais coché toutes les cases de ma check-list. Je venais d’accomplir l’une de mes deux demi-journées d’Action Solidaire qui consistait à contrôler les automates intelligents de plusieurs usines.

J’avais choisi les activités technologiques des Actions Solidaires. Je m’en sortais plutôt bien. Mon grand-père et mon père, tous deux des roboticiens à la retraite, m’avaient transmis leur passion pour la programmation des machines. Grâce à eux, j’avais réussi tous les tests avec succès. À côté des Actions Solidaires qui remplissaient la moitié de mon temps, j’œuvrais dans l’informatique le reste de la semaine. Je travaillais pour une entreprise qui fournissait des intelligences artificielles de toute dernière génération, capables de contrôler leurs congénères et de s’autoréguler.

Le monde avançait vite, il courait. Cela ne me dérangeait pas. Toutes ces évolutions avaient contribué à l’amélioration de notre quotidien actuel, le pourcentage de gens heureux n’avait jamais été aussi élevé dans notre pays. Quand je repensais à la vie de mon grand-père, je le plaignais tant. Aujourd’hui, pour un salaire égal, nous travaillions deux fois moins et consacrions tous nos après-midis à nos loisirs personnels. Nous avions enfin le temps de nous occuper de nos proches et de profiter de la vie.

Fonctionner ainsi me semblait si naturel. Je ne comprenais pas comment les populations d’antan avaient pu contribuer à leur accomplissement personnel, surtout si elles n’avaient pas disposé de temps pour cela. L’Homme, loin d’être éternel, ne possédait qu’une vie. Le plus important devait consister à en jouir un maximum et non à se tuer à la tâche pour des personnes qui n’en valaient pas la peine, qui se fichaient de l’amélioration des conditions de vie ou de la contribution au système. Les pensées individualistes n’avaient pas disparu pour autant, mais le partage, la communauté et l’entraide n’avaient pas connu pareille gloire depuis… bonne question.

Il fallait croire qu’il avait suffi de donner une chance au bonheur des Hommes pour qu’ils déversent sur le monde tout ce qu’ils possédaient de meilleur, pour que leur bonté reprît ses droits. Évidemment, tout n’était pas parfait dans le meilleur des mondes. Le crime, la corruption et le pouvoir composaient inlassablement les faiblesses de notre genre. Nous en étions conscients et essayions de nous améliorer.

Le changement ne s’était pas fait sans heurts ; les traces des révoltes et des massacres se discernaient encore dans certains quartiers de la ville. Le peuple s’était levé contre un pouvoir avide d’argent, oublieux de son humanité et de son cœur qui se tuaient à petit feu, pris au piège par le travail, cet esclavagisme moderne qui n’avait apporté ni respect, ni reconnaissance, ni bonheur. Le travail n’avait maintenant plus la même signification. Je me levais toujours d’un bon pied pour me rendre à mon poste. Mon grand-père m’enviait et m’ordonnait de profiter. Ses tâches l’avaient brisé. Sa retraite, commencée alors qu’il n’avait déjà plus la santé, ne lui rendrait jamais toutes ces années perdues. La plupart des métiers pénibles s’étaient vu remplacer par des machines, dont la qualité des soins et des efforts ne déméritait pas et s’améliorait constamment.

Assise confortablement dans ma petite voiture intelligente et non polluante, j’approchai de ma maison douillette, contente d’avoir terminé mes quatre heures de travail. Des enfants s’amusaient sur leurs engins à lévitation, des familles se dirigeaient gaiement vers la plage. Le soleil brillait fort et nous arrosait de ses rayons ardents. La mairie avait heureusement installé des rafraîchisseurs d’air dans chaque habitation. Le trajet de trois quarts d’heure commençait à me peser, mais nous ne pouvions pas nous abonner aux Transports Rapides, étant donné toutes nos activités qui lestaient bien assez notre compte en banque. Dans quelques années, ce réseau innovant coûterait moins cher et serait accessible à la quasi-totalité des tranches de la société. Notre quotidien ne serait plus le même.

À suivre...

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 4 versions.

Vous aimez lire C. Garcia - Auteur ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0