Un rêve éveillé, pendant l'aube
Le soleil commençait à se parer de teintes dorées à l'instant où je sortais de mon lit dont les draps ne furent plus empreintes de la chaleur de mon épouse depuis la naissance de notre fille.
C'était une condition que la reine du Havre des fées, adulée de beaucoup et crainte de tout autant de monde, avait énoncé lors de nos épousailles, une dizaine d'années de ça.
En tant que souverain consort, je n'avais pu qu'abdiquer. Après tout, notre mariage n'avait été que convenance. La famille ducale dont je suis issu versait dans la magie et, malheureusement, j'étais le sorcier le plus puissant.
Si le rayon de soleil qu'était notre princesse n'était pas venue au monde, j'aurais peut-être fui ce chateau dominé par les lianes végétales qui avaient fait jadis l'objet de mon émerveillement. Maintenant, j'avais l'impression d'être dans une prison.
Je déambulai dans le couloir une fois recouvert de ma robe de chambre et j'écoutai avec le ressenti amer des echos de gémissements provenant de la chambre de ma femme sans même me demander qui fut son, sa ou ses favoris cette fois-ci.
Je poussai un soupir las avant de reporter mon attention sur une scène digne d'être peinte avec le plus grand soin.
Le soleil illuminait les pailettes dorées de ses avants-bras,
Ses rayons réhaussaient le teint légèrement halé de sa peau.
Le rouge de ses longues boucles écarlates n'en étaient que plus flamboyantes.
Et ses yeux, ses yeux incandescents reflétèrent une grande tristesse quand son regard se posa sur moi.
Je tus cet envoutement tentant et secret pour redevenir le roi. "Comment va ma fille?, demandai-je à la marraine.
- Toujours sous le tutorat de mes soeurs, me répondit la jeune femme en fixant de nouveau l'aube, je suis désolée de ne rien pouvoir faire de plus."
Sa voix se muait presqu'en sanglots et je me retins avec force de l'étreindre. Je la rassurai à la place :"C'est pour le bien du royaume." Bien que je n'y croyais guère.
Nous passons ensuite notre temps à admirer l'aube en silence.
Une douce aube pleine d'espoir.
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