Un pont
Un pont, tenu au silence des rives lointaines,
Accroché aux nuées de cet autre départ,
Et perdu à l'endroit qu'on nomme " nulle part ",
Un pont, pendu entre la montagne et la plaine.
La rivière en deçà s'écoule doucement,
Et les oiseaux posés sur ses cordes tendues
Dévorent de leurs yeux les insectes repus
De s'être tant nourris du miel de nos tourments.
Les arbres sont courbés à trop toucher la voûte,
Effleurant de leurs feuilles la fastidieuse fin
Qui, au gré d'une brise, empêchera " demain "
D'être ce jour de plus qui prolonge la route.
Le brouillard, suspendu, immobile, apparait,
Caressant de ses bras les planches vermoulues
De ce pont qui s'éloigne chaque fois un peu plus
Et finira enfin par n'être qu'un regret...
Qu'aucun de nous s'ignore et pardonne au suivant
D'avoir péché un jour mais d'en rester vivant,
Pour que celui qui part ne parte pas en vain,
Pour que celui qui reste ne reste pas pour rien.
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