Chapitre 13
L'homme me traîna en direction de la sortie je passai près des officiers qui m'observèrent en détail les uns après les autres, j'étais devenu la nouvelle source qui captait leur attention en plaçant le corps au second plan, en un instant je passai de l'ombre à la lumière. Il avait une poigne de fer, il me comprimait le bras très fort, j'eus l'impression d'être une simple proie, prisonnière entre ses griffes, d'une simple envie il aurait pu me broyer le bras, la largeur de ses épaules avait des proportions démesurées s'était une vraie armoire à glace, son regard étais synonyme de colère comme si ces émotions étaient directement retranscrites par ses yeux.
Pendant notre marche forcée, nous passions près du corps, je risquai un regard dans sa direction curieux de savoir si les deux vieilles sorcières ne m'avaient pas menti, il ne me fallut que quelque seconde pour reconnaître Doug. J'eus un frisson qui traversa toute la surface de mon corps ,mon regard se porta sur son visage plus précisément sur ses grands yeux d'un bleu qui noierait n'importe quelle fille qui aurait le malheur de croiser son regard. Il était à présent vide comme si toute énergie l'avait quitté, un sentiment de mal-être prit vie au creux de mon estomac. À la vue du couteau je fus parcouru par un sentiment d'horreur, cette scène qui se déroulait devant mes yeux était le reflet de notre triste réalité, froide, cruel d'une barbarie sans nom. Voilà ce que nous étions des « monstres » j'examinai avec minutie ce qui restait de mon grand-père par intérim, comme un enquêteur le ferait en arrivant sur la scène de crime, sans aucune émotion qui puisse venir altérer son jugement, uniquement accompagné d'un sentiment de dégoût qui me collait à la peau.
Je me remémorai tous les bons moments que nous partagions, toutes ces après-midi passées dans son bureau à philosopher parler de la vie, de la joie, de la tristesse et de tout ce qui faisait de nous des êtres humains, je me rendais compte aujourd'hui qu'il n'en restait rien. Je détournai le regard et découvris Annie en compagnie de deux officiers, une couverture sur le dos et le regard vide pointé en direction du sol. Je ne pouvais imaginer sa souffrance, elle devait être abattue, elle qui partageait sa vie depuis si longtemps qui le connaissait sous toutes ses coutures et qui avait vu ses différents visages au fil des années et sans jamais l'abandonner. J'idolâtrais leur relation leur amour infaillible, ils trouvaient chaque jour de nouvelles façons de s'aimer de se surprendre l'un l'autre, je les enviais beaucoup, leur histoire semblait être un conte de fées, loin de la dure réalité du monde actuel.
Dans un monde où l'égoïsme contrôle le monde ou le don de soi n'est plus qu'un mirage, celui-ci était de plus en plus hostile et horrible, la présence de son corps sans vie gisant sur ce sol en était la preuve. Tout en l'observant du coin de l'œil je continuais mon chemin, de toute manière je n'avais pas le choix, l'homme était bien décidé à me faire quitter les lieux...
Quand soudain l'inspecteur interpella le gorille et lui fit signe de s'arrêter, tout en trottinant il lui ordonna de me lâcher.
- Bonsoir, inspecteur j'ai trouvé ce petit vaurien en train de fouiner près de la scène de crime, je vais le foutre dehors.
Arrivé à notre niveau, il tapa sur l'épaule du policer en guise de relais :
- Merci, mais ce ne sera pas nécessaire, je me charge de la suite.
L'homme acquiesça et sans perdre un instant retourna à son poste.
L'inspecteur attendit quelques secondes que le policier ne soit plus à notre portée et me dit :
- Qu'est-ce que tu fais la mon petit gars ?
Je marmonnai quelques mots, tout en restant très vague sur mes motivations, omettant bon nombre des récents évènements.
Un bon point pour moi, ce triste évènement n'avait pas laissé le temps au shérif de m'interroger, je ne pouvais pas perdre de temps en explications, à chaque minute qui passait mes chances de revoir Anna s'amenuisait. Je ne devais pas oublier que sa vie était en jeu, et je ne savais toujours pas ce qui était arriver à Wendy et jack.
- J'étais à la recherche de mes amis, ils m'ont donné rendez-vous au village et en voyant tout cette agitation je n'ai pu m'en empêcher. J'étais simplement curieux, vous savez il ne se passe pas grand-chose dans ce village, tout ce remue-ménage m'intriguait, donc j'ai décidé de me faufiler jusqu'à vous pour savoir ce qu'il se tramait, dis-je en détournant le regard.
Ses prunelles grises me fixèrent avec insistance comme s'il me sondait jusqu'au plus profond de mon âme.
Il esquissa un sourire et répliqua :
-J'ai l'impression que tu ne me dis pas tout hein ? Quelle est la vraie raison de ta présence sur une scène de crime ? Tu pourrais très bien être lié de près ou de loin à cette affaire, dit-il en se triturant la moustache. Si tu me disais tout ici et maintenant tu t'éviterais bien des désagréments.
Il avait flairé l'arnaque, je n'étais pas de taille, il ne manquerait plus que je me fasse arrêter. Je devais lui en dire suffisamment pour qu'il me lâche la grappe, mais je devais surtout faire en sorte d'éviter de faire débarquer le shérif, avec lui je ne reverrais pas la lumière avant plusieurs jours et je n'aurais plus aucune chance de retrouver ma sœur.
Tout se mélangeait dans ma tête, devais-je lui parler de l'incendie, du kidnapping ? Sans oublier la poursuite dans la forêt dans laquelle il avait échappé à la mort ? Tout cela était trop lourd pour mes épaules, je devais me défaire de fardeau qui m'étouffait.
Je commençai à bafouiller à tenir un discours sans queue ni tête. Les évènements se mélangèrent les uns aux autres pendant que je lui racontais l'histoire en détail. Je fus pris de panique, les mots sortaient plus vite que ma pensée ne pouvait le permettre. Je n'avais plus le choix je devais tout lui raconter, de cette façon j'aurais sans doute plus de chance de m'en sortir. Je lui parlai du mystérieux inconnu celui qui avait causé un incendie et qui fut une très bonne diversion pendant qu'il arrachait ma sœur au bras de ma mère, mais également ma poursuite de l'homme mystère à travers les bois, de la façon dont j'avais failli mourir. Devais-je lui parler de la lettre ? Et de ce lien qu'entretenait mon père avec cet homme ? Cela lui causerait probablement du tort, tant que je n'avais pas toutes les cartes en main, je devais éviter de nous impliquer dans toute cette histoire. Je lui expliquai que j'étais totalement perdu et désorienté, qu'il fallait au plus vite découvrir qui il était afin d'extirper ma sœur des griffes de ce psychopathe.
L'inspecteur, ayant du mal à suivre, me regardait fixement sans en perdre une miette, une main recouvrant sa bouche pour écouter et s'empêcher de parler. Il devait être en train de réfléchir à toute cette histoire en reliant les évènements avec sa base de données personnelles, il pensait sûrement que toute cette histoire et la découverte de ce cadavre étaient sûrement liées, et je ne pouvais l'en dissuader, il avait sûrement raison. Tous ces évènements étaient bien trop rapprochés pour que ce soit une coïncidence, et la découverte de cet anneau venait renforcer cette idée, mais je ne pouvais en parler sans mettre ma famille et mes amis en danger.
Il devait à présent découvrir le lien qui reliait ces deux évènements dans l'immédiat, il ne pouvait rien faire. Il devait réfléchir analyser minutieusement ses nouveaux éléments et tirer les choses au clair. Il allait sûrement m'amener au poste et, une fois arrivé, allait sûrement recueillir mon témoignage dans son intégralité. En prenant soin de ne négliger aucun détail.
Son regard me quitta et se mit à analyser la scène de la même façon qu'une caméra à 360 degrés, il jeta un coup d'œil à la femme en pleurs, puis au cadavre et enfin ses yeux se reposèrent sur moi.
-Bon actuellement, on ne peut rien faire de plus, il fait trop sombre et nous ne possédons pas tous les éléments nous permettant d'élucider cette affaire, d'ici demain le légiste et l'équipe chargé de recueillir les preuves, nous ferons un topo et nous présenterons la situation. Pour l'heure, tu vas m'accompagner au commissariat. Tu sembles être lié de près dans toute affaire, je ne peux pas me permettre de te laisser partir comme ça, l'agent se mit en marche en direction de son véhicule.
Je pris une bouffé d'air et lui rappelai l'urgence de la situation.
- Ma sœur et mon ami sont quelque part dehors à la merci d'un ou plusieurs malades mentaux. Je ne peux les abandonner, je les trouverai avec ou sans votre aide et puis d'abord j'aimerais savoir ce que vous faites ici ? Je ne vous ai jamais vu dans le coin, d'où venez-vous ? Si sa se trouve vous n'êtes même pas flic, je veux voir votre plaque.
L'homme me répondit en criant haut et fort :
- Tu crois que je ne le sais pas ! Tu penses que ça me laisse indiffèrent ? Tu me crois capable d'abandonner des personnes en danger de cette manière ? dit-il en me collant sa plaque sous le nez d'un air lassé, une étoile de shérif y était représentée. Pour répondre à ta question, je suis là car je suis sur la piste d'une personne depuis un bon moment, et tout semble indiquer qu'elle se trouve ici. Bon à présent tu vas me suivre au poste, je t'y emmènerais de toute façon, à chaque seconde qui passe, le tueur prend de l'avance. Ne pense tu pas que ce serait mieux pour toi de me suivre sans discuter ?
J'acceptai sans faire d'histoire, je n'avais aucune raison de refuser. Je désirais plus que tout découvrir la vérité et ce n'était pas le moment de me faire arrêter. Je lui fis simplement savoir que je ne pouvais laisser ma mère seule vulnérable, ayant pour seule compagnie, les pompiers et les policiers qui se trouvaient sur notre propriété ou avaient déserté les lieux depuis un bon moment. L'officier me jura qu'il enverrait deux de ses meilleurs hommes pour veiller sur elle jusqu'à ce que cette affaire soit résolue. À ces conditions, j'acceptai de le suivre.
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