Mémoires : sixième fragment
Et puis, il suffit d’une soirée pour que tout bascule. Je me souviens que ce soir-là, c’est lui qui a choisit ce que je devais porter pour l’occasion. La robe était si courte et décolletée que j’avais l’impression d’être nue. Mais, il voulait montrer à ces amis à quel point j’étais belle. Tout m’a semblé se passer le plus simplement du monde, pourtant, une fois rentrés, il était en colère. Une colère rageuse.
J’étais assise sur le lit, je n’osais plus le regarder. Je n’avais rien fait pourtant. J’avais beau réfléchir, je ne voyais pas.
- Tu es contente d’allumer mes amis comme ça, bébé, tu n’es qu’une putain comme toutes les autres.
Le mot m’avais atteint comme une gifle laissant une empreinte douloureuse.
- Mais je n’ai…
- Chut me dit-il menaçant en s’approchant. Regarde dans quel état tu me mets. Il va falloir être gentille maintenant. J’en ai marre d’attendre. Déshabille-toi.
Je levais les yeux sur son visage déformé par la haine. Non, je n’en avais pas envie, pas comme ça. J’avais toujours imaginé notre première fois de façon romantique, et il m'avait laissé entendre qu'il attendrait le moment parfait.
- Non je ne veux pas.
Cette fois se fut bien une gifle qui marqua ma joue, faisant jaillir des larmes de mes yeux.
- Déshabille-toi
A son regard, je compris qu’il valait mieux que je m’exécute. La peur me nouait la gorge, les images de la soirée tournait dans ma tête mais je n’arrivais toujours pas à voir ce que j’avais bien pu faire de travers pour le mettre dans un tel état de colère. Je passais ma robe par-dessus ma tête et restais immobile, mal à l’aise, les yeux rivés sur le parquet.
- Entièrement bébé.
Je frissonnais au son de sa voix. Je secouais la tête en signe de refus et une deuxième gifle me dévissa la tête sur le côté. Terrifiée par ce qu’il pourrait se passer si je ne m’exécutais pas, j’obtempérais. Mes doigts tremblaient tellement que j’eut du mal à dégrafer mon soutien-gorge. Une fois nue, toujours assise sur le lit jambes serrées. J’attendais.
- Allonge-toi. Sa voix était plus douce et moins haletante
Je tentais de l’implorer une nouvelle fois, les yeux remplis de larmes.
Il me poussa pour m’allonger puis Il se mit à mes côtés pinçant un téton sans délicatesse, m’arrachant une grimace et un mouvement de recul.
- Tu me refuserais alors que je t’ai tout donné ?
Je me sentais minable, pourquoi lui refuser. Je l’aimais et même si je ne comprenais pas sa colère, je savais que je lui appartenais. J’étais injuste avec lui, il avait raison, il m’apportait tout sur un plateau et moi, j’étais là, à le repousser. Il m’embrassa. Je me détendit. Il embrassait si bien et j’aimais ça. Je mis ma main dans ses cheveux. Il la rejeta d'un coup sec et elle rebondit sur le matelas. Il me retourna brusquement sur le ventre s’allongeant sur moi, il me murmura à l’oreille :
- Tu es à moi. Tu comprends.
Ses paroles refroidirent le peu de désir qu’il avait su éveiller en moi par son baiser. Cela raisonnait étrangement dans mon ventre. Etais-je un vulgaire objet à ses yeux ? Je fis mon possible pour faire fuir l’étrange malaise qui assaillait mes pensées.
- Rien qu’à moi. Continua-t-il dans un souffle rauque, mordillant mon cou.
J’entendis la fermeture de son pantalon glisser et d’un coup il m’enfonça le visage dans le matelas, me pénétrant avec sauvagerie. Mon cri de douleur fut étouffé dans les draps. Il continua, je ne sus jamais combien de temps cela dura mais il me sembla une éternité. Je sentis un liquide chaud se répandre en moi en même temps qu’il grognait contre mon oreille. Il se retira, me claquant les fesses il dit :
- Bonne petite. C’est bien. C’est comme cela qu’il faut être avec moi.
Il sortit me laissant tremblante et honteuse sur le lit tâché de sang.
Le lendemain, il s’était excusé bien sûr, comme toujours, avec des fleurs et des mots doux. Dans ces moments-là, j’avais du mal à lui résister. Et cette fois là ne fit pas exception.
En moi, l’amour et la honte se partageaient. En tout cas, mon corps n’éprouva jamais plus aucun plaisir à son contact ni à celui d'aucun autre homme.
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