Chapitre 30

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Le samedi suivant, Peter l’obligea à sortir de sa torpeur, les mouchoirs jonchaient le sol de sa chambre. Il la traîna dans la salle de bain la forçant à se coiffer, se maquiller, s’habiller. Il avait prévu une petite soirée au « sixt club ». Jude était aussi de la partie.

Ils s’assirent sur les banquettes de velours rouges et commandèrent des boissons. Jude et Peter poussèrent Eva sur la piste de danse, elle se laissa un peu aller, prise dans l’atmosphère musicale, grisée par les deux cocktails ingurgités.

Elle sentit alors qu’on lui prenait le bras pour la retourner et elle fit face à un German ivre qui la colla contre lui, l’accompagnant dans sa danse. Elle se laissa faire, presque heureuse d’être là contre son torse. Puis il devint insistant, cherchant à attirer sa bouche sur la sienne, chargée d’alcool. Elle voulut se reculer, mais il la serra plus fort, lui faisant mal. Il lui attrapa les cheveux et tira en arrière lui renversant la tête. Le ventre d'Eva se noua. Elle s’était promis depuis longtemps de ne plus permettre à un homme d'utiliser sa force contre elle. Une colère noire envahit ses veines.

« Tu me fais mal German.

- À moi aussi, tu me fais mal Eva, tu n’es qu’une garce… Comme les autres, une putain.

Son sang ne fit qu’un tour, elle le gifla. Une putain, c’est ce que Stéphane avait fait d'elle, elle n’était qu’une putain. Dégrisée, elle s’enfuit en courant German à ses trousses. Il la rattrapa sur le trottoir, il semblait avoir repris un peu ses esprits, son frère Wyatt, Jude et Peter les suivirent et, observèrent la scène, incrédule.

- Eva, excuse-moi dit-il penaud. Je…

Elle enleva sa main de la sienne qui l’avait retenue et le gifla une deuxième fois laissant une trace rouge sur sa joue. Les pommettes en feu, le regard incendiaire, elle hurla :

- Je ne serais plus jamais la putain de qui que ce soit. Tu comprends ça.

Elle prit une nouvelle fois la fuite, accélérant son pas à grandes enjambées. Elle se retourna et lui cria :

- Enfoiré, tu n’es qu’un enfoiré German Baxter !

Wyatt retint son frère qui voulait suivre la furie déchaînée.

« Arrête frérot, je crois que tu en as assez fait pour ce soir. »

Le lundi se révéla pénible pour German qui avait encore la gueule de bois. Eva n’était toujours pas là. Il s’en voulait de son attitude, mais voir Eva sur la piste de danse comme si tout allait bien alors qu'il souffrait, l’avait mis dans une rage qu’il n’avait jamais expérimentée jusque-là. Il n’avait eu que ce qu’il méritait, il sentait la brûlure de sa main sur sa joue. Il retournait sans cesse la phrase qu'elle lui avait jetée au visage « Je ne serais plus jamais la putain de qui que ce soit ». Qu’est-ce que cela pouvait-il bien vouloir dire ?

Il fut tiré de ses réflexions par Elliott Bouchard qui entra dans son bureau.

« Vous avez une mine affreuse Baxter.

- Oui, le Week end a été compliqué.

- N’oubliez pas que nous déjeunons avec Tina Lombard, il faudra que vous soyez un peu plus présentable.

- Oui dit German en passant une main dans ses cheveux décoiffés pour les discipliner un peu.

- Eva n’est toujours pas là ? Que se passe-t-il ? Je n’arrive pas à la joindre et ma femme non plus.

- Elle a pris des jours de congés. Grommela German.

- Bon dans ce cas, pouvez-vous me trouver les billets pour le Met. J’avais demandé à Eva de s’occuper des réservations et il me semble qu’elle a les places dans son bureau.

- Ok dit German en sortant de son bureau pour farfouiller dans les tiroirs d’Eva alors qu’Elliott quittait la pièce.

Son œil fut attiré par un magazine qui était replié sur une page où il pouvait voir la photo d’un mannequin défilant en sous-vêtement. La deuxième photo affichait un gros plan du mannequin en question et il reconnut la fille du défilé de Lucile Carpentier. Puis regardant de plus près, il décela un infime détail qu’il n’avait pas remarqué alors et pour cause ses yeux étaient subjugués par les courbes voluptueuses qui arboraient fièrement la fine dentelle blanche. Ce détail-là ne lui laissa plus aucun doute, juste sur le bord droit de la lèvre du modèle se dessinait une légère cicatrice. La même qu’Eva Aguillar. Son instinct ne l’avait donc pas trahi et le regard entendu des Carpentier mère et fille qui lui avait laissé l’impression que l’on se moquait de lui prenait tout son sens. C’était bien Eva qui avait défilé pour Lucile Carpentier. Son talent était indéniable et German ne doutait pas qu'Eva pût être mannequin, il connaissait ses courbes parfaites, ses mensurations idéales et la beauté de son visage. Cependant, le mystère s’épaississait un peu plus autour d’elle. Pourquoi lui cacher son passé ? Au contraire, beaucoup de filles s’en seraient enorgueillies, et cette manie de cacher ses attraits à tout prix, qu’en était-il ? German garda le magazine.

Il trouva finalement les places qu’il glissa dans la poche intérieure de sa veste.

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