Mémoires : dix-septième fragment

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L'attente interminable me rendait fébrile, sursautant au moindre bruit me demandant si le temps de ma libération était venu. La déception ne manquait pas de me tapisser d'une agitation tourmentée.

Je vivais dans une peur persistante que ma délivrance n'arrive trop tard. Que mon corps inerte soit leur dernière image quand ils ouvriront enfin la porte. Je manquais d'illusions. La vie m'avait ainsi forgée.

Mais cette vie donnait parfois des morceaux de clémence. Léthargique dans mon lit, j'entendis les pas, les voix et le son d'une perceuse. Je me levai, titubante de l'effet des cachets ingurgités au petit matin, lassée de ne pas trouver le sommeil. Je ne fantasmais pas. Ils étaient bien là.

Quand la porte s'ouvrit, je vis d'abord un homme en bleu de travail, perceuse à la main.

Ma sauveuse se rua sur moi, bousculant les deux policiers qui faisait barrage à l'entrée. Elle me serra dans ses bras. Ma poitrine se liquéfia, mes peurs et mes angoisses éclatèrent d'une seule voix, déclenchant un déluge de larmes. Elle me berça pendant un temps qui me parut infini.

" Prends quelques affaires, il faut se dépêcher. "

Je ne me fis pas prier. J'emportais le strict nécessaire et nous partîmes accompagnés des deux policiers. Ils nous déposèrent chez elle. Elle leur demanda de repasser plus tard pour la déposition. Pour le moment, je devais me reposer.

Se sentir en sécurité me paraissait une sensation étrange, presque dérangeante. Mais l'étais-je vraiment ? Je ne voulais pas penser à demain pourtant au fond de moi, je savais qu'il ne lâcherait pas. Jusqu'à présent, il veillait toujours à récupérer son bien.

Elle m'encouragea à porter plainte. J'hésitais. Ma seule ambition consistait à trouver la paix. Je ne croyais pas l'atteindre de cette manière. Et pour être honnête, la peur me tenaillait. Je craignais devoir me retrouver face à lui, déjà terrifiée par sa réaction. Je ne pourrais jamais soutenir son regard. Je le savais. Malgré tout le mal enduré par sa faute, je ne supporterai pas de le blesser.

Il envoya, comme toujours, sa sœur en reconnaissance. Cette fois, on ne la laissa pas me parler. J'observais la scène du haut de l'escalier, à travers les barreaux. La joute verbale entre les deux femmes d'affaires aurait, selon moi, méritée un oscar. En tout cas, le message passa, plus aucun contact ne serait autorisé, et cette séparation revêtait un caractère définitif. Ma sauveuse était devenue maman louve.

Finalement, je me laissai convaincre et portai plainte pour séquestration.

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