Je devais partir, m'éloigner le plus loin possible. Jamais il ne me laisserait tranquille. La fuite restait mon seul choix. Disparaître à jamais devenait l'unique échappatoire.

Il fallait que cela soit le plus loin possible. La mère de mon amie trouva la solution. Elle connaissait un couple qui vivait aux Etats-Unis, chose qui ne gâchait rien, l'homme possédait une maison de prêt-à-porter. Elle se rapprocha d'eux, ils étaient en mesure de m'accueillir et de m'offrir un poste.
Un seul problème restait, mon identité. Je me persuadai qu'un océan entre nous ne suffirait pas s'il se doutait de ma destination.

Il était curieux de voir tout un système de relations se mettre en œuvre. Ma bienfaitrice possédait des ressources que je n'imaginais pas. Et ces ressources n'étaient pas toutes légales. Elle connaissait une personne qui travaillait à l'imprimerie nationale et qui avait le loisir, moyennant finance, de créer une carte d'identité, un passeport. Il fallut quelques jours seulement pour que je sois en possession de mes nouveaux papiers. Une fois reçus, je pus réserver mon vol.

Pour ne pas éveiller les soupçons, personne ne m'accompagna à l'aéroport. Les au revoir furent brefs comme si nous pourrions nous voir le lendemain. Nous savions qu'il n'en serait rien. Il faudrait garder nos distances, ne pas s'appeler, rester loin de tout ce qui représentait mon monde jusqu'à présent.

Je me retrouverai seule, en terre inconnue. Cet homme me privait de mon avenir. Il me fallait tout recommencer.

À l'enregistrement, ma main trembla en remettant mon passeport à l'hôtesse. La trouille me tenaillait. Comme un automate, je passai le check-in, je m'assis dans l'avion attendant le décollage.

Je ne lâchais pas le hublot tant que je pouvais voir une parcelle de terre. Je voulais enregistrer dans ma mémoire des bouts de France. Je ne savais pas si je reviendrais un jour. Il me fallait tout oublier jusqu'à mon identité.

Je n'étais plus que ce nouveau nom, vide de passé, avide d'avenir. Elodie devait s'effacer pour devenir Eva.