Troisième Partie
Le temps passait et les Bommerayns continuaient d'avancer, toujours droit devant eux. Ils savaient qu'ils allaient dans la bonne direction. Comment, me direz vous? Ils le savaient, et c'était bien suffisant. Cela fait partie du mystère de ce petit peuple.
Un jour, ils se retrouvèrent devant le cours d'une rivière, qui s'écoulait perpendiculairement à eux. Les Bommerayns, bien que très habiles grimpeurs, ne savaient pas nager et avaient une peur bleue de l'eau. C'est pourquoi ils reculèrent bien vite devant cette étendue mouvante et humide.
Pour des êtres humains, la rivière n'était pas très profonde et était donc facilement traversable en deux ou trois enjambées. Il en était tout autrement pour des êtres de cinq centimètres de hauteur. Se trouvant dans l'impossibilité de passer, ils allèrent s’asseoir près de rochers et réfléchir au problème.
Nos petits amis, à ce moment là, étaient plus proche de leur but qu'ils ne pouvaient l'imaginer. Ils appréhendaient la traversée de cette rivière. Ils finirent pourtant par trouver une solution. Près de la rivière en question se trouvait un petit arbuste, qui, si l'on arrivait à le faire basculer, enjamberait le cours d'eau. Les Bommerayns pourraient alors l'utiliser comme un pont et atteindre l'autre rive. Ils se mirent aussitôt au travail: ils scièrent la base du tronc, et le poussèrent de façon à ce qu'il tombe correctement sur l'autre rive. Quand cela fut fait, ils entreprirent de traverser.
L'un des chef passa, la sœur, passa première afin d'ouvrir la voie. Mais, alors qu'elle se trouvait au milieu du pont de fortune, son pied glissa. Elle se retint de justesse et se retrouva suspendue au dessus de l'eau, tenant le tronc de ses mains. La panique gagna les Bommerayns. Le frère de la jeune chef s'avança pour aller secourir sa sœur, mais cette dernière lui cria de rester où il était. Elle tenta de remonter sur le tronc, mais il était devenu glissant à cause des éclaboussures d'eau. Soudain, un craquement se fit entendre. Le tronc, trop mince, craquait sous le poids pourtant léger de la jeune fille.
Alors que tout semblait perdu, un humain passa par là. Hasard ou destin, il remarqua les petits êtres apeurés près de l'eau. L'adolescent n'en crut tout d'abord pas ses yeux et s'approcha. Il y avait biende petites créatures sur la berge de la rivière et elles regardaient toutes dans la même direction, en criant. Il tourna la tête pour voir ce qui les faisait paniquer comme ça, et découvrit le chef s'accrochant désespérément au tronc cassé pour ne pas tomber dans l'eau.
Sans hésitation, il descendit dans la rivière et prit le petit être étrange dans sa main et la ramena sur la berge, auprès des siens qui s’empressèrent de l'entourer. L'humain regarda la scène, intrigué. Jamais auparavant il n'avait rencontrer de créatures aussi étranges.
Les Bommerayns, tout à leur joie de retrouver leur second chef sain et sauf, ne prêtèrent dans un premier temps aucune attention au jeune garçon. Enfin, les deux chefs grimpèrent sur un rocher suffisamment haut pour que le garçon les entende facilement.
- Je te remercie d'avoir sauvé la vie de ma sœur, être humain. Nous t'en serons éternellement reconnaissant.
- Je vous en prie... répondit le concerné.
- Aurai-je le plaisir de connaître l'identité de celui qui m'as sauvé la vie? demanda la rescapée, pleine de gratitude.
- Je m'appelle Quentin... Puis-je vous poser une question? Qui êtes-vous?
Nous sommes les Bommerayns, répondirent tout le petit peuple d'une seule voix.
- Les Bommerayns... Étrangement, le nom n'était pas inconnu à Quentin. Seulement, il ne rappelait plus où il l'avait entendu.
- D'où venez-vous? demanda-t-il encore.
Et c'est ainsi que le petit peuple racontèrent leur triste et merveilleuse histoire.
- L'Arbre de Lumière? C'est étrange, j'ai déjà entendu parler d'un tel arbre... murmura Quentin, pour lui-même. Où avez vous dit que se trouvait cet arbre? demanda-t-il en s'adressant aux deux chefs.
- Par delà les bois. Pourrait-tu nous dire ce qui se trouve au delà de cette forêt?
- Il y a le château de mes parents; ces bois et les environs nous appartiennent.
- Mais c'est merveilleux! s'exclama l'un des chef, sans doute le frère. Pourrait-tu nous guider à travers tes terres?
- Volontiers. Cependant, je ne crois pas savoir où se situe l'arbre que vous rechercher depuis si longtemps. Néanmoins, je crois pouvoir vous aider.
En effet, le château possédait, parmi ses nombreuses pièces toutes plus magnifique les unes que les autres, une immense bibliothèque disposant de milliers de livres. Il croyait pouvoir y trouver les informations nécessaires au sujet de cette arbre légendaire. Accompagné des Bommerayns, Quentin rentra au château afin de mener à bien ses recherches.
Les Bommerayns suivaient leur nouvel ami. Une confiance toute nouvelle naissait dans leur cœur. Les chefs, en marchant derrière l'humain, se rappelèrent le dernier souhait de leur père: faire en sorte que l'on continue de croire en eux et aux autres créatures. Ce garçon n'avait pas hésité une seule seconde avant de plonger pour sauver l'un d'entre eux. Ils se rendirent alors compte que même faiblement, la croyance et les rêves persistaient.
La petite troupe arriva assez rapidement au château. Sans perdre un instant, Quentin emmena ses petits amis dans la bibliothèque. Fort heureusement, ils ne croisèrent personne. L'adolescent n'avait aucune idée de comment il aurait expliqué la présence de ces petits êtres étranges à l'intérieur du château.
La bibliothèque était splendide et réellement immense. Il y avait tant et tant d'étagères, que l'on ne voyait pas le bout de la pièce. Au centre de celle-ci se trouvait une horloge très imposante. C'est ce que préférait Quentin dans cette pièce. L'horloge. Elle lui permettait de s'évader bien plus que les livres. En la regardant, l'adolescent avait l'impression de contempler une porte menant vers un endroit merveilleux et hors du temps.
Quentin alla chercher les livres dont il avait besoin et il s'installa, avec les Bommerayns, à la table qu'il avait quitté le matin même pour se promener dans la forêt. Sans attendre, il se mit au travail.Il feuilleta énergiquement les livres, lisant attentivement, ne laissant passer aucun détails.
Et il continua ainsi, pendant plusieurs heures. Pendant qu'il cherchait, les Bommerayns explorèrent la bibliothèque. Ils se baladaient, contemplant avec émerveillement ce qui se trouvait autour d'eux. Un Bommerayn arriva au pied de l'horloge. Juste à hauteur de ses yeux se trouvait d'étrange symboles, qu'il reconnu comme étant d'origine bommeraynnienne. Au même moment, Quentin s'écria:
- Mais bien sûr! L'horloge !
Il se précipita vers l'horloge où se trouvait le Bommerayn et s'agenouilla. Tout les autres Bommerayns coururent vers l'horloge.
- Regardez ! dit Quentin, en leur montrant l'image de son livre.
L'image représentait exactement la même horloge.
- Et il y a votre poème parlant de l'Arbre de Lumière !
A ce moment là, le Bommerayn qui avait remarqué les caractères au bas de l'horloge prit la parole:
- Notre poème figure sur le bas de l'horloge, annonça-t-il à ses compagnons. Il est écrit dans notre langue.
Tous les Bommerayns se regroupèrent autour de l'horloge pour voir le poème. Mais lorsqu'ils se retrouvèrent tous devant l'horloge, il se passa quelque chose. Les caractères du poème se mirent tout d'abord à briller, d'une lueur très claire et douce. Ensuite, ce fut l'entièreté de l'horloge qui se mit à briller. La lumière se condensa soudain et forma une porte, constituée de lumière. Lorsque l'éclat s'atténua, on pouvait voir de l'autre coté, non pas les rouages de l'horloge, mais un décor d'une étonnante beauté.
Cela ressemblait aux ruines d'une église. Il y avait de nombreux arbres, entourant une étendue d'herbe. Et au centre de cette étendue d'herbe se trouvait l'Arbre de Lumière. Il était encore plus beau qu'ils ne l'imaginaient tous. La joie des Bommerayns était immense. Ils étaient arrivés au bout de leur quête.
Le petit peuple se tourna vers Quentin, cet humain qui les avait aidés, qui avait crus en eux dès le début. Les Bommerayns le remercièrent chaleureusement et passèrent la porte, les uns après les autres. Ils se dirigèrent vers l'arbre tant recherché, leur refuge, leur nouveau foyer. Ils se retournèrent et adressèrent un signe de main à Quentin, qui les regardait depuis l'intérieur de la bibliothèque.
Après avoir traversé tant d'épreuve, les Bommerayns avaient finalement atteint leur but, et cela grâce à un humain qui s'était trouvé au bon endroit, au bon moment.
La quête des Bommerayns n'avait pas été seulement de trouver leur arbre. Leur véritable quête était de faire en sorte que l'on continue de croire en eux, en d'autres créatures merveilleuses et que l'on continue de rêver. C'est pour cela que je raconte leur histoire: pour qu'on ne les oublie pas, que l'on continue de croire et de rêver à la magie et aux petits êtres qui, après avoir voyager pendant un long moment, ont fini par trouver ce qu'ils cherchaient dans la bibliothèque du château d'un humain en passant par une porte magique dissimulée par une horloge un peu spéciale.
L'horloge en question se trouve toujours dans ma bibliothèque, et si l'on regarde bien, on peut apercevoir l'arbre légendaire et son petit peuple à travers le cadran de l'horloge, tel que si l'on regardait à travers une fenêtre. J'ai toujours su que cette horloge était spéciale, et j'avais raison d'y croire.
Voici une des choses que m'a appris ma rencontre avec les Bommerayns: toujours croire. Le petit peuple existe, comme bien d'autres créatures, et je suis sûr qu'avec le temps nous, les humains, finiront par renouer avec la magie et les rêves. Mais en attendant, si jamais vous vous promener dans les bois, et que vous croisez une créature étrange que vous n'aviez jamais vu auparavant, approchez vous. Vous aurez peut-être l'occasion d'aider un petit peuple dans le besoin, et de participer au changement des choses en racontant leur histoire.
FIN
Annotations
Versions