-Je... Papa je...

je voulais parler mais les mots ne voulaient pas sortir. Qu'est ce que je pouvais dire à ce pére qui semblait si peiné et si déçu?

-je voudrais vous expliquer, commençais-je la voix tremblante

J'essayais tant bien que mal de recontextualiser cette vidéo mais à chaque mot que je sortais, le regard de mon frère s'assombrissait. Il bouillonnait de colère.

Il me coupa d'un ton sec :

-C'est qui ce mec sur qui tu es assis? Et tu as intérêt à ne pas me mentir !

Oui vous l'aurez compris , ma famille très conservatrice qui voulait que je me marie avec une personne de la même origine que moi n'était pas au courant de l'existence de Ali .

Je pris mon courage à deux mains et répondis :

-Il s'appelle Ali, il habite à Villiers... on se fréquente depuis 6 ans maintenant.

-Espece d'effronté ! Cracha mon père

Et sans surprise je reçus la première gifle. ... Cette réaction je m'y attendais. Mon père me frappait rarement car je lui obéissais au doigt et à l'oeil . A ses yeux, j'étais une fille modèle, celle qui ne sortait pas , qui avait obtenu son bac avec la mention Bien et qui avait réussi à entrer à La Sorbonne pour y décrocher un premier Master avant d'aller à l'université de Nanterre pour un deuxième Master. Il se vantait souvent auprès de ses pairs en disant « ma fille n'est pas comme les jeunes de quartiers qui traînent dehors en bas des bâtiments, elle est diplômée et a de l'ambition » . Il me pensait complètement désintéressée par les garçons , concentrée sur mes études. Cette gifle n'était que l'expression de sa déception.

Mon frère s'interposa quand mon père voulu me frapper à nouveau .

- Papa arrête tu vas la blesser, tu vas la blesser, tenta il de le raisonner. Papa s'il te plaît...

Mon père ne décolérait pas . Ma mère tentait également de le retenir.

- Ne la frappe pas , viens tu vas te calmer

Mon père sortit en trombe de la cuisine suivi par ma mére. J'entendis la porte de leur chambre claquer . Je tendais l'oreille pour voir si ma mère faisait les frais de son énervement, mais il n'y avait plus aucun bruit dans l'appartement. Le silence s'était installé d'un coup.

La violence de la gifle avait eu pour effet d'atténuer la rage de mon frère. Il avança jusqu'à à la table et tira la chaise. D'une voix sec il m'ordonna de m'asseoir.

-tu bois ? me demanda t'il

-Non je ne bois pas . Je n'ai jamais touché une goutte d'alcool .

-Tu fumes de la beuh?

-Jamais de la vie ! Je n'ai jamais touché à une cigarette encore moins de la beuh!

- Tu dis que tu fréquentes ce mec depuis 6 ans, s'il tenait un minimum à toi , tu penses qu'il t'amènerait dans ce genre de soirée ? Il te toucherait comme ça devant les gens ? Il te laisserait t'habiller comme ça pour voir ses potes?

Je gardais la tête baissée. Je ne voulais pas entrer en confrontation avec lui même si je pensais qu'Ali ne devait pas être indexé comme coupable dans cette histoire . Malheureusement je pouvais essayer de convaincre mon frère qu'on n'avait rien fait de mal , je ne pourrais pas lui faire entendre raison.

- A partir d'aujourd'hui tu sors de cette maison que si t'as cours ou que tu dois travailler. Tu vas à la fac, tu rentres , tu vas au travail, tu rentres. Si jamais j'entend une rumeur sur toi ou que tu t'amuses à faire la folle avec des gars avant que papa ne te tue moi je le fais. Il est hors de question que tu nous affiches. Et t'inquiètes pas que je vais m'expliquer avec ton Ali la .

Comme je ne répondais pas il ajouta :

- t'as compris ce que j'ai dit ?

- oui , répondis-je faiblement

Il partit en me laissant seule avec ma peine et mon désarroi. Mon angoisse était de perdre Ali à cause de cette maudite histoire de vidéo.