21 – Zeiner : Une boite de petit pois
Le reste de l’équipe avait fini par rappliquer. Toubib l’avait trouvé inconscient devant la porte de la chambre. Évidemment, l’enfant n’était plus là. Selon lui, il avait été infecté avec le virus « Ottomep » qui avait été utilisé pour anéantir le réseau de l’hôtel. Sa mémoire externe avait été épargnée, mais il lui faudrait encore récupérer certains logiciels. Il avait perdu le gamin et ça c’était plus préoccupant.
« Klovizz a trouvé quelque chose dans la cantine. Apparemment, il s’est battu contre une sorte de robot domestique. Ils vont nous l’amener : c’est peut-être la fouine que tu as croisée avant de te faire avoir ? »
D’aussi loin que Zeiner pouvait s’en souvenir, Toubib a toujours eu cette capacité à présenter les choses simplement. « Faire les connexions » disait le docteur Perdan alors qu’il travaillait sur les restes d’un membre de l’escouade mis en pièce par un canon DCA au moment de l’approche. Le « focus » : ça c’était un truc qui lui manquait. Combien d’information avait-il refilé à la peluche sans s’en rendre compte. Mais maintenant que Toubib était là certaines choses étaient plus claires.
Toubib, à croire que tous les groupes de mercenaire appellent leur médecin « Toubib » ou « Medic ».
Le médecin de terrain referme sa console d’accès. Le précieux appareil sert de sas informatiques, plutôt pratique quand on doit opérer sur un système vérolé jusqu’au trognon par je ne sais quel virus militaire. Se levant pour ranger son matériel, Toubib lui explique : « Sans tes logiciels, il vaudra mieux que tu restes en arrière, j’ai rétabli ce que je pouvais, mais sur une échelle de un à dix, je ne donne pas plus de « un » à ces bricolages. Quand on sera rentré on te remettra tout ça à neuf. L’état de l’art. »
Quelques instants plus tard, l’équipe rapporte leur butin : pour Zeiner la dépouille rousse et blanche ne laisse pas de doute sur son identité. Avec la maladresse de l’embodiement, le mercenaire se lève et s’approche. Regardant Klovizz, il demande : « Ouais, c’est bien elle. Vous l’avez eu comment ?
– Klovizz l’a coincée dans la cuisine de la cantine, lui explique Mag’.
– Elle essayait de se barrer par la section de maintenance, avec de la bouffe, continue le mercenaire victorieux.
– Je vois. Tu l’as amoché ?
– Brisé la nuque, ça a l’air de l’avoir arrêté. Elle a essayé de planter un truc dans la mienne en passant. A priori pour me faire le même coup qu’à toi, sauf que mes glaces ont tenues, réplique-t-il.
– Veinard, renvoie-t-il sur un ton maussade. Ça a l’air de t’avoir fait une belle entaille.
– Ça ira, Toubib va regarder.
– On n’a pas le temps pour ça, coupe le médecin. Le virus utilisé provient des services de renseignement d’Aesir et cette enveloppe n’est pas supposée contenir un hôte sentient. On a quelqu’un derrière ça et avec lui de gros ennuis. Autant dire que lorsque ça va se savoir la sécurité de la station ne va pas se montrer très conciliante. Klovizz si ta nuque va bien, part avec Mag’ et trouvez-moi l’enfant.
– Ça marche boss, confirme Mag’.
– Earn, tu vas m’aider à charger Zeiner dans la navette, continue le medic.
– Toubib, ça va je peux marcher ! l’interrompt vivement le mercenaire en question.
– On n’a pas beaucoup de temps, allez-y ! »
Alors que Mag’ et Klovizz s’éloignent vers la cuisine, Toubib et Earn attrape le convalescent et commencent à le transporter vers l’entrée de l’hôtel. Le médecin ne s’était pas trompé : la moitié des muscles de son dos ne répondent pas : le système nerveux câblé a dû être salement touché, ou plus exactement, les firmwares se sont sûrement fait la malle.
À leur approche, les soldats de la sécurité se reculent pour les laisser passer. La corruption fonctionne toujours, même dans une ère « d’économie de l’abondance » certains veulent plus que le raisonnable, d’autres aiment enfreindre des règles. D’autres se menacent tout simplement. Les vieilles astuces restent et…
« Toubib, Mag’ est tombée, il me faut des renforts ! »
Le message de Klovizz arrête le groupe net. Les soldats autour s’interrogent : « Un problème messieurs ?
– Oui, on a oublié quelque chose à l’hôtel. Voudriez-vous bien aider notre ami à gagner le point d’attache trois ? répond naturellement Toubib.
– Il a un problème votre ami ?
– Oui : il ne vérifie pas ses logiciels avant de les installer ! surenchérit l’homme.
– Très bien, ne traînez pas ! », lui répond l’un des soldats en lui faisant entendre qu’il a bien compris.
Les deux groupes s’échangent l’invalide et alors que Earn et le boss s’en vont sur le théâtre de guerre, les deux soldats des forces de sécurité de Suan l’emmènent loin de la baston. Port numéro trois, retour au bercail ?
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