On leur avait posé plein de question : à propos du Bearington, de l’attaque. L’homme en métal lui avait aussi demandé pourquoi, elle ne leur avait pas dit qu’elle avait neutralisé les deux sales types dans le vaisseau. Sur le coup, elle n’avait simplement pas eu confiance en lui.

Mais c’était surtout Feyn à qui on posait le plus de question. Des trucs très techniques et aussi plein de questions pour lesquelles, il n’avait pas les réponses. Ils avaient souhaité les interroger séparément, mais Idle avait refusé : après ce qui s’était passé, elle ne voulait plus le laisser seul.

Quand tout ça s’était terminé, Feyn lui avait proposé de retourner à Ombrenade voir ses frères et ses sœurs. Et les voilà dans une navette, comme celle qu’elle avait emprunté avec Nevi et Ney quand elle est partie en vacances sur l’Akasha. Sanglée sur son siège, elle regarde Feyn perdu dans ses pensées. Son accéléromètre commence à grimper doucement : ils entrent dans l’atmosphère. Feyn lui avait expliqué qu’au plus fort de la descente, ils encaisseront un peu plus de deux G. Pour qui n’a jamais vécu au sol, c’est une accélération impressionnante. Mais Idle a déjà vécu ça à l’aller et l’Akasha peut monter à plus d’un G complet lors de ses manœuvres.

Le vol va durer 4 heures. Qu’importe ce que peut dire Zut à propos des nevians et du sommeil, elle va profiter de ce temps pour roupiller un peu, toutes ces questions en haut l’ont un peu fatiguée. Bercée par les premières vibrations de l’entrée dans l’atmosphère, Idle glisse rapidement dans les bras de Morphée.

À son réveil, la navette est en train d’effectuer la dernière poussée pour se poser sur le pas de tir. Quelques instants plus tard, l’amortissement des trains d’atterrissage secoue les passagers au moment où la poussée s’arrête. Quelques chocs sur la coque indiquent que les bras de capture ont attrapé l’appareil pour le déplacer vers le terminal. Quelques accélérations témoignent des manœuvres externes.

Enfin, l’appareil semble immobile et l’accéléromètre d’Idle indiquent un zéro point cent-trente-huit G fixe : ils sont bien sur Titan. Quelques minutes plus tard, alors que tous les passagers commencent à deserrer leurs sangles, plusieurs claquements se font entendre : le tube de connexion avec le terminal est maintenant scellé.

Comme pour les autres vaisseaux, la sortie se situe en haut et les passagers ont le choix entre emprunter rapidement l’échelle ou attendre que l’ascenseur soit installé. Idle se détache rapidement et s’approche de Feyn pour l’aider. Son ami, plus méthodique, détache chaque sangle avec soin. Il se lève ensuite et Idle tend ses bras vers lui : elle veut un câlin.

Feyn rigole et la prend dans ses bras tout en avançant paisiblement vers l’échelle. Les passagers les plus pressés sont déjà sortis. L’escaladant, Idle passe derrière Feyn et s’accroche dans son dos, blottie contre son ami. Sans se démonter, Feyn commence alors l’escalade de l’échelle.

« J’ai hâte de revoir Ney, Nevi, Scrap, Zut, Lift et Cara ! déclare-t-elle accrochée contre son ami.

– Hmm, je suis pas sûr d’avoir vraiment hâte de devoir raconter tout ce qu’on a vécu à Ney, explique Feyn. Je lui avais quand même promis de ne pas te mettre en danger…

– T’en fais pas, à part Nevi, ils sont tous très gentils, le réconforte-t-elle.

– “À part Nevi ?”, s’inquiète Feyn.

– T’en fais pas, ça va bien se passer ! » conclu la nevian.

Arrivés en haut, ils sont aidés par la commandante de la navette et son second. La salle de l’autre côté du tube de connexion est une salle technique : un mélange entre une salle d’attente, une salle de préparation aux EVA et un dépôt temporaire.

Selon une convention héritée de la Terre, l’équipage leur souhaite un bon séjour et les remercie d’avoir voyagé à leur bord. Idle leur répond : « C’est vous qui pilotiez non ? Donc c’est à vous qu’il faut dire merci ! ». La naïveté de la peluche, déclenche quelques rires de Feyn et des deux membres d’équipage.

D’autres personnes arrivant depuis l’échelle, le couple en fourrure reprend sa route vers le terminal. Là, la sécurité relève leurs certificats et vérifie rapidement leurs possessions. Et les voilà libres d’arpenter Ombrenade comme bon leur semble. De retour dans la zone civile des colonies, les règles de sécurités sont plus relâchées et pour Idle l’environnement apparaît moins technique, un peu comme si on avait mis une jolie coque plastique autour d’un moteur.

Le spatioport est relié à Ombrenade par une courte ligne de train. Constatant qu’il y a déjà un train qui les attends, Idle s’exclame : « On a de la chance : il y a un train qui nous attend !

– Ce n’est pas vraiment de la chance Idle, lui explique Feyn. Tu sais qu’ils peuvent envoyer quelque chose comme cinq trains à la minute s’ils le souhaitent ? Il y a une IA qui gère le réseau et qui envoie les trains dès qu’ils sont prêts avec des gens dedans.

– Et s’il y a encore des gens sur le quai ? demande-t-elle.

– Elle est intelligente : elle les envoie aux meilleurs moments pour que tout le monde ait des trains sans avoir besoin d’attendre plus de deux minutes, continue Feyn.

– C’est génial ! », s’enthousiasme la peluche en courant vers le train, entraînant Feyn derrière elle.

Le trajet est court, et trois minutes plus tard, les voici débarqués dans la gare nord, située en haut de la muraille des habitations, côté nord-est, lui indique son système de positionnement. Suivant les indications en réalité augmentée, ils sortent de la station et se trouvent face à la grandeur de la cité de Suan. Quelques mètres devant eux, un gigantesque gouffre s’ouvre avec au fond un grand parc boisé et au centre la magnifique tour centrale qui perce le dôme de lumière au-dessus d’eux. Idle reconnaît les lieux et la mélancolie de vieux souvenirs réémergent. Elle se blottit contre Feyn la tête posée contre sa hanche.