Dans mes rêves je me vois
pas loin de toi.
Les cheveux presque détachés,
mon vernis un peu écaillé,
mes habits tachés par la peinture qui a coulé,
un café noir, pas sucré,
le soleil, maître de m'éveiller,
et la mer qui continue de me bercer.
Dans mes rêves je me vois
caresser de petits doigts.
Raconter de belles histoires
au lieu d'attendre à la gare.
Dans mes rêves je me vois
dans un quotidien maladroit,
la peau aussi abîmée,
que les roches érodées,
que l'écorce éclatée,
qu'un poème raturé,
qu'un pétale de fleur fanée.
Mais dans mes rêves je nous vois,
marcher jusqu'au port d'à côté,
Pas très loin du grand marché.
Je nous vois juste exister.
Deux humains et une terre inachevée,
faite de morts et de baisers,
une terre à l'odeur iodée.
Des violettes en plein été,
de l'encre sur mon chemisier.
Dans mes rêves je me vois.
Dans mes rêves je me noie.
Dans mes rêves.