Zar le fou
Je suis le fils de Sai, de la maison Shen. Mon père a été l’un des plus grand mercenaire de l’île, il a participé a toutes les batailles de la grande guerre entre Océalys et ceux du continent.
Je suis fils de Sai et je ne suis rien.
Les habitants de cette ile, mon ile, se rit de moi car je n’ai pas voulu suivre la voie du sang et de la haine. Ils ne connaissent rien à mon histoire et pourtant, ils me jugent. Ils osent les effrontés, alors qu’ils n’ont jamais connu la guerre comme je l’ai connue, dans toute son horreur.
Bien sûr, nombre de fils de nobles ont comme moi suivi la voie des armes depuis leur petite enfance. Tous ont commencés par le bâton, puis l’épée sous toutes ses formes possibles, à pied, a cheval.
Nous sommes de loin les meilleurs guerriers des Îles d’Océalys dès qu’il s’agissait de combat de chevalerie. Seuls les archers du Nord de la grande île peuvent nous faire peur car leurs flèches sont plus meurtrières, sur de longues distances que nos épées, faites pour le combat rapproché, le corps à corps.
Bien sûr, tous ont participé aux batailles de la grande guerre, certains s’y sont même distingués par leur bravoure, leur courage hors norme, la plupart préférant la mort au déshonneur.
Moi, Zar je n’ai pas eu cette chance, je me suis battu et j’ai survécu, j’ai préféré la vie à la mort, est-ce une faute ? Je ne le crois pas mais la tradition est sévère avec celui qui ne suit pas sa voie.
« A quoi penses-tu ? Tu es encore à ressasser le passé ?
Celle qui avait parlé ainsi se prénommait Helen, c’était une femme du peuple marquée par le poids des années de travail. Elle connaissait Zar depuis l’enfance, et bien que plus âgée que lui d’une dizaine d’année, elle était sa compagne de vie depuis qu’il était revenu sur l’île. C’était même la seule à ne pas l’avoir abandonné ouvertement.
« Tu ne changeras pas ton destin en restant là à rêvasser ! » continua-t-elle
« Qui te dis que je désire changer quelque chose ? » répondit Zar
« Tu changeras que tu le veuilles ou pas, tu n’es pas fait du même bois que les contemplatifs de l’île. Sinon tu les aurais déjà rejoints. n’est-ce pas ? Tu attends une occasion propice pour repartir à l’aventure. »
« Laisse-moi ! »
« Je te connais Zar, tu n’es pas si différent que cela des mercenaires de l’île des vertes vallées. Tu as simplement un peu plus de conscience qu’eux, et c’est cela qu’ils te font payer le prix fort. »
« Laisse-moi, te dis-je ! »
Il y avait bien longtemps qu’elle ne se formalisait plus de ses brusques accès de colère, mais elle aurait aimé qu’il soit une peu moins rustre. Elle avait beau être une femme du peuple, habituée à la vie dure, elle aimait être traitée avec des égards. Il ne faudrait pas que ce rustre oublie qu’elle seule avait été là pour l’accueillir après son retour sur l’île.
Les grands seigneurs ne lui pardonnaient pas d’être encore vivant. Le code d’honneur des mercenaires de l’ile verte voulait que les prisonniers meurent plutôt que de laisser à l’ennemi la joie d’avoir un captif.
Zar n’était pas disposé à mourir, il estimait que sa vie était loin d’être fini et n’acceptait aucunement les traditions de ses coreligionnaires. Sa vie était pour lui plus importante que quelques codes de conduites édictés par on ne sait plus trop qui. Ce n’aurait d’ailleurs pas été un problème si le destin ne l’avait pas ramené à son point de départ.
Helen se demandait encore comment cet homme grand et sec, issu d’un milieu autre que le sien avait pu la séduire. Elle se souvenait de son retour sur l’ile. Il était arrivé, enchaîne, entouré par quatre mercenaires qui l’avait conduit au travers du port, puis de la ville jusqu’à la demeure de Ferbal, le plus haut seigneur de l’Ile. Celui-ci avait convoqué le conseil pour juger Zar le déserteur.
Sur l’ile des vertes vallées, les procès se faisaient en public, les seigneurs aimaient montrer leur puissance en public, c’était aussi un bon moyen d’asseoir leur autorité. Le peuple accourait à ses représentations, et le procès de Zar attira d’autant plus de monde que celui-ci est issu d’une des grandes familles de l’île la famille Shen. Son père Sai faisait partie des dix, le groupement des dix plus riches familles.
Zar se tenait au milieu de l’estrade, face aux représentants des seigneurs, debout, grand, ténébreux, son long cheveu encadrait son visage longiligne. Il dominait d’une tête la plupart de ses juges hormis Pelras l’imposant père de Peyre. Celui-ci entama le procès, surprenant tout le monde, la tradition voulant que Ferbal, le plus riche seigneur, prenne la parole. Pelras en fin politique fit oublier bien vite cet affront
« Seigneur Ferbal, je me permets de prendre la parole en votre nom car je sais tout l’émotion qui vous prend en apprenant qu’un fils d’une des grandes familles de cette ile c’est comporter en déserteur »
Il se tut laissant à chacun le temps de bien comprendre ses paroles, puis continua
« Puis-je continuer le réquisitoire seigneur Ferbal ?»
Ferbal opina de la tête, laissant à Pelras, son futur allié par le mariage le soin de continuer.
« Zar, fils de Sai de la famille Shen, tu as été fait prisonnier par mes hommes alors que tous te croyaient mort lors de la grande bataille sur l’ile des mortes années. Mes mercenaires t’ont trouvé alors que tu te donnais en spectacle en jouant de la guitare pour gagner ta vie »
la foule fit connaître sa désapprobation, Helen se tut, elle était subjuguée par Zar, de lui émanait une force, une vitalité qui l’hypnotisait, elle ne saurait dire pourquoi
« Eh alors ? » lança Zar, ses yeux rivés sur ceux de Pelras. « Est-ce interdit de jouer de la guitare ? Vous autres, nobles seigneurs de l’île, n’invitez-vous pas jongleurs, danseurs et troubadours de tous poils pour égayer vos soirées ? »
Pelras ne cilla pas, son regard rivé sur celui de Zar il répondit avec toute la morgue dont il était capable
« Ce que l’on te reproche n’est pas le fait de jouer de la guitare, tu le sais pertinemment ! On te reproche d’avoir fait croire que tu étais mort au combat et d’avoir déserté »
« Qui a cru que j’étais mort ? Est-ce toi mon père ? » Répondit Zar se tournant vers Sai
« Nous n’avions plus de nouvelles Zar, nous avons tous cru que tu étais mort comme ton frère Toyem qui comme toi a disparu après la bataille de l’ile des mortes vallées»
Sai, petit homme, contrairement à ses deux premiers fils, n’avait pas de prestance. Il ne semblait ne pas être a sa place au milieu de l’assemblé des seigneurs. Pourtant, il avait fait toutes les guerres de son temps, sans rechigner, cependant Zar qui le connaissait bien, savait qu’il n’avait qu’une seule hâte, retrouver le confort de sa bibliothèque et le silence de ses livres.
« Ce qui arrangeait bien Zana ma sœur et son mari Echtyl, n’est-ce pas ? »
« Que dis-tu là, mon fils » répondit Sai, la voie tremblante, « je te répète nous étions tous forts inquiets, n’ayant pas de nouvelles de toi et de ton frère, alors que tous étaient revenu de la bataille, nous avons cru à votre mort »
« Je l’étais effectivement » tonna Zar
La foule émit un long murmure de désapprobation, Zar les toisa de son regard fier.
« Quand a Toyem, je n’ai plus eu de nouvelles de lui, mais je serais prêt a parrier qu’il a survécu et comme moi a préféré fuir la lente mort qu’est la vie sur cette île. »
Un nouveau murmure désapprobateur se fit entendre, mais sans en tenir compte Zar continua.
« Oui j’étais mort, et vous m’avez ramené à la vie contre mon gré, à une vie que je n’ai pas choisi ! »
Maintenant il hurlait presque, ses yeux brillaient d’exaltation.
« Vous, Seigneurs de guerre de l’île des vertes vallées, êtes des esclaves à la merci de votre réputation. »
Un murmure désapprobateur commença a enfler, a grossir au point que bientôt la cacophonie fut intenable. Ferbal tapa avec le manche de son sabre sur la table ou il était assis, face a Zar
« Silence ! » cria-t-il «silence !!! »
Il se tourna vers l’accusé et continua « Zar, que t’arrive-t-il, as-tu oublié d’où tu viens ? Est-ce ainsi que tu honores ton père et ta mère ? »
« Seigneur Ferbal, je ne cherche nullement a déshonorer qui que ce soit, mais seulement à vivre en homme digne de ce nom. c’est pourquoi, j’ai préféré tuer Zar le guerrier en moi, pour n’être plus que moi-même, Zaros le troubadour, Zaros le vagabond, croyez-moi, c’est beaucoup mieux ainsi, je n’étais qu’un piètre combattant. »
Pelras se leva pour demander la parole que lui accorda Ferbal d’un geste de la main.
« Zar, tu dis avoir tué le guerrier que nous avons fait de toi, pourquoi n’avoir pas donné ta vie pour ton honneur et celui de ta famille ? »
Zar regarda Pelras avec mépris. Il n’aimait pas ce seigneur très conservateur qui était prêt a tout pour défendre sa vision d’un monde a l’ancienne.
« Pelras, o Pelras, tu représentes l’ordre ancien, tu passes ta vie a défendre une vision du monde dépassé depuis longtemps. Je n’arriverais pas à te convaincre, mais essaie de comprendre au moins une chose : ma vie est mienne, et moi seul dois décider s’il vaut la peine de la perdre. »
« Tu te trompes lourdement, ta vie appartient aux tiens, à ta famille, à ton peuple » Répondit Pelras. Il se tourna vers la foule la prenant à témoin « regarde ces hommes et ces femmes, ils travaillent tous pour un maître, une famille. Ils sont le ciment de cette île, nous autres seigneurs sommes les briques, nous nous devons d’être solide pour défendre nos valeurs, notre culture, notre île. Notre vie n’est digne qu’à cette condition »
La foule émit des cris pour approuver ce discours, de nombreux habitants se raccrochait aux valeurs traditionnelles défendues par Pelras, qui en quelques années avait acquis le soutien de la majorité de ses compatriotes.
« Que de beau discours seigneurs Pelras, la vérité est tout autre. Toi et les tiens n’êtes qu’une bande de profiteurs. Ta génération (tu as sensiblement l’âge de Sai, mon père) n’a pas connu les horreurs de la guerre. Vous avez beau jeu de défendre nos valeurs guerrières. »
« Je servais le Roi d’Océalys avant que tu ne sois seulement apparu sur terre ! Et ton père Sai, s’est lui aussi illustré dans toutes les batailles de son temps»
« Je le sais Pelras, je le sais mais ces batailles ne furent que de charmants tournoi de gentilhomme, j’en veux pour preuve que tous les seigneurs de votre génération son revenu bien vivant et son la a me juger. »
Nouveaux murmures dans la foule, mais Zar continua doucement,
« Je sais Pelras, que tu as fait partie de l’élite de la garde royale. Mais ce n’est pas la même chose que d’être en garnison à Arqana, la capitale, que de combattre les terrianis au corps à corps. j’ai vu de nombreux camarades mourir dans d’atroces souffrances sous mes yeux. La mort était notre compagne de voyage, et même notre amie quand trop de douleur se faisait sentir. »
Zar resta silencieux un instant, la foule murmurait, elle semblait comme envoûtée par les paroles de l’ancien guerrier, puis il reprit
« j’ai vu un jeune soldat dont j’étais ami mourir devant moi, un terriani lui avait tranché la carotide, le sang jaillissait et m’a inondé. j’ai tué le terriani, je l’ai décapité. Il n’a pas eu le temps de souffrir. Pelras, tu aimais Zai, ton premier fils, comment as-tu pu l’envoyer a la mort ? c’était lui mon ami mort. »
Zar s’arrêta de nouveau, son visage exprimait une profonde tristesse. Il observa Pelras qui semblait bouleversé
« Je ne savais pas que mon fils était mort ainsi, mais ce fut un fin digne d’un guerrier des iles »
Zar se tut, comme plongé dans ses souvenirs, puis il continua
« Quand la bataille se termina, des dizaines de milliers de soldat gisaient au sol, tout la plage n’était que râle et cri de douleur. De nombreux soldat attendaient la mort, mutilés, se vidant lentement de leur sang, de leur vie. Beaucoup pleuraient leur famille, leur fiancée qu’ils ne reverraient jamais. l’odeur horrible du sang, de la sueur, des excréments que la peur de la mort nous empêche de retenir me prenait les tripes. Je l’avoue, j’ai pris peur, j’étais un des rares survivant de cette boucherie, j’avais juste quelques blessures superficielles, mais j’avais été pris du feu guerrier et après avoir combattu pendant des heures je suis tombé, inconscient »
Zar ne raconta pas son combat avec Olgen, il n’y avait pas de témoins survivant hormis le roi Arl, qui n’avait pas jugé bon de divulguer cette partie du combat pour une raison qui lui échappait. Il continua son récit
« Quand je suis revenu à moi, j’étais seul survivant enfin je l’ai cru sur le moment, maintenant je n’en suis pas si sûr, j’ai pris peur, j’ai fui. j’ai couru comme un dératé, sans but pendant des heures, sans pouvoir m’arrêter. Et je me suis effondré à des kilomètres du champs de bataille »
Pelras qui avait écouté en silence, repris la parole
« Ainsi tu avoues que tu as fui plutôt que de chercher les derniers survivants terrianis pour les abattre, ou a sauver ton roi, Arl, qui est revenu seul sur Océalys »
« l’ai-je nié ? Ce jour-là j’ai mis fin à ma vie de seigneur de guerre. Et je ne le regrette pas. Mais je ne pouvais pas effacer de ma mémoire ces combats, cette vie de meurtrier à la solde du roi. La barbarie ne s’oublie pas seigneur Pelras, pendant que vous autres soldats de la garde viviez bien tranquille à l’abri des citadelles du roi, d’autres allaient mourir en masse lors de batailles immondes, d’autre pillaient les villages ennemis, tuaient femmes et enfants, violait les jeunes filles. c’est aussi cela la vie de soldat, que connais tu de tout cela seigneur Pelras ?»
La foule était silencieuse, tendu, attendant la réponse de Pelras comme une délivrance. Zar avec ses discours avait réussi à semer le doute parmi les plus conservateurs des habitants. l’ile vivait largement du commerce de la guerre, les seigneurs formaient les mercenaires qu’ils trouvaient parmi les plus robuste habitants, mais aussi du commerce lucratif des armes, la famille de Zar, comme celle de tous les seigneurs tirait ses ressources de la fabrique de sabres, épée dagues et armes blanches en tout genre. Elle employait de nombreux artisans. La remise en cause du bien-fondé de la guerre par l’héritier de cette famille ne pouvait laisser indifférent.
Pelras prit son inspiration et répondit
« je n’ai, il est vrai, pas participer a la bataille sur l’ile des mortes vallées, elle celle de ta génération. Tous s’accordent pour reconnaître que ce fut une boucherie inutile, et je comprends que tu puisses être choqué. Tu as été un vaillant combattant, digne de tes ancêtres, mais cette fuite n’est pas digne de toi, de ta famille »
« Pelras, tu as peut-être raison, mais j’en ai décidé ainsi, pourquoi tes hommes m’ont-ils ramené ? Ne pouvais-tu pas oublier le fils de Sai ? j’ai du mal à croire que tout cela soit fait en toute innocence. »
« Je suis en effet le défenseur des traditions de l’île, bien plus que nombre de mes congénères, et pour cela je ne pouvais laisser passer ta désertion. Elle risque de montrer la voie a de nombreux autres jeunes, et cela nous ne pouvons le tolérer, et pour cela tu devras être puni »
« tu as soif de sang comme tous les planqués. Si comme moi tu avais eu ta dose de tuerie, peut-être serait tu moins réactionnaire »
« Qui sait ? » répondit Pelras, sourire aux lèvres « quoi qu’il en soit tu connais la sanction pour la désertion »
« je suis maintenant prêt à mourir, contrairement à ce que tu penses »
Pelras balaya la foule du regard, un sourire mesquin aux lèvres.
« La mort te sera trop douce, et puis tu es l’un des seigneurs, fils de Sai Shen, une des grandes familles de l’île, nous ne pouvons te faire mourir comme un simple soldat, tu resteras en vie, sur l’île que tu ne pourras plus quitter. Tu vivras comme un paria, honnis de tous, condamné aux plus basses taches, tu pourras ainsi réfléchir a loisir a ta fuite de tes responsabilités »
« Tu veux me transformer en esclave » éclata de rire Zar, « ne vois-tu pas que je serais un très mauvais serviteur, je ne sais rien faire d’autre de mes mains que tuer et jouer de la musique»
« Tes mains ? Tu n’auras désormais besoin que d’une main pour tourner le page des prêtres du deuil »
Zar s’était tu, comprenant avec horreur les intentions de Pelras. Les prètres du deuil s’occupait de lire et chanter les oraisons des défunts, on le condamnait a tourner les pages du livre de prières qui servait a ses services funèbres. C’était le travail des jeunes adolescents promis au destin de prêtres. Non seulement il serait déchu de son rang de noble, mais aussi de celui d’hommes avec ce rôle.
« Une main devrait suffire à ta tache » continua Pelras « ainsi tu devras cesser de jouer les troubadours, ce n’est pas digne des habitants de l’île »
Zar hurla tandis qu’on le saisissait pour l’amputer de la main droite
Lentement les souvenirs s’estompèrent, Zar revint a lui. Helen était toujours là, s’affairant a ses coté, maugréant toujours.
« Reste à rêvasser si tu veux, mais ôte toi de ma vue, ton inaction m’agace. »
« Je vais faire un tour » finit-il par dire
« N’oublie pas ta guitare ! Je suppose que Peyre sera ravi d’en jouer. Si leur parents savait a quoi tu les initie, tu serais depuis longtemps en train de sécher au bout d’une corde ! »
« Le père de Peyre est un hypocrite doublé d’un sacré menteur ! Il n’a pas fait la moitié de ce qu’il prétend avoir fait. Il a de la chance que ses compagnons d’armes ne soit plus en état de dire ce qu’il vaut vraiment. A cause de lui j’ai perdu ma main et m’échine a travailler pour les prètres du deuil. Ce ne sont pas de mauvais hommes il est vrai, je n’ai pas a me plaindre, mais je préférais cette vie de poète errant à la compagnie des morts qu’il faut préparer pour le grand voyage. Quant au père de Zinele, ce n’est qu’un courtisan sans envergure. Il a certes la culture que n’a pas Pelras, mais, comme mon père, il n’avouera jamais qu’ils préfèrent les artistes aux guerriers. Leurs enfants valent mieux, c’est un miracle qu’ils ne soient pas de pâles copies de leurs procréateurs. »
« Ils doivent tenir de leur mères ! »
« c’est certain pour Zinele, dommage que sa mère soit morte en couche, elle n’aurait certainement pas laissé les dons de sa fille en friche sous prétexte qu’elle doit épouser l’aîné des Vidal. Lle sa belle-mère n’a que faire d’elle et est trop occupée a essayer de donner un fils au père de la petite. Quand a Eylena, la mère de Peyre, si elle n’avait pas autant peur de son mari et de rompre la tradition, elle ne laisserait certainement pas son fils devenir un tueur au service du roi. »
« Un mercenaire, tu veux dire un mercenaire. » le corrigea Helen.
« Ne jouons pas avec les mots, pas toi, s’il te plaît. Peyre a un vrai don et pourrait devenir un grand troubadour si son père n’était pas aussi buté. »
« Et Zinele ? » dit Helen, elle aimait cette jeune fille effrontée dont elle était dame de compagnie.
« Cette petite a du caractère et est aussi très doué dans l’art des plantes. Ses parents seraient surpris d’apprendre à quelle vitesse elle a appris les secrets de la nature. »
« Je n’ai pas ménagé ma peine pour les lui apprendre, mais il est vrai que l’élève est particulièrement douée. De loin la meilleure de toutes celles que j’ai vues passée. Le seul ennui, c’est que cet art n’est pas censé être appris par les jeunes filles de sa condition. »
« Bah ça ne peut pas lui faire de mal. »
« c’est vrai qu’on ne sait jamais ce que le destin réserve a chacun, et connaissant Zinele je parierais volontiers qu’elle ne se contentera pas d’une vie de femme bien rangée. »
Les deux ne se doutaient pas que leurs paroles était si près de la réalité.
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