Révèle-moi #1
Je referme la porte derrière moi et pose mes affaires à terre. L’endroit n’est éclairé que par une seule et unique bougie parfumée. Un délicat parfum d’huiles essentielles flotte dans l’air. En fond sonore, une playlist lounge se déroule subtilement. Le fauteuil placé au milieu n’attend que moi. Je suis à la fois charmée par l’atmosphère, et angoissée par la suite des événements. Je sais qu’il est là, quelque part, à attendre que je m’installe, à me guetter. Je m’assieds, les mains à plat sur mes cuisses. Je lisse ma robe. J’essaye de contrôler ma respiration.
Je regarde droit devant moi, et je m’interdis le moindre mouvement alors que je l’entends approcher dans mon dos. Il se tient juste derrière moi. Il reste silencieux et immobile quelques instants. Je le devine sans le voir et une peur sourde étreint ma poitrine.
Ses mains passent de chaque côté de ma tête pour me bander les yeux. C’est au moment où le nœud est en place que je prends la pleine mesure du jeu auquel je m’apprête à jouer avec un inconnu. Je suis complètement folle d’avoir accepté, mon cœur va lâcher avant la fin de cette soirée. La peur se dispute à l’excitation. C’est là que tout commence.
- Relax, murmure-t-il. Calme-toi.
Mon Dieu… Sa voix…
Je souffle profondément pour essayer de calmer ma tension grandissante. Il me masse doucement les épaules et la nuque en me chuchotant des mots rassurants. Ses mains descendent sur le haut de mon décolleté et je me contracte. Il ne va pas plus bas. Il se déplace. Je le devine s’agenouiller à ma gauche. Sa bouche se pose délicatement sur ma joue, puis dans mon cou. J’en ai des fourmis au creux du ventre.
- Touche mes mains, me chuchote-t-il.
Je lève les miennes, tremblantes, à la rencontre des siennes. Privé d’un de mes sens, j’ai l’impression que mon toucher est exacerbé. Je découvre chaque centimètre carré de ses mains, grandes, plutôt douces, chaudes. Je les caresse, j’entrelace mes doigts aux siens, je presse sa peau. Je m’enhardis à caresser ses poignets, puis ses bras. La sensualité qui se dégage de cette découverte à l’aveugle me trouble. La proximité de son corps dont je ressens si fortement la virilité me noue l’estomac.
- Touche mon visage.
Je lève de nouveau les mains. Il vient à ma rencontre. J’explore son visage du bout des doigts. Avec douceur. Curiosité. Fascination. D’abord son crâne, rasé, comme sur les photos. Je me rappelle l’air sévère que celui lui donne. Ça m’intimide. J’aime… Son front et la plissure qui s’y trouve, comme sur les photos aussi. Ses sourcils, épais. Je devine ses yeux noirs qui doivent sûrement me fixer en ce moment. Sa barbe de trois jours sur ses joues et son menton, douce et râpeuse à la fois. J’imagine le mélange poivre et sel, tellement sexy. Et enfin le meilleur pour la fin… sa bouche aux lèvres charnues et veloutées, que je me risque à effleurer. Fasse que ses lèvres se posent de nouveau sur ma peau…
- Tu vois… c’est bien moi, chuchote-t-il.
Je hoche la tête.
- Ça va mieux ? Tu es détendue ?
Je fais un rapide point sur mon état : cœur ok, rythme cohérent et normal. Tension, redescendue. Respiration, normale. Mains, toujours un peu crispées. Je hoche de nouveau la tête.
- Bien…, souffle-t-il tout en posant sa main sur mon genou et en le caressant.
Ses doigts remontent l’intérieur de ma cuisse, jusqu’à la lisière de mes bas. Ça cogne aussitôt sévèrement dans ma poitrine, particulièrement en entendant son grognement appréciateur.
- Bien, les bas…
Puis soudainement ses doigts se posent entre mes cuisses, contre mon shorty. Je trésaille.
- Es-tu à moi ? demande-t-il contre mon oreille.
Oh Seigneur. Je déglutis. Son ton a changé. Plus grave, plus sombre. La profondeur de sa voix me fait déjà mouiller.
- Oui.
Aussitôt la pression s’intensifie contre mon sexe et ma bouche s’entrouvre de surprise.
- Oui, qui ?
Ma réponse conditionnera tout ce qui se passera ensuite. Suis-je prête à rentrer dans ce rôle ? Et si je me perdais en chemin ? Dois-je lui faire autant confiance ? Et si j’arrêtais juste de réfléchir ? Oh oui… ça, ce serait bien…
- Oui Monsieur.
Et je bascule dans mon rôle de soumise. Je m’en remets à son contrôle total sur moi. A ce moment-là, tout mon être est un mélange compliqué de curiosité, d’appréhension, d’excitation, d’impatience, de timidité. Je veux que cet homme me montre ce qu’il peut faire de moi. Je veux qu’il fasse tomber mes barrières.
- Lève-toi.
Il m’attrape par le bras pour m’aider. Je le devine s’asseoir sur le lit, face à moi.
- Déshabille-toi pour moi, commande-t-il de sa voix chaude.
Outch… Me déshabiller pour un inconnu. Je n’ai jamais fait cela. Ma bouche est agitée de tics nerveux, je me mordille les lèvres, je crispe les poings. J’ai vraiment peur cette fois. Il ne me brusque pas. Il attend patiemment.
- Que dois-je enlever ? soufflé-je.
- Tout. Sauf les bas.
Il a dit « Tout ». Je saisis ma robe par l’ourlet du bas et j’entreprends de la faire passer par-dessus ma tête. J’y vais tout doucement, pour ne pas faire tomber le bandeau. Je laisse tomber la robe à terre.
Le fait de ne rien voir et de n’avoir aperçu que quelques minutes l’endroit où nous nous trouvons est très déstabilisant. Je n’ai presque pas de point de repère dans l’espace, je me sens perdue. Je sais qu’il me détaille en silence et j’espère de tout mon cœur que mon corps ne le déçoit pas. Je sens sa bouche se poser sur mon ventre et je trésaille. Il défait mes bottes et me les retire.
Mon cœur cogne à m’en exploser la poitrine alors que je lève les mains dans mon dos pour dégrafer mon soutien-gorge. Il me semble que ma respiration est désordonnée, j’ai l’angoisse au creux du ventre. Je défais les deux attaches. Je plaque les bonnets contre moi, tout en faisant descendre lentement, très lentement, chaque bretelle le long de mes bras. Enfin je capitule. Et je le laisse tomber à terre.
Ses mains se glissent sous le tissu de mon shorty de chaque côté de mes hanches. Il le descend le long de mes jambes. Me voici nue devant lui. Offerte. Yeux bandés et tête baissée. Comme une soumise. J’ai un réflexe de pudeur en me couvrant de mes mains les seins et le sexe.
- Non ne te cache pas, dit-il en enlevant mes mains. Tu es belle…
Sa bouche se pose de nouveau sur mon ventre.
- Timide… magnifique…
Ses lèvres se referment sur un de mes seins et je sursaute.
- Regarde comme tu es excitée déjà…, souffle-t-il en me pinçant chaque téton entre ses lèvres et ses doigts.
Je me contracte avec un soupir quand il pince un peu plus fort. Putain… J’ai très chaud au creux de mes cuisses.
- Ne bouge pas, ordonne-t-il, sa bouche contre mon ventre.
Sa main effleure l’intérieur de ma cheville, remonte le long de mes jambes, plus haut… je brûle intérieurement. Je veux sentir ses doigts au creux de mon intimité, testant ma douceur et ma moiteur. Mais il ne me touche pas à cet endroit. Il le contourne, s’en approche, s’en éloigne. Malgré moi je commence à onduler du bassin pour tenter de venir à la rencontre de ses doigts. Une vive tape sur la fesse me fait sursauter.
- Ne bouge pas, répète-t-il.
Je me mords les lèvres, à la fois mortifiée d’être ainsi rappelée à l’ordre, et terriblement excitée par ce jeu de pouvoir. J’ai presque envie de bouger de nouveau juste pour pouvoir sentir encore l’empreinte érotique et cuisante de ses doigts sur mes fesses.
Sa bouche descend le long de mon bassin, se pose contre ma cuisse à la lisière de mes bas. Je sens son souffle chaud et ses baisers brulants, sa langue dardant légèrement, si près et si loin à la fois, encore trop éloignée de mon sexe. Je laisse échapper un gémissement de frustration.
Je le sens sourire contre ma peau. J’imagine la lueur diabolique de son regard noir quand il me murmure :
- Je vais faire de toi ce que je veux ce soir. Tu vas me détester et m’adorer. Avant la fin de la nuit, tu me supplieras de te baiser. Et je verrai si je suis disposé à le faire et à t’autoriser à jouir…
[A suivre…]
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