4-Autolyse partie 3/3 et conclusion
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Le district fédéral restait solidement gardé. Habituellement des patrouilles circulaient régulièrement. Mais ce soir, ce n’était pas le cas. Un mystérieux incendie d’origine criminelle avait amené une part non négligeable de l’effectif à quitter leur position.
Le message tenait ses promesses, près de la statue, Reja et Strask trouvèrent une valise, ainsi qu’un speeder, celui de Reja.
- Notre agresseur a emprunté notre moyen de transport.
Strask ouvrit la valise. A l’intérieur. Tout ce qu’il fallait pour rejoindre la personne qui les attendaient à l’intérieur.
- Je vais devoir aller seul.
- Je sais.
Strask sortit de la valise deux bracelets. Le premier portait un cadran laser, il indiquait la direction et les coordonnées précises du point de rendez-vous. Le second, dans la paume de sa main lui paraissait plus grand et plus lourd, des boutons volumineux en émergeait. D’une simple pression sur l’un d’eux, un léger picotement le traversa, il aperçut le visage de Reja se déformer sous la surprise ou comme si elle avait senti une odeur désagréable.
- Le fleuron de la technologie Bothan, la couverture parfaite, l’invisibilité. D’après ce qui est indiqué sur la seconde montre je ne peux rester dans cet état qu’un court instant, le temps de se rendre au point de rendez-vous.
Reja tendit un blaster là où elle pensait voir Strask.
- Prends-le. Si l’assassin refuse de se rendre, tu pourras toujours la capturer pour t’innocenter.
- Merci Reja.
Le dispositif d’invisibilité avait un effet secondaire. A ses oreilles, résonnaient de désagréables murmures lointains et péjoratifs comme s’ils étaient prononcés par des collègues jaloux de l’académie.
Il franchit plusieurs grands escaliers. Être invisible n’était pas de tout repos. Il fallait se défaire des habitudes du peuple des visibles. Se glisser, se faufiler devenait une nécessité puisque personne ne se décalait spontanément. S’il ne faisait pas attention il risquait de se faire repérer en se faisant marcher dessus ou bousculer.
Régulièrement, comme indiquaient les instructions il devait s’arrêter afin de permettre à la batterie de recharger son invisibilité. Plus d’une fois, il crut avoir été aperçu mais l’absence de réactions montraient bien que les têtes d’œufs ne voyaient vraiment rien à travers leur casque.
Après les larges escaliers, les couloirs démentiels, il arriva dans une large salle répartie sur plusieurs étages. Différentes caisses formaient des couloirs étroits et des tas dont les sommets se perdaient vers un sombre plafond. Strask écarta l’une d’entre elles. Le bracelet émit à intervalles réguliers des halos de lumière verte. Il contempla les alentours, intrigué.
- Avant, il s’agissait d’une bibliothèque, une des plus grandes et des plus belles de toute la galaxie. Désormais, ce n’est qu’une gigantesque remise. Le temps est impitoyable. Il est impossible de revenir en arrière et de chercher à changer les choses. Ou tout du moins, cela doit le rester.
Strask scruta l’obscurité. Son bracelet avait cessé de clignoter. Trois yeux verts dont un abîmé s’allumèrent et une ombre se dégagea derrière une rangée.
- Je vous vois professeur. Dix minutes doivent s’écouler au minimum pour que le camouflage optique puisse pleinement fonctionner pour un retour.
Strask recula tandis qu’il vit la silhouette s’approcher et ôter sa cagoule pour révéler son visage.
Un bothan, une bothane, comme il l’avait prédit.
- Je me nomme Dall Ilya. Je suis ravie que vous ayez pu me rejoindre. Fournissez moi la seconde partie de l’artefact professeur. Expert dans votre domaine, vous soupçonnez au moins la dangerosité d’une telle pièce historique dans de mauvaises mains. Faîtes moi confiance, je connais votre réputation ainsi que celle de votre père. Je vous présente mon visage car vous pouvez faire confiance aux Bothans mais aussi à une Jedi.
Strask écoutait attentivement. Ses douleurs lui paraissaient secondaires et il demanda :
- Je connais les Jedi par réputation. Je refuse de croire que vous puissiez être un Jedi. Pourquoi avoir tué le docteur Adawi ? Avez-vous la moindre idée dans quels ennuis vous m’avez amené ? Ma vie est fichue par votre faute.
Dall Ilya porta sa main à son ceinturon. Strask eut peur de la voir dégager une lame ou une batte. A la place, elle sortit d’une poche, une sorte de bracelet incomplet et brillant. Celui-ci posée au creux de sa main resplendissait d’un éclat mystérieux.
- Comme vous pouvez le constater, seul un adepte de la Force peut activer le mécanisme. Quant au professeur Adawi, il s’agit d’un accident regrettable. S’il ne s’était pas opposé. Je n’aurais pas eu à l’éliminer. Maintenant professeur, le temps presse et l’histoire de la galaxie est en jeu.
- Mon honneur l’est également. Pourquoi étiez-vous là quand j’ai rejoint mon bureau ce matin ?
- J’attendais le moment où vous reviendrez. J’avais fouillé votre appartement sans succès. Je pensais que vous l’aviez dissimulé dans un meuble comme un appareil de communication.
- Travaillez-vous pour le sénateur ?
- Il n’y a pas que le sénateur pour défendre la cause Bothane et de façon plus efficace. D’autres ambitieux rêvent de prendre sa place et préfèrent servir la rébellion tout comme moi.
- Alors pour qui ? Que faîtes vous...
Strask cligna des yeux. Il en était certain Dall Ilya venait de faire un geste d’une main.
- Vous essayez de rentrer dans ma tête pour m’influencer ? Pas de chance, je ne suis pas un esprit faible moi !
- Avez-vous l’autre partie comme je vous l’ai demandé ?
Dit-elle tout en abaissant sa main.
- Oui. Mais je ne vous le donnerais pas. Je dois récupérer la seconde partie ou vous capturer pour pouvoir m’innocenter.
Dall Ilya se rapprocha. Mais Strask sortit son blaster.
- Je suis armé.
Elle arrêta sa marche et considéra la situation, avant de s’approcher à nouveau. La seconde partie du torre était rangée dans une pochette dans sa ceinture à présent.
- Un pas de plus et je tire.
- Professeur, vous ne tuerez personne ce soir.
- Pourquoi cela ?
- Vous ne savez pas vous en servir.
Strask recula d’un pas. Il ferma les yeux et appuya sur la gâchette. Il s’attendait à une détonation, une lumière rouge à travers ses paupières. Mais tout restait sombre et le blaster restait silencieux.
Il sentit le dos d’une caisse derrière lui. Il rouvrit les yeux. Il devait courir, jeter son arme à la figure de Dall et chercher à redevenir invisible.
Une main le saisit à la gorge et le plaqua. Le costume de Dall émettait des crissements. Une larme argentée brillait dans sa main.
Soudain, un éclat de lumière violette embrasa la pièce. Un bras tranché et sanglant vola accompagné d’un éclat argentée et s’écrasa dans un bruit mat au sol.
Dall n’eut pas le temps de se retourner. Un laser traversa de part et d’autre sa poitrine, sa pointe chatouilla le sternum de Strask. La lame aurait pu pénétrer son cœur si elle avait été plus longue. Le visage de Dall resta figer dans un étonnement muet avant de s’effondrer sur Strask. Sa prise autour de sa gorge ne faiblissait pas. Strask chercha à la repousser. La seconde partie du torre avait glissé un peu plus loin, éclatante sa lumière baignait les alentours.
Une personne se pencha et la ramassa. Strask héla cette personne. Si jamais, elle ne lui laissait pas au moins cette partie, jamais il ne pourrait prouver son innocence et sauver l’honneur de sa famille.
L’assassin de Dall se retourna. Il portait de longs cheveux roux, un regard intense et son corps dégageait un parfum entêtant. Même aux seules lumières du torre et du sabre, Strask n’aurait pu se tromper.
Reja…
Reja Maad éteignit son sabre avant de le ranger tout comme le torre.
Normalement, Strask aurait hurlé son nom, il lui aurait demandé pourquoi. Il ne comprenait pas. Il n’arrivait plus à réfléchir et continuait à fixer Reja qui se baissait pour ramasser le blaster. Dans la pénombre, il la vit d’un doigt ganté lever le cran de sûreté de l’appareil.
A présent au dessus de lui, le regard de Reja le fixait. Il était gris et vague, comme engagé dans un dialogue intérieur. La pointe du canon caressait sa rétine. Puis, comme dans un enregistrement au ralenti, Strask vit le doigt ganté de Reja appuyer sur la gâchette.
***
Reja fit rouler sa tête. C’était une bonne chose de faîte. Maintenant, elle devrait gérer toutes les conséquences. Les ordres télépathiques demeuraient clairs, pas de témoin.
Elle alluma son comlink et la projection holographique d’un homme vénérable dans une large robe blanc et or de chancelier se dressa.
- Oui mon enfant.
- Mission accomplie Maître.
- Excellent agent Mara Jade.
- Pour la deuxième partie Maître, dois-je…
- Cela ne sera pas nécessaire. Une simple demande de ma part suffira à récupérer la partie manquante. Je suis fier de toi Mara. Tu as beaucoup progressé depuis tes débuts.
De tels propos ne laissaient pas indifférents et Mara Jade inclina la tête dans une posture respectueuse. Cependant, depuis qu’elle avait rencontré le professeur Breil’lya et qu’il avait abordé avec lui ses recherches, une question la travaillait :
- Cet holocron appartenait à un ancien Sith Darth Era qui y a concentré tous les résultats de ses recherches. Celui-ci avait découvert que l’espace et le temps constituaient un univers parallèle au notre, cet holocron contiendrait le moyen de pouvoir y accéder. Ainsi l’Empire pourrait corriger les erreurs de l’Histoire de la Galaxie, il pourrait ainsi élaborer un monde meilleur, sans souffrance. L’Histoire appartient à celui qui est capable de l’écrire. Cependant, détenir le pouvoir et les ressources à un instant donné de l’Histoire n’est pas suffisant pour pouvoir la ré-écrire dans le bon sens. Il restera toujours parmi le peuple des éléments dissidents qui chercheront à la ternir ou à cultiver des histoires alternatives. Seul celui qui détient le pouvoir d’accéder aux flots du temps pourra inscrire une ère profonde de prospérité pour tous les peuples au service de l’Empire. Sache que tu as raison de te poser des questions. Fais cependant attention que ton esprit pur ne soit pas obscurci par des considérations futiles.
- Oui Maître.
L’hologramme disparut. Reja releva la tête. Elle récupéra dans la poche du professeur Breil’lya son comlink modifié et le brisa.
Durant sa mission d’infiltration, elle avait écouté, elle avait observé. Par tous les moyens elle devait surveiller, rapporter et enfin ramener les travaux de recherche archéologique à son Maître. Par les paroles, par l’action et par la force, elle avait identifié les questions et les motivations du Professeur Breyl’lia pour le conduire là où il était nécessaire de l’emmener. Elle avait pu commettre quelques imprudences, mais jamais au point de trahir sa mission. Un autre temps, une autre vie, Strask aurait survécu, peut-être aurait-il compris. Elle n’aurait juste eu qu’à s’accaparer de l’artefact, mais des restes de l’ancienne République décadente, des corrompus et des rebelles détestables s’en étaient mêlés.
Adieu professeur, j’aurais aimé rester votre amie.
***
Le rapport officiel fut le suivant :
« La présence d'un troisième partie mené par un agent de terrain – Professeur Strask Breil’lya - expliquerait la disparition de l'holocron. Son corps a été retrouvé aux alentours du district fédéral en compagnie d’un complice. Tout porte à croire qu’il y a eu un règlement de compte et que les deux parties se soient entre-tués simultanément. Ce même complice qui a participé activement à l’évasion du Professeur Strask Breil’lya. Le Professeur Strask Breil’lya s’apprêtait suite à une entrevue prolongée avec l’Officier Barker à reconnaître les faits. Le Professeur Strask Breil’lya n’a pas hésité à recourir à de la violence envers des agents en service. (voir l’enregistrement dédié).
Mesure prises :
- Enquête classée
- Promotion de l’Officier Barker au grade de Capitaine pour état de service exceptionnel suite à sa 100ème enquête menée avec succès.
- Ouverture d’une enquête interplanétaire menée par le Capitaine Barker sur le rôle présumé de la famille Breil’lya dans la mise en place d’un réseau criminel rebelle.
***
Après plus d’une année, les cendres – présumées – du professeur Strask Breil’lya ont été ramenées sur sa planète d’origine pour être inhumées.
Le père Askrut Breil’lya, veuf et sans enfants, a tenu une cérémonie à la mémoire de son fils. Une mystérieuse femme humaine était présente ce jour-là, affirmant l’avoir bien connu elle aurait affirmé que Strask Breil’lya était un bothan courageux, respectable et honorable, qui aimait sa famille et a toujours cherché à veiller aux traditions de sa famille et de son peuple ; malgré une vie bien trop courte, le professeur Strask Breil’lya aura contribué par sa personnalité brillante à l’histoire de la Galaxie.
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