Je ne veux pas me réveiller. La douleur serait trop forte… Tandis qu’ici dans le noir, refermée sur moi-même… Je ne ressens rien… Ni douleur, ni haine, ni amour, ni tristesse.

- Coucou belle demoiselle…

-Qui est là ? Laissez-moi tranquille…

- Dit donc si j’avais su que Klaüs me scellerai dans une mauviette pareille… J’aurai refusé net.

Il parle de mon père... J’ouvre les yeux : il fait toujours aussi sombre mais je perçois comme une petite montagne au sommet duquel se trouve un magnifique trône de velours rouge aux dorures exceptionnelles. Quelqu’un est assis dessus... Je suis allongée dans de l’eau couleur grenat mais je ne suis pas mouillée. Je me relève et regarde mes poignets : plus aucune blessure. Je lève les yeux vers la personne qui me parle et suis subjuguée.

Assis de travers sur son trône, un jeune homme me toise de haut en bas avec dans les yeux une lueur de malice. Sous ses cheveux mi-longs de la même couleur que les miens se cachent des prunelles argentées, d’un gris presque trop pur pour l’espièglerie que dégage son regard. Sa peau est d’un noir profond et tranche avec les couleurs claires de ses yeux et de ses cheveux. Sa bouche s’étire d’un sourire que je qualifierai de moqueur. Enfin, à ses oreilles pointues pendent deux gros anneaux dorés ainsi qu’une multitude de petites boucles argentées et noires. Il est vêtu d’un pantalon de lin blanc et d’un long manteau blanc lui aussi, d’un tissu plus fin, laissant apparaître son torse musclé aux multiples cicatrices.

- Judays Ravilya, murmurai-je.

- Premier fils du grand Lucaryo et prince démon, en personne.

Il s’approche de moi : il semble si léger qu’il paraît flotter dans les airs… Je n’arrive pas à détacher mon regard du sien…

- Oh ma mignonne… Ne me regarde pas comme çà… Je serai capable de te manger toute crue…

Il me sourit d’un air angélique avant d’attraper mes poignets d’une main et de me faire virevolter de sorte que je sois appuyée contre son torse. Je me débat mais je suis encore trop faible. Il en profite pour passer une langue dans mon cou pendant que son autre main me caresse le flanc gauche. Je sens la colère brûler en moi et sans prononcer un mot je lui envoie une douche froide.

Il éclate de rire et me chuchote à l’oreille.

- Voilà. C’est beaucoup mieux. Je te préfère zethys que chatte… Réveille-toi ma déesse. Je réapparaîtrai au moment voulu… En attendant, tu pourras user de mes pouvoirs à loisir…

- Je ne comprends rien…

- Chuuut… Même si je t’explique maintenant, à ton réveil tu ne te souviendras de rien… Même pas de mon nom… A bientôt, ma déesse.

Là, il me retourne face à lui. Ses larges mains en coupe sur mon visage, il dépose sur mes lèvres un baiser chaste qui envoie dans mon corps une onde de chaleur presque insupportable.