Ces vacances de fin d'année scolaire furent sans doute les pires vacances de ma vie !

Père n'a pas eu de nouveau voyage d'affaires durant ces trois semaines, mais il passait ses journées entières dans son bureau. Je ne le voyais qu'au dîner, durant lequel personne ne desserrait les dents, sauf pour manger.

Mère, comme à l'ordinaire, ne m'adressait la parole que lorsque c'était nécessaire.

Ce furent donc des vacances bien mornes pour moi. Les journées se ressemblaient toutes.

Pour oublier ma tristesse et ma solitude, je tentais de me distraire en me plongeant dans mes activités préférées : jouer du piano, chanter, danser et lire, mais j'avais le coeur trop lourd pour prendre pleinement du plaisir dans ce que je faisais.

C'est au bout de ces trois semaines bien mornes et monotones que le jour de la rentrée scolaire arrive.

Ce jour-là, je me lève avec une boule au ventre et la gorge nouée. Je me prépare comme à l'ordinaire. Je ne peux pas savourer le petit-déjeuner, mais je me force à l'avaler.

Cette fois encore, je décide de me rendre à l'école à pieds. Durant chaque minute, chaque seconde, j'appréhende la fin de cette demi-heure de marche.

J'arrive finalement devant le collège. Je franchis le portail, mais ne continue pas tout droit vers le bâtiment principal. Je tourne à gauche. Une montagne se dresse à présent face à moi, je dois la gravir. Je le fais donc et c'est une activité bien plus physique que la danse ! J'arrive au sommet de la montagne un peu essoufflée.

Devant moi se trouve un vieux petit bâtiment en bois. Je m'approche et en ouvre la porte. Je me retrouve dans un couloir. Le plancher grince à chacun de mes pas pendant que je me dirige vers la salle au-dessus de laquelle un écriteau indique : "3-E". J'ouvre la porte pour découvrir ma nouvelle salle de classe.

C'est une vieille pièce en bois, comme tout le reste du bâtiment. Il y a des chaises et des pupitres, comme dans toute salle de classe. Sur une petite estrade se trouve le bureau du professeur derrière lequel est accroché un tableau noir.

Je découvre en même temps que la pièce mes nouveaux camarades. Il y a là plus de vingt élèves parmi lesquels je reconnais Nagisa. Il est assis à l'avant de la classe, à la deuxième place en partant de la fenêtre. Je décide de m'asseoir près de lui.

En entrant dans la pièce, je suscite une vague de murmures. Il faut dire que je suis très connue dans mon école, en grande partie grâce à mon nom de famille.

Lorsque je suis installée, Nagisa me salue :

- Salut, Sakura ! m'adresse-t-il avec le sourire.

- Bonjour Nagisa, lui répondé-je en lui retournant timidement son sourire.

- Comment vas-tu ? Tu as passé de bonnes vacances ?

- Pour être tout à fait franche avec toi, pas vraiment . . .

- Nous sommes dans le même bateau alors . . .

Quelques secondes plus tard, le professeur entre. C'est une jeune femme aux yeux noirs. Elle a de courts cheveux avec une frange qui tombe sur ses yeux et encadre son visage. Elle est jolie. Par contre, elle a des goûts vestimentaires . . . assez particuliers.

Elle monte sur l'estrade et s'adresse à nous avec un grand sourire :

- Bienvenue à tous ! Je m'appelle Aguri Yukimura et je serai votre professeur principale pour cette année. J'espère que nous parviendrons à instaurer ensemble un climat d'entente mutuelle pour pouvoir travailler dans les meilleures conditions !

Personne ne répond à cette présentation, mais cela n'empêche pas mademoiselle Yukimura de nous enseigner les leçons de la journée avec beaucoup d'entrain. Elle est gentille et intelligente, mais elle a du mal à nous motiver.

Néanmoins, la voir pratiquer son métier avec autant de joie et de passion me redonne quelque peu le moral.

Mais je pense que ce que j'aime le plus chez elle, c'est le sourire sincère et naturel qu'elle nous offre toute la journée, tandis que les autres professeurs et élèves nous méprisent.

Malheureusement, nous n'avons pas pu en profiter encore très longtemps . . .