Avenir

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En levant la tête, je remarque Karma, qui marche tranquillement devant moi. Il a tellement de chance ! Il sait parfaitement ce qu'il veut mais il sait aussi l'exprimer et se faire entendre de tous ! Lui doit savoir comment je devrais m'y prendre . . .

Je prends mon courage à deux mains :

- Karma ?

- Hmm ? fait-il en se retournant vers moi.

- J'aimerais te poser une question . . .

- Je suis tout ouïe, répond-il en souriant, qu'est-ce que tu veux savoir ?

- J'aimerais savoir . . . Comment m'exprimer face à mes parents ?

- Hmm ? Qu'est-ce que c'est que cette question ? me demande-t-il en s'arrêtant.

- Je sais que ça peut te sembler bizarre, à toi qui a toujours su t'exprimer ouvertement à qui que ce soit, mais je n'ai pas du tout l'habitude de révéler le fond de ma pensée et encore moins mes sentiments aux autres, alors je ne sais pas du tout comment m'y prendre !

- Qu'est-ce que tu veux dire à tes parents ?

- Je veux simplement leur dire que je suis passionnée par les arts et que je veux en faire mon métier, mais j'ai peur de les décevoir !

- Tu vois ? C'est simple ! Dis leur exactement ce que tu viens de me dire !

- Comme ça ? Je ne dois pas m'y prendre d'une manière particulière ?

- Si tu veux mon avis, quand tu veux exprimer tes pensées ou tes sentiments à quelqu'un, tu dois le faire de la manière la plus simple et la plus naturelle possible afin que le message sois clair et simple à comprendre. Alors ne te casses pas trop la tête et, comme on le dirait dans une histoire pour enfants, suis ton coeur !

Il est rare que Karma parle avec autant de sagesse et de douceur. Ses paroles me touchent sincèrement. Je lui offre donc mon plus beau sourire en guise de gratitude :

- Merci beaucoup Karma !

*

Je rentre à la maison à pied. J'appréhende beaucoup cet instant mais, d'un autre côté, les paroles de Monsieur Koro et de Karma m'ont donné confiance.

Une fois rentrée, je monte dans ma chambre pour me changer. Il est impensable pour mère que je me présente autrement qu'en kimono dans cette maison. Je revêts donc un kimono pourpre orné de roses rouges et relève mes cheveux en un chignon que j'orne de la même fleur.

Je quitte ensuite ma chambre et descends les escaliers. Je retrouve mère dans le petit salon. Je commence par la saluer, en m'inclinant avec respect :

- Bonsoir mère, je suis rentrée.

- Bonsoir Hana.

Je me redresse et lui demande :

- Père est-il à la maison ?

Père a voyagé quelques fois au cours de l'année pour ses affaires mais il est revenu de son dernier voyage il y a quelques jours. Mère me répond donc :

- Il travaille dans son bureau.

- Pensez-vous qu'il puisse nous rejoindre maintenant ? J'ai besoin de vous parler de quelque chose d'important, sa présence est nécessaire.

- Tu veux nous parler de quelque chose d'important, dis-tu ?

- Oui, mais il faut que père soit là pour m'écouter.

- Tu sais bien qu'il est occupé.

- Oui, mais je n'en ai pas pour longtemps. Je veux juste que vous sachiez quelque chose, ce ne sera pas long.

- Il n'a pas de visite aujourd'hui, tu peux donc aller le voir et lui demander par toi-même s'il peut se libérer quelques instants.

- Merci, mère.

Je m'incline légèrement devant elle avant de quitter la pièce. Je monte à l'étage et traverse le couloir pour arriver jusqu'au bureau de père. Une fois devant, je toque à la porte. Quelques secondes après, la voix de père répond :

- Entrez !

J'entre donc. Père est assis à son bureau, un stylo à la main. Son ordinateur portable et une pile de papier sont posés devant lui. Je me mets face à lui pour le saluer :

- Bonsoir père.

- Bonsoir Hana. Que veux-tu ?

- J'ai besoin de vous parler. Ne pourriez-vous venir quelques instants au petit salon ? Ce ne sera pas long, je vous le promets.

Je le regarde droit dans les yeux. Il doit comprendre que c'est très important, car il se lève en disant :

- Soit ! Je vais écouter ce que tu as à dire, mais tu dois être brève car j'ai du travail.

- Oui, père.

Nous nous réunissons donc tous trois dans le petit salon. Mes parents sont installés dans des fauteuils. Je me place face à eux pour leur annoncer :

- Père, mère, je vous remercie de m'avoir accordé ces leçons de danse et de musique. Je suis passionnée par ces arts, j'aimerais en faire mon métier. Je veux devenir une artiste.

Mes parents me regardent avec un drôle de regard. Pendant quelques secondes, ils doivent se demander si je suis bien sérieuse. Père, comprenant que je ne plaisante pas, s'adresse à moi en ces termes :

- Et que fais-tu de l'entreprise familiale ? Tu comptes abandonner tes devoirs envers ta famille uniquement pour ces futilités ? Artiste, ce n'est pas un métier sérieux ! Les artistes ne sont pour la plupart que des mendiants ! Crois-moi, ce n'est pas un métier convenable pour toi ! Alors je te prie de bien vouloir oublier ces bêtises !

- Je vous en prie père, comprenez-moi ! Je veux juste faire ce que j'aime et être heureuse !

- Ce métier ne t'apportera pas le bonheur ! L'entreprise que je te lègue te permettra d'assurer ton avenir. Tu ne manqueras de rien et tu pourras assurer à tes enfants un avenir radieux ! Que te faut-il de plus pour être heureuse ?

- Je veux juste faire ce que j'aime ! Comment pourrais-je être heureuse si je fais tous les jours un travail qui ne me plait pas et qui ne sera rien de plus pour moi qu'une corvée ?

- C'est ton devoir ! Tu es mon unique héritière alors tu dois assurer la succession de cette entreprise !

- Je vous en prie père . . .

- Suffit ! Cette discussion puérile me fait perdre mon temps ! Le sujet est clos, je ne veux plus que tu en parles !

- Mère . . .

- Je suis désolée, Hana mais je suis de l'avis de ton père.

C'est alors, pour la première fois, que je réalise pleinement :

- Alors, je ne suis rien de plus pour vous ? Vous ne me voyez que comme une simple héritière ? Vous ne voyez en moi que celle qui doit maintenir votre nom et votre réputation dans l'avenir ? Je ne suis qu'un simple outil social pour vous ?

Mère me regarde avec étonnement :

- Hana . . .

- C'est pour cela que vous ne pouvez pas me comprendre. Mon bonheur vous importe peu au fond, n'est-ce pas ?

- Hana . . .

- Je refuse d'être sacrifiée !

Je crie cette dernière phrase avant de courir vers la porte de la maison. Je l'ouvre et m'élance dehors. J'entends mon père crier mon nom, mais ne m'arrête pas pour autant. Arrivée devant le portail de la propriété, je me sers de mon élan pour sauter par-dessus. J'atterris de l'autre côté et continue à courir. Je cours sans m'arrêter ni même me retourner.

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