La complainte de la goutte au nez
Sniff, sniff sniff, la goutte au nez qui se forme, grossit, menace de choir. Vite un mouchoir. Enrayer la molle chute. Souffler côté droit, côté gauche, essuyer le mouché. Plier son kleenex avec précaution, ne pas traverser de son index le délicat papier trop humidifié pour rester solide, plier la partie sèche tournée vers l'extérieur. Jeter. Non ! Réflexe de blaireau. Non. Où déposer ce petit tas de papier morveux ? Réfléchir... De guerre lasse l'enfoncer dans sa poche ? Hmm, le cacher sous la pierre. L'honneur est sauf, la poche aussi.
Sniff, sniff ! Re- goutte au nez, trop lourde à nouveau pour rester accrochée sur le bout du nez ou cachée au fond du cornet. Plus de kleenex ! Retourner sous la pierre ? Berk. Sniff, sniff, utiliser une manche ? Le revers de la main ? Sniff sniff sniff sniff ! Y a urgence. Un bar.
- un café s'il vous plaît.
Attendre négligemment le temps imparti l'air de dire :
- je viens pour un café, juste pour un petit café...Merci, je vous dois combien ?
Sniff, sniff.
Vite filer au toilettes, prendre un bon mètre de papier et souffler, souffler à s'en faire péter les tympans, souffler pour ne plus sniffer. Répit. Le rhume s'éloigne.
- Au revoir.
La rue, le soleil, être au monde tout entier, quel bonheur !
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