Carmagnole
Petite Femme du sud mate mais pas matée, le sourire net comme une coupure au rasoir, cheveux broussailleux et buissonnant au-dessus de sa tête en bouquet de chêne kermesse, petit bout de femme d’ici née sûrement entre les deux bras du Rhône, Petite Femme danse ce qui pourrait être du rock si elle ne le massacrait pas à chacun de ses pas. Elle s’en fout d’ailleurs elle se balance et s’en balance, estropie le rythme, s’empare d’un cavalier ou d’une cavalière peu lui importe et se rue à l’assaut de la piste. Elle impose, s’impose, en impose. Elle s’en fout pourvu que la musique couvre le quotidien, que le moment bouscule les ombres sur son front.
On est à La Carmagnole, on oublie qu’on n’est pas des révolutionnaires mais on joue ce soir à la Passionaria, quartier de Figuerolles fait de flamenco, de bonheur et de malheur. On écoute le Jazz Caliente d’Anna Cruz, assis autour de quelques tables serrées les unes contre les autres. Coude contre coude, épaule contre épaule on mange, on boit, on rit, on oublie demain. On se dit « on est bien » parce qu’on est entre soi, entre gens qui pensent tous pareil et ça fait du bien.
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