Ne lève pas les yeux
Je vis le nez dans le troupeau.
Dans la chaleur de mes frères.
De la vie ne verrai que leurs fesses.
J’avance et je pense.
Je pense.
Pas plus loin que le bout de mon nez.
J’y veille !
Je pense ma vie au troupeau.
Ma vie qui passe au pas l’un de l’autre.
Dans la pénombre du nombre.
La certitude de l’ignorance.
La tête fourrée au musc familier.
Dans les poches, les oreilles
devant les yeux
des images,
des menus déroulants,
des machines à conseiller.
J’avance gourmande de catalogues
De gloire et de célébrités.
Le bonheur d’une Lolita ?
J’y veille !
Mais les idées qui me soudoient
sentent l’envie d’aller voir
par-dessus les têtes.
Faut pas !
J’ai levé les yeux.
Fallait pas !
J’ai vu des fleurs qui ne fleurissent que la nuit.
Je les ai vues!
Ça donne envie d’aller là-haut !
Faut pas.
Faux pas !
Depuis j’avance tête à cul.
Du dedans je regarde ma prairie.
Je vis fade.
Heureuse du dehors uniquement.
Mes pensées me poussent hors du troupeau…
J’ai perdu les yeux de Lolita.
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