Oklahoma Jones et la secte du monotrème (fin)

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Oklahoma Jones aperçut bientôt une lueur incertaine, comme une flamme oscillant sous le vent. Il rampa les derniers mètres pour ne pas se faire repérer et vit qu'il surplombait de plusieurs mètres une vaste salle où pas moins de quinze personnes, vêtues de costumes d'époque, chantaient le chant rituel des Pihpiqâhka :

Pihpiqâhka, Pihpiqâhka, Pihpiqâhka,

Puslanana Emoulkhafey !

Pihpiqâhka, Pihpiqâhka, Pihpiqâhka,

Toolmondypu, yhsanlacar Ogne !

Pihpiqâhka, Pihpiqâhka, Pihpiqâhka,

Yakleuh granbabu Qisanlod Qhologne !

Pihpiqâhka, Pihpiqâhka, Pihpiqâhka,

Sélech Troomf delalhu nelesh Troomf leuhplubo !

Ah, cette chanson religieuse des Pihpiqâhka, qui était restée gravée dans l'ADN des civilisations ayant découlé de celle-ci, ayant parfois même été fredonnée par les aïeux devant des petits enfants avant que le texte ne se perde, ainsi que son sens, et que seules demeures des transcriptions phonétiques des paroles...

Oklahoma Jones se sentait tout guilleret. Enfin, il pouvait chasser le doute, il avait mis la main sur le repère de la Secte du Monotrème, gardienne ancestrale de l'idole à tête d'ornithorynque et adoratrice du chocolat, des ornithorynques et de la grande déesse-mère Yogurta, protectrice des couvertures à pois, des pingouins albinos et des auteurs de Scribay. Déjà, les membres de la secte apportaient tout un troupeau de cabosses, qui suivaient docilement leurs pâtres, sans se douter qu'elles allaient être sacrifiées. Le grand-prêtre saisit une machette, l'abattit impitoyablement sur la première cabosse, et la suivante, et ainsi de suite. Quand tout le troupeau eut été massacré, les aides du grand-prêtre apportèrent une marmite de lait bouillant et y plongèrent les dépouilles des cabosses. Le lait se teinta instantanément du marron foncé de leur sang, tandis que les membres de la secte attendaient, un bol à la main, qu'ils mélangent, ajoutent des épices, et leurs versent leur tribut.

Alors que toute la secte s'abreuvait du sacrifice de ces cabosses innocentes et que le grand-prêtre apprêtait déjà les coques pour les momifier suivant le rituel, Oklahoma descendit discrètement une petite pente qui menait jusqu'au sol. Sa corniche était la plus élevée, ce qui fit qu'il dut passer devant de nombreuses ouvertures avant d'atteindre le sol, mais il savait au moins qu'il y aurait un moyen de s'enfuir s'il se faisait repérer.

Son plan était simple : pendant que les immondes membres de la secte se délectaient du chocolat chaud de leur sacrifice, l'idole était sans surveillance. Il s'approcha pas à pas, sur la pointe des pieds, espérant ne pas se faire repérer, car il est vrai qu'une grosse doudoune rouge à rayures blanches peut trancher sur une paroi rocheuse, et tendit la main vers l'autel où se trouvait l'idole dorée.

Il s'apprêtait à se saisir de l'idole lorsqu'il y eut un courant d'air, un rire idiot et l'idole disparut. En regardant en l'air, Oklahoma Jones aperçut son cousin Indiana, qui se balançait jusqu'au plafond, cramponné à son lasso, l'idole sous le bras.

"Je t'ai encore battu, Oklahoma ! lui lança-t-il. On se revoit à la prochaine grotte !"

Et il disparut, laissant Oklahoma avec ce doute :

Avait-il rêvé, ou Indiana venait-il de lui pourrir la vie de nouveau ?

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