Le voyage vers la rivière s’avéra plus ardu que prévu. La caravane et L'Aigle de Fer progressaient ensemble, mais le terrain devenait de plus en plus hostile à mesure qu'ils avançaient. Les vastes plaines désertiques cédèrent bientôt la place à des paysages rocailleux et accidentés. Les chariots de la caravane, bien que robustes, peinaient à franchir les crevasses et les formations rocheuses abruptes qui surgissaient régulièrement sur leur chemin. Chaque avancée nécessitait une vigilance constante, obligeant le groupe à ralentir pour éviter les pièges naturels dissimulés sous les couches de poussière et de pierre.

Alistair, toujours en tête du convoi, guidait les marchands avec une attention minutieuse, évaluant chaque pas et chaque mouvement. Finn, quant à lui, se faufilait à travers les ombres des rochers, cherchant des routes plus sûres et signalant les dangers à venir. Le dirigeable, fidèle à sa mission, survolait la caravane, prêt à intervenir en cas de besoin. Evelyn et Elsa, depuis la cabine du vaisseau, surveillaient les systèmes et analysaient les données, cherchant à détecter tout signe de Draconis ou de menace cachée.

À mesure qu'ils approchaient de la rivière, les premiers signes de changement dans l'environnement commencèrent à se manifester. Le sol, autrefois sec et craquelé, devint progressivement plus humide, laissant place à une végétation rare mais tenace. Des touffes d’herbe éparse et quelques arbustes épineux surgissaient ça et là, témoignant d’une source d’eau proche. Le silence oppressant du désert fut peu à peu brisé par le murmure distant de l'eau, un son à la fois apaisant et étrangement inquiétant dans cet environnement inhospitalier.

Marek, toujours sur ses gardes, s’arrêta un moment pour observer les alentours.

« Nous y sommes presque, » déclara-t-il d’une voix grave. « Cette rivière est vitale pour la région, mais elle n’est pas sans danger. Les anciens disent que des choses inexplicables se produisent ici. Ceux qui viennent chercher l’eau ne reviennent pas toujours. »

Les paroles de Marek ne firent qu’accentuer l’atmosphère déjà lourde de mystère. Le groupe continua d'avancer, l’esprit alerte, alors que le bruit de l’eau se faisait de plus en plus distinct. Ils savaient que cette étape de leur voyage pourrait bien être une des plus importantes, mais aussi une des plus périlleuses. Les derniers mètres avant d'atteindre la rivière se déroulèrent dans un silence tendu, chacun des membres du groupe conscient que quelque chose de plus grand les attendait peut-être à cet endroit.

Après un voyage ardu à travers les terrains rocailleux, la caravane et L'Aigle de Fer arrivèrent enfin au bord de la rivière. Cette étendue d'eau sinueuse offrait un contraste saisissant avec le paysage désertique qui les entourait. L'eau, claire et immobile, s'écoulait doucement, mais elle dégageait une étrangeté palpable. Des reflets d’un vert émeraude scintillaient à la surface, ajoutant à l'atmosphère une touche presque surnaturelle, comme si la rivière elle-même recelait des secrets enfouis sous son calme apparent.

Les héros descendirent de leurs montures et du dirigeable, attirés par cette oasis au milieu de nulle part. L’air, plus frais et plus humide, apportait un bref répit après la chaleur accablante du désert. Cependant, l’étrangeté de l'eau, combinée aux avertissements de Marek, les maintenait sur leurs gardes. Cette rivière, bien que vitale, n'était pas sans mystères.

Le groupe décida de profiter de cette halte pour se ravitailler en eau et prendre un peu de repos avant de poursuivre leur voyage. Tandis que Finn et Alistair s’éloignaient pour inspecter la zone et s'assurer qu'aucune menace immédiate ne se cachait dans les environs, Seraphine se tenait au bord de l'eau, les sens en alerte. Elle ressentait une perturbation dans l'air, une présence subtile mais indéniable de magie ancienne qui flottait autour de la rivière. Ce sentiment d'étrangeté l'incita à rester vigilante, sachant que les apparences pouvaient être trompeuses.

Pendant ce temps, Evelyn et Elsa entreprirent d'examiner la qualité de l'eau. Elles prélevèrent quelques échantillons et les analysèrent sur place à l’aide de leurs instruments portables. À leur grande surprise, elles découvrirent que l’eau contenait des traces infimes de Draconis. Cette révélation, à la fois surprenante et inquiétante, souleva de nombreuses questions. Comment cette substance rare et précieuse avait-elle pu se retrouver dans cette rivière isolée ? Était-ce un signe qu'ils se rapprochaient de leur objectif, ou bien cela indiquait-il un danger encore plus grand ?

Tandis que le groupe se rassemblait pour partager ces découvertes, l'ambiance devint plus tendue. La rivière, avec ses eaux mystérieusement teintées, semblait cacher bien plus que ce que l'on pouvait voir. Chacun des héros savait que cette étape de leur voyage marquait un tournant. Le repos, bien que nécessaire, serait de courte durée, car ils pressentaient que quelque chose de plus grand, de plus ancien, les attendait encore.

Alors que le groupe s'apprêtait à quitter les rives de la rivière et à reprendre leur voyage, Finn, toujours en éclaireur, remarqua quelque chose d’étrange au loin. À quelques mètres du rivage, là où l'eau émeraude était la plus sombre, une silhouette indistincte flottait à moitié immergée. Intrigué et méfiant, il s'approcha silencieusement, ses sens en alerte. En s'approchant davantage, il distingua les contours d’un être humanoïde, gravement blessé et inconscient, son corps flottant mollement dans l’eau. Un frisson lui parcourut l’échine. Comprenant l'urgence de la situation, il appela les autres d’une voix tendue.

Le groupe accourut rapidement, chacun sentant l’importance de cette découverte inattendue. Seraphine fut la première à atteindre Finn. En s'approchant de la silhouette, elle ressentit immédiatement une énergie étrange, puissante, qui émanait de l’être. Ses yeux, habitués à percevoir les manifestations magiques, s'attardèrent sur des détails significatifs. Ce n'était pas un simple humanoïde.

« C’est un dragonnide, » murmura-t-elle, ses mots empreints d'un mélange de surprise et d'urgence.

Le corps de la créature portait les marques évidentes d'une bataille féroce : des écailles noirâtres, autrefois luisantes, étaient arrachées, révélant des plaies béantes. De profondes griffures défiguraient son torse et ses membres, et des brûlures, récentes et douloureuses, recouvraient une partie de son corps, témoignant de la violence de l'affrontement qu'il avait subi.

Sans perdre un instant, Elsa et Evelyn se mirent à l'œuvre. Evelyn, avec sa maîtrise de la médecine et de la mécanique, sortit rapidement un kit de premiers soins, tandis qu’Elsa, l’alchimiste du groupe, préparait en hâte une potion de guérison à base de plantes rares et de substances soigneusement dosées. Travaillant en parfaite synchronisation, elles nettoyèrent les blessures du dragonnide, appliquèrent des baumes cicatrisants, et versèrent la potion dans sa gorge pour stabiliser son état. Leur travail était minutieux et rapide, car le dragonnide était en danger de mort, ses forces le quittant à chaque instant qui passait.

Pendant que les soins se poursuivaient, Alistair et Finn restaient en alerte, conscients que cette découverte pouvait attirer des ennuis. Alistair, toujours pragmatique, organisa la défense autour du campement, tandis que Finn surveillait les alentours avec la discrétion d’un chasseur aguerri. Ils savaient que cette rencontre, aussi précieuse soit-elle, pouvait être le prélude à des dangers plus grands.

Peu à peu, sous les soins attentifs d’Elsa et d’Evelyn, le dragonnide commença à montrer des signes de reprise, bien que faibles. Sa respiration se fit plus régulière, et quelques couleurs revinrent sur son visage marqué. Le groupe restait silencieux, chacun absorbé par ses pensées. Qui était cet être mystérieux, et qu’est-ce qui l’avait conduit à cet état désespéré, ici, au bord de cette rivière énigmatique ? Les réponses viendraient peut-être bientôt, mais pour l’instant, une nouvelle question se posait : quel rôle allait-il jouer dans la quête qui les attendait ?

Le dragonnide reprenait lentement conscience, ses paupières s’ouvrant avec difficulté, révélant des yeux d’un vert intense, chargés de méfiance et de douleur. Il tenta de se redresser, mais son corps affaibli ne le lui permettait pas. Sentant son agitation, Seraphine s’approcha doucement, sa présence apaisante dissipant une partie de ses craintes. Elsa, toujours à ses côtés, lui offrit un sourire réconfortant, et peu à peu, la tension qui habitait le dragonnide se relâcha. Après un moment de silence, il parla enfin, d'une voix rauque et faible.

« Je suis Varek Ashfang, » murmura-t-il.

Dernier descendant d'une ancienne lignée de dragonnides, il veillait sur ces terres depuis des siècles, suivant les traditions ancestrales de son peuple.

Une fois qu'il eut récupéré un peu de force, Varek raconta ce qui l’avait conduit à cet état désespéré. Il avait été attaqué par des créatures qu’il n’avait jamais vues auparavant, des abominations monstrueuses, nées de la corruption de la Draconis elle-même. Ces êtres terrifiants, ni tout à fait vivants, ni tout à fait morts, avaient ravagé son sanctuaire, un lieu autrefois sacré pour les dragonnides. Leur puissance et leur cruauté étaient telles qu'il n’avait eu d’autre choix que de fuir, abandonnant derrière lui les ruines de son foyer. Pendant des jours, il avait erré, blessé et épuisé, jusqu’à ce que ses forces l’abandonnent près de la rivière.

« Cette rivière, » expliqua-t-il, « possède des propriétés curatives. Une ancienne magie, qui m’a guidé vers elle dans un ultime espoir de survie. »

Bien que toujours affaibli, Varek savait qu’il devait partager sa demande avec ceux qui l’avaient sauvé.

« Ces créatures, » murmura-t-il, le regard sombre, « ne s’arrêteront pas. Leur corruption se répandra, détruisant tout sur son passage, à moins qu’on ne les arrête. » Il marqua une pause, ses yeux cherchant ceux des héros. « Aidez-moi à retrouver et à éliminer cette menace, » demanda-t-il.

En échange, il leur offrit de les guider vers les anciens sanctuaires draconiques, des lieux cachés dans ces terres depuis des siècles. Il leur révéla que ces sanctuaires pourraient contenir des réponses sur la Draconis, et peut-être même une source encore inexplorée de cette précieuse substance.

Le groupe écouta attentivement, pesant la gravité des paroles de Varek. Ils savaient que s’allier à lui pourrait changer le cours de leur quête, mais ils étaient aussi conscients des dangers qui les attendaient. Pourtant, en regardant ce dragonnide déterminé malgré sa faiblesse, ils comprirent qu'il détenait peut-être la clé des mystères qui les entouraient.

Après avoir écouté les révélations de Varek, le groupe se retira légèrement à l’écart pour discuter de la situation. L'air était chargé de tension et de réflexion, chacun pesant les avantages et les inconvénients de ce nouvel élément imprévu dans leur mission.

Alistair, le premier à prendre la parole, ne cacha pas ses réticences.

« C'est un fardeau de plus, » déclara-t-il, les bras croisés.

« Nous avons déjà suffisamment de dangers à affronter sans ajouter à nos soucis. Il est affaibli, et sa présence pourrait attirer encore plus d'ennemis. »

Son ton était ferme, mais pas totalement fermé à la discussion.

Finn, toujours méfiant par nature, avait un avis légèrement différent.

« Certes, il pourrait nous causer des ennuis, mais il pourrait aussi être un atout inestimable. Un guide qui connaît ces terres et qui a des capacités comme les siennes pourrait nous sauver la mise plus d'une fois. Je dis qu’on devrait au moins considérer l’offre. » Sa voix trahissait une prudence prudente, mais aussi un certain pragmatisme.

Seraphine, quant à elle, prit la parole avec calme et conviction.

« Varek est plus qu'un simple fardeau potentiel. Il pourrait bien être la clé pour découvrir des secrets vitaux sur la Draconis. Si nous l’abandonnons, nous risquons de perdre une occasion unique de comprendre ce qui se passe vraiment ici, et peut-être de trouver une source de Draconis inexplorée. » Ses mots pesaient lourdement sur les esprits, rappelant à chacun l’importance de leur mission.

Elsa et Evelyn échangèrent un regard avant de parler à leur tour.

« Nous avons déjà vu ce que la rivière peut faire, » dit Evelyn. « Si Varek connaît d’autres lieux similaires, cela pourrait nous fournir des informations cruciales, non seulement pour notre mission, mais aussi pour comprendre les mystères de cette région. »

Elsa acquiesça, ajoutant : « Les propriétés curatives de cette eau sont fascinantes, et je ne serais pas surprise de découvrir des secrets encore plus profonds dans les sanctuaires draconiques. »

Après un moment de silence, où chacun pesait les arguments, Alistair hocha finalement la tête.

« Très bien, » concéda-t-il, non sans une certaine réserve. « Nous allons l’aider. Mais restons sur nos gardes. Nous ne savons pas encore tout ce que ce partenariat pourrait impliquer. »

Le groupe revint vers Varek, qui les observait avec une intensité calme, attendant leur décision. Seraphine s’avança et prit la parole.

« Nous avons décidé de t’aider, Varek. En échange, tu nous guideras vers les sanctuaires draconiques et nous protégeras avec tout ce qui te reste de force. Nous formons une alliance. »

Varek, bien que visiblement affaibli, acquiesça avec gravité.

« Vous avez ma parole, » répondit-il, sa voix plus assurée malgré sa fatigue. Un pacte venait d'être scellé, unissant leurs destins pour les épreuves à venir.

Avec cette décision prise, le groupe se prépara à se remettre en route, cette fois avec un nouvel allié à leurs côtés. La caravane, toujours fidèle à leur progression, attendait patiemment leur signal pour poursuivre le voyage. Le chemin qui les attendait serait semé d'embûches, mais avec Varek à leurs côtés, ils se sentaient un peu mieux équipés pour affronter les mystères et les dangers des terres inconnues. Le moment de reprendre la route approchait, et chacun dans le groupe se préparait avec une efficacité silencieuse. Les derniers préparatifs étaient cruciaux, et personne ne laissait place à l'improvisation. Varek, bien qu'encore faible, semblait retrouver peu à peu ses forces grâce aux soins prodigués par Elsa et Evelyn. Seraphine veillait à ce qu'il se repose autant que possible avant le départ, mais le dragonnide insistait pour se tenir prêt à voyager.

« Je n’ai pas le luxe de la faiblesse, » murmura-t-il, ses yeux verts brillant d’une détermination farouche. Pendant ce temps, Evelyn et Elsa, toujours curieuses de percer les mystères de cette étrange rivière, collectaient des échantillons d'eau.

« Il y a quelque chose ici, quelque chose que nous ne comprenons pas encore, » déclara Evelyn, ses instruments à la main, analysant les propriétés inhabituelles du liquide émeraude. Elsa acquiesça, emballant soigneusement les fioles remplies d'eau.

« Si nous découvrons d'autres rivières ou sources similaires, ces échantillons pourraient nous révéler bien des choses sur la nature de cette terre… et sur la Draconis. »

Pendant ce temps, Alistair et Finn s’affairaient à sécuriser le campement pour s’assurer que rien ne serait laissé derrière qui pourrait trahir leur passage. Alistair inspecta une dernière fois les équipements, ajustant les sangles et les armes, tandis que Finn faisait le tour du périmètre, ses yeux scrutant l’horizon pour détecter toute menace potentielle.

« Tout est en ordre, » annonça Finn en revenant vers le groupe, son ton calme mais vigilant. Alistair hocha la tête, satisfait. « Alors il est temps de partir. »

Le groupe se rassembla autour de Varek, qui se tenait désormais debout, prêt à guider ses nouveaux alliés à travers les mystères de ces terres anciennes. La caravane, fidèle et patiente, attendait le signal de départ. Le ciel au-dessus d’eux, autrefois d’un bleu pâle, commençait à s'assombrir, des nuages lourds s'accumulant à l'horizon, annonçant l’approche de nouvelles épreuves. Il était clair que leur voyage les mènerait plus profondément dans des territoires où le danger et l’inconnu étaient omniprésents.

Sans un mot de plus, le groupe et la caravane se mirent en route, avançant avec prudence et détermination. Varek, bien que toujours en convalescence, marchait en tête, ses sens aiguisés par des siècles de vigilance. Les héros savaient que chaque pas les rapprochait des réponses qu'ils cherchaient, mais aussi des dangers qui rôdaient dans ces terres oubliées.