L'olympe café
L'alarme incendie résonna comme un hymne de liberté pour Maïa, elle avait bien calculé son coup, elle avait amené tous les produits et les avait soigneusement mélangées à la vue du professeur. Il n'a fallu que quelques minutes pour que la fiole explose, laissant échapper une fumée âcre, inoffensive, suffisamment importante pour déclencher l'alarme et faire évacuer tout le lycée pour l'après-midi. Le temps qu'ils se rendent compte que cela n'était pas dangereux.
Au milieu de tous ces élèves paniquées Maïa, un sourire malicieux au visage, quittait les couloirs à toute allure dans son fauteuil roulant. Personne n'était dupe, Maïa était bien connue pour ces frasques chimiques.
Il y a bien longtemps qu'elle a fait du lycée son terrain de jeu.
La jolie blonde en blouse de chimie n'en avait pas grand-chose à faire, les cours l'ennuyaient et elle avait une manière, certes peu conventionelle de le faire savoir.
Elle rattrapa William au détour d'un couloir.
-C'est tout ce que tu as trouvé pour pouvoir passer un l'après-midi tranquille ? lui demanda t'il
- J'ai fait avec les moyens de bord, c'était cela ou devenir folle
-Tu sais que ce n'est pas très autorisé ?
-Et ça intéresse qui ?
William et Maïa se connaissaient depuis la maternelle et lorsqu’ils sont ensemble le reste du monde semble disparaître à leurs yeux. L'amour qu'ils se portent n'est plus un secret depuis longtemps et ne pas les trouver ensemble est assez rare.
William était un grand brun bouclé aux yeux bleus tout ce qu'il y a de plus classique. Champion de lancer de couteaux, invaincus aux fléchettes sur huit générations, bagarreur notoire, fanatique du contournement d'autorités et guitariste à ses heures perdues il était surtout connu pour sa patience et son grand cœur.
Elle c'est une blonde pulpeuse comme on en voit que dans les films. Des yeux noisette, sur un visage d'ange pourtant étrangement à l'aise avec les explosifs. Elle était la chanteuse dans son propre groupe. Maïa avait également une dizaine d'années de boxe au compteur avant que ses douleurs chroniques ne prennent le dessus, aujourd’hui elle passe la majorité de son temps en fauteuil pour pouvoir se déplacer. C'est une battante que rien n'a jamais arrêtée. S'ils ont fait de ce lycée leur royaume par la simple force de leurs caractères et des réputations, ils n'ont eu qu'une seule véritable amie qui les a vraiment connus, une dénommée Nina Stephens.
Voilà pourquoi lorsque tous les élèves furent évacués, Athénaïs attrapa Logan et sans plus d'explications l'entraîna au travers des couloirs à leur recherche.
- William Scott, Maïa Bellington ? On peut parler ?
- Euh… tu es ?
- Ce n'est pas important, vous connaissez un endroit où on pourrait discuter tranquillement ?
- L'Olympe café est toujours ouvert proposa Maïa, Ah salut Logan ! Vous vous connaissez ?
- Pas vraiment.
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Il n'y avait que trois larges avenues dans le centre-ville et rares sont ceux qui s'aventurent jusqu’à la dernière.
Avec sa devanture sombre aux néons décrépis, le petit café n'attire plus grand monde si ce n'est les habitués du quartier et les passants égarés.
C'est ici que nous guidions Athénaïs et Logan, sûr d'y être au calme. Nous avons pris une table bancale dans un recoin de la salle. Il n'y avait à cette heure qu'un ancien bougon, qui semblait peiner à lire son journal, car il en suivait chaque ligne avec ses doigts boudinés, tout en plissant les yeux derrières d'épais verres correctifs.
Ce fut William qui lança les questions :
- Alors, tu es la journaliste du lycée et toi son associé ? Fit-il en s'adressant à Athénaïs.
- Oui, Logan m'a… Ils échangèrent un regard, trouver récemment apparemment, il n'y a pas que moi qui suis observatrice.
- Qu'est-ce qui te fait penser que tu peux résoudre… L'affaire Nina ? Demandai-je a voix basse.
Sur le chemin elle nous avait avoué venir pour les demoiselles disparues.
- Je n'en sais rien répondit-elle franchement, mais ça fait des années que cela dure peut-être que votre relation avec Nina et le fait que ce soit quelqu’un de bien connue au lycée permettra d'avancer, voir résoudre le mystère... Qui sait...
Logan semblait aussi étonné que nous de par son aplomb et l'ambition de son projet, mais aucun de nous trois ne douta un instant. Elle savait ce qu'elle faisait ou l'imitait très bien et son raisonnement était d'une logique difficilement contestable.
- Si la police cherche déjà le ou les responsables de sa mort... Peut-être qu’on se méfiera moins d'une bande de lycéens qui posent des questions... Réfléchis Logan
- Je marche déclara William après une seconde de réflexions
Je n'hésitais guère plus longtemps, après tout que pouvions-nous faire d'autres ?
- Je vous suis.
Mme Hermann, l'antique serveuse aux cheveux gris ébouriffées s'approchait nous prirent quatre menthes à l'eau avant de reprendre.
- Tu as une théorie ?
- Pas vraiment, mais je connais un endroit où on pourrait en avoir une, elle fit glisser sur la table une petite annonce qui affichait sobrement la cérémonie d'adieu pour Nina.
- Luna sera présente compris-je
Luna Stephens était la sœur aînée de Nina. Je la connaissais peu, mais elle pourrait sûrement nous donner des informations.
- Nous, on ne peut pas y aller sans paraître suspect, mais vous... Fit Logan
Je pris une grande inspiration, l'angoisse que me procurait l'idée de retourner dans la maison de mon amie d'enfance décédée était considérable.
- Tu penses que ça ira, Maïa ? Demanda William en m'observant.
- Oui, je peux y arriver. Pour Nina.
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