Le sacrifice
Logan
La famille Songy possédait une jolie demeure à la limite entre la ville et la forêt qui l’entoure. Au rez-de-chaussée le cabinet du Dr Songy, l’un des rares médecins du coin et au-dessus la maison avec ses deux enfants et sa femme.
Rien qui ne sorte vraiment de l’ordinaire ni qui puisse laisser imaginer qu’un enlèvement puisse avoir été réalisé entre ces murs.
Dans la camionnette d’Eliott, l’ambiance était à des années-lumière de nos quelques jours au bord de la mer. Athénaïs était prostrée sur la banquette arrière, les genoux contre la poitrine. Elle portait encore son vieux T-shirt et un short en guise de pyjama. Elle était inquiète, pas besoin d’avoir des capacités spéciales pour le voir, toute cette histoire n’était jusqu’ici qu’une continuité de phénomènes inexpliqués et inexplicables.
Je me décidais à écrire un message à Daphnée :
— Chez Dr Songy, ça risque de mal tourner, je ne suis pas seul.
On distinguait déjà la toiture rouge brique de la maison. Eliott s’arrêta quelques mètres plus tôt à l’abri derrière des fourrés aussi épais qu’un mur de béton pour la même question que quelques minutes plus tôt :
— C’est qui le plan ?
Un ange traversa l’espace. Puis repasse. Plusieurs fois.
Puis Athénaïs finit par proposer :
— Heu… Eh bien, déjà, on va vérifier s’ils sont là ou non, mais vu qu’il n’y a pas de voiture, c’est peu probable, après on essaie de chercher quelque chose qui pourrait les relier aux meurtres.
— Donc on rentre par effraction chez des potentiels serials killers, on cherche, on ne sait pas trop quoi, en sachant que c’est totalement illégal ? Je résumais.
— Eh bien… Apparemment
— OK, on va tous mourir.
Après s’être faufilé discrètement jusque devant la façade et avoir soigneusement vérifié l’absence de caméras, William jeta un coup d’œil par la fenêtre. R. A. S. lumières éteintes pas un bruit, la voie semblait libre.
Eliott que l’on avait entrainé un peu malgré lui dans cette histoire démonta soigneusement la serrure la porte d’entrée. Pas d’alarme.
Je vis Athénaïs frissonner en passant le pas de la porte. Il faut dire que la sensation qui émanait des murs de cette maison était difficilement descriptible. Ce fut un mélange d’excitation, de peur panique et d’une affreuse odeur fleur séchée. Le papier peint des années 1970 semblait s’être imprégné d’une épaisse couche de lavandes et de roses dont l’odeur n’avait plus rien de printanier.
Après avoir fait le tour du cabinet vide, on grimpait à l’étage. Athénaïs observait les photos sur le palier. Il s’agissait d’une petite famille, pas beaucoup d’amis, deux enfants. Je ne connaissais pas leur garçon, mais la jeune fille Mélissa était une de nos camarades du lycée.
William ouvrit la porte d’une chambre, il y eut un étrange grincement, puis tout devient noir et une violente douleur traversa mes tempes.
Athénaïs
Lorsque j’ouvris les yeux, ce fut si douloureux que je les refermais instantanément. Mon corps était glacé, étendu sur le dos.
J’entendais les voix lointaines de mes amies, j’essayais de me relever, mais je constatais très vite que j’étais attachée.
— Hé ! Elle reprend connaissance.
— Bienvenue parmi nous mademoiselle Holt, fit une voix plus grave derrière moi.
Une puissante lumière m’éblouit, mais je pus distinguer un garçon d’une quinzaine d’années à quelques centimètres de moi. Mes bras et mes jambes étaient attachés sur une table d’auscultation.
La docteur Songy, un homme d’une cinquantaine d’années, le teint jaune, portait un étrange tablier gris sale autour de la taille lorsqu’il s’approcha de moi, écartant son fils.
Il tenait dans ces immenses mains une minuscule chaîne à laquelle était accrochée une étrange pierre noire. Sans ajouter un mot, il souleva mon T-shirt pour la déposer sur la surface de ma peau.
La brulure fut immédiate, c’est comme si le pendentif avait été chauffé au fer blanc. Je hurlais de douleur.
Il se mit a rire, un rire fort qui m’aurait glacé le sang si je n’étais pas déjà entrain de bruler vive. Je réussis à détourné la tête de son sourire satisfait, mais la vision que m’offrit ce mouvement ne me rassura que peut.
De l’autre côté de la pièce, bras et jambes attachés, assis contre le mur, mes amis se débattaient comme ils le pouvaient. Bâillonnée je pouvais lire la terreur dans leurs yeux. Maïa était là aussi, mais la tache de sang sur sa chemise de nuit et la pâleur de sa peau ne présageait rien de bon. Si William et Eliott se débattaient dans tous les sens, Logan, lui ne bougeait pas, je croisais son regard, il avait un plan. Je ne pus réfléchir plus longtemps à la lueur d’espoir qu’offrait son regard, car le docteur attrapa mon visage d’une main.
— Je crois bien qu’on a trouvé notre perle rare. Je pensais que la petite chanteuse serait la bonne, mais visiblement vu la vitesse à laquelle vous l’avez retrouvé j’ai comme dans l’idée que tu es notre petite sensible.
— Mais qu’est-ce que vous me voulez ? Hurlai-je
— Tu n’as aucune idée ce que signifie cette pierre ?
Mon regard noir et mon silence répondirent à ma place
— La puissance, jeune fille, la puissance. Enfin, pour nous.
Il eut un autre rire glaçant.
— Seulement ça voit tu ça ne marche que si tu mets fin à une petite malédiction. On a besoin de trois fois rien, juste un simple sacrifice.
Son délire commençait à donner du sens à toutes ces histoires, les meurtres, les disparitions, ils cherchaient quelqu’un avec mes capacités. Ils voulaient ma mort pour je ne sais qu’elle rituels barbares.
Sa fille entra dans la pièce, une lame finement aiguisée à la main.
— N’y voit rien de personnel me dit Mélissa. Et puis tes amis n’auront même pas besoin de souffrir de ta disparition très longtemps. Ils sont les prochains.
J’eus beau me débattre de toutes mes forces, s’était peine perdue, je ne pouvais plus rien y faire. La lame scintillait à la lumière en s’approchant de ma gorge. Quelqu’un accrocha le pendentif autour de mon cou. Dans quelques secondes, ce serait fini.
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