Un destin las et pris d'ennui
Cinq mots dans un carnet ainsi qu’un foulard avait suffit à faire s’écrouler le dessein de vie que je m’étais édifié à tes côtés. Comment pouvais-je croire qu’après cela, tout serait pareil ? Aurora, comment pouvais-je ignorer la réalité, mes nuits blanches, mes insomnies, chaque jour blotti contre toi. Tu avais été l’objet d’une perversion abjecte, défragmentant chaque parcelle de ton être. Aurora, comment étais-je censée ignorer la vérité ? Je te l’avais juré ; je t’aiderai quel que soit le prix, mais cela signifiait-il abandonner les quatres autres au prix d’un bonheur jamais acquis. Un corps, cinq esprits… Pourquoi fallait-il que cela soit aussi difficile ?
À errer dans les rues, ignorant ta présence pour qu’enfin le bonheur soit tien, je l’ai aperçu et tu as souri. Ce sourire… Sincère et heureux, celui que tu ne m’avais jamais adressé, étais-tu réellement amoureuse, pensais-tu réellement tomber amoureuse ? Ses lèvres contre les tiennes, vos mains enlaçant vos deux corps aussi semblables, pourquoi mon cœur était ainsi déchiré à cette vision ? Etais-tu enfin heureuse, a en oublier l’envie de nous quitter ? A côté de cette sang-mêlée, arrivais-tu a oublier l’horreur de ton passé. Égoïstement, une question dans ma tête se répétait dans une boucle infinie; Ou avais-je échoué et ou avait-elle réussi ? Comme Issia, n’avais-je pas été à la hauteur. Ne t’avais-je pas assez écouté ? T’avais-je saoulée a un point de non-retour, un coma éthylique éphémère. Avais-je été encore trop fière et égoïste, à ne penser qu’à moi. Pourquoi ai-je réussi avec elles et non avec toi, Aurora, la véritable Aurora.
Dalaran, la citadelle pourpre. Je descendais les marches d’escalier quand celle-ci m’est apparue. Était-ce le destin, las et pris d’ennui qui avait décidé d’ entremêler son chemin vers toi ? Moi qui ne l’avait aperçu qu’une ou deux fois, hors de ton atteinte, cette … Jaera. Cela aurait été mentir de dire que d'apercevoir son minois m'était indifférent, oui, j’étais prise d’une jalousie et d’une rancœur sans nom. Mais qui étais-je pour te priver d’une sang mêlée qui arrivait à faire de toi une femme en vie, mon Aurora.
_Hé, toi ! Ces mots étaient sortis de mes lèvres comme un Javelot de glace, transperçant celle que tu aimais réellement.
Celle que tu aimais et qui, s'était retournée face à moi. Une jeune femme sans nul doute d’une beauté prenante … était-ce de cette beauté que tu étais tombé amoureuse ou, de la douceur qui se lisait sur l’expression de son visage. Pourquoi cela faisait-il autant mal … ?
_Oui, bonsoir ? La sang-mêlée à la chevelure d’or me détaillent alors de ses pupilles d’un faible éclat, m’avait-elle reconnue. Allait-elle rire du dessein du destin, las et pris d’ennui. Vous êtes … celle qui donnait les chatons, je vous reconnais ! Son sourire était aussi éblouissant que la beauté dont elle avait hérité, pourquoi l’a détestais-je sans connaître la personne qu’elle était, celle que tu aimais.
_Oui, c’est bien moi. Je m’étais rapproché à sa hauteur, que pouvait-elle être petite, égale à toi. J'aimerais m’entretenir avec toi à propos d’Aurora ou Céleste, si cela te convient. Chacun de mes mots résonnait comme un coup amener à mon être tout entier. Aurora, tu ne pouvais imaginer tous les sacrifices que j’étais prête à faire pour toi.
La sang-mêlée s’était alors mise à m’aviser avec incompréhension puis surprise, avait-elle enfin réaliser la triste vérité ? A en croire la décomposition de ses traits, j’aurai vendu mon âme au démon pour répondre ces simples mots; oui.
_Tu es la fameuse petite amie des quatres autres. Annonça-t-elle, un nouveau javelot de glace me transperçant le dos.
La petite amie des quatres autres, était-ce ainsi que tu parlais de moi Aurora? Qu’avais-je fais au ciel pour mériter cela. Un jour ton esprit s’était défragmenté sous la douleur, au jour d'aujourd'hui, mon cœur se défragmente à cause de toi.
_Oui et j’ai réellement besoin de parler avec toi, as-tu quelques minutes à m’accorder ?
Pas deux, ni une … Elle avait simplement acquiescé d’un mouvement de crâne et, nous nous dirigeâmes vers l’Abracadabar, silencieuses. Ce silence glacial que même Nebula ne possédait. Le sang ruisselait à l'intérieur de moi, les morceaux se détachaient et nombreux étaient les javelots à pénétrer la chair de mon dos, sans que je ne puisse incanter quoi que ce soit.. tout cela, pour toi Aurora.
_Je ne vais pas tourner autour du pot, Céleste pense être amoureuse de toi. Je lui avais envoyé ces paroles comme un coup de poignard à mon tour, voulais-je honteusement la faire culpabiliser, souffrir … ? A quelle point pouvais-je devenir mauvaise par jalousie.
Jaera avait dès lors redressé le regard vers moi, désemparé et pris par le doute. Était-ce aussi aisé de lire en elle ? A quoi pensait-elle … Mon regard sur ses lèvres, je n’attendais qu’une chose, ses paroles. Des paroles qui se languissaient doucement de moi. J’arrivai à tenir comme le pilier fissuré d’un édifice, soutenant le poid, sans jamais me rompre face à elle. Aurora, si savait à cette instant comme l’attente était pesante et odieuse.
_Je … Elle baisse ses oreilles, une nouvelle fois prise d’expression qu’on pouvait aisément déceler le sens, la douleur. Après un silence glacial, elle redressera le regard vers moi. Je veux que Céleste soit heureuse, elle a besoin de quelqu’un qui … comprenne ce qu’elle a vécu !
_Et pourquoi tu comprendrais et moi, non ?! Je baisse à mon tour les oreilles, les sourcils froncés, les poings serrés sur la table. Elle t’a raconté ce qu’elle a vécu, c’est ça … elle te donne ce qu’elle ne m’a jamais donné … c’est ça ?!
_Oui. Elle inspire, gardant la tête haute, elle semblait avoir un certain courage. Si ça a été aussi facile pour moi, c’est parce que j’ai vécu un peu la même chose à quelque détail près. J’ai aussi connu l’obscurité, les liens et les viols. J’ai également été soignée d’une maladie mentale qui a détruit une partie de ma vie, elle est moi nous ressemblons plus que tu ne l’imagines. La souffrance continue, l’envie de suicide …
Je m’étais mise à l’observer, désemparée. Comment pouvais-je en vouloir à cette sang-mêlée ? Quel monstre deviendrait-je à ne pas comprendre ce qu’elle avait enduré, ce que tu avais enduré Aurora ? Face à Jaera, j’étais devenue bien moins agressive, mes expressions trahissant la honte qui m’habitais. Si tu l’aimais … c’était pour une très bonne raison, comment ne pouvais-je pas comprendre cela ? Le visage crispé, un nouveau javelot me transperce la poitrine. Le pilier s’écroule avec son édifice et les larmes apparaissent … et je pleure. Jaera m’avise et prise de honte, ma fierté balayez, je détourne le regard face à elle.
Elle se redresse, la chaise grinçant contre le sol. Etais-ce terminé … ? Que dois-je faire désormais. Baissant le visage, les yeux clos, les larmes rejoignant mes cuisses, un vent glacial me frigorifie. Puis sans que je ne comprenne le sens de ses gestes, la bâtarde m’avait capturé d’une étreinte, si réconfortante. J’ouvre les yeux, ma vision brouillée par l’humidité, que faisait-elle …
_Je te comprends, toi aussi … Ne t’en fais pas … Elle avait soufflé ses paroles à mon oreille, m’arrachant un désagréable frisson. Elle était gentille, bien trop gentille… Était-ce de cette gentillesse dont tu étais tombé amoureuse Aurora ? Elle ignorait les regards tournés vers nous, se contentant de me bercer dans ses bras, ceux qui ressemblaient tant au tien.
_Je t'interdis de lui faire du mal, tu entends… Céleste a déjà beaucoup trop souffert. Elle ne m’a jamais dit ce qu’il s’était passé, mais … j’ai enquêté et j’ai engagé ton ex-petite amie pour connaître toute la vérité. Si tu n’as pas les épaules laisse-là. Et au contraire, si tu penses les avoir, je - étais-je finalement une bonne personne finalement… ? bien trop bonne pour continuer la phrase dont les mots commençaient déjà à me déchirer. Je veux qu’elle soit heureuse, enfin heureuse … je l’aime. Même si cela ressemblera à un couple à trois, je l’accepterai pour elle, en oubliant les quatres autres, rien que pour elle, son bonheur. Qu’elle soit enfin heureuse.
C’est en redressant le regard que ses larmes s’étaient mises à accompagner les miennes, elle… Pleurait ? Était-ce de bonheur ou de tristesse ? Je n’arrivais pas à le déceler, ma vision bien trop troublée. L’une de ses mains glissant sur ma joue, elle s’était alors mise à me parler… et nous avions parlé, des secondes, des minutes, des heures entières… Combien de temps cela avait duré ? Je n’en ai aucune idée, mais la balle était désormais dans nos deux camps, nous n’étions plus ennemis, mais, des alliées.
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