Septembre- Octobre 2009

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Après avoir découvert le bonheur d’avoir une fille à mes côtés, je ne pouvais plus m’en passer et cette envie s'est rapidement muée en un besoin, presque vital, Clémence ne me suffisait pas, certes notre amitié comptait énormément, mais j’avais envie, j’avais besoin de plus.

J’avais une fâcheuse tendance à m'éteindre lorsque j'étais seul et, au contraire, à reprendre vie lorsque je trouvais une main à serrer dans la mienne, une bouche à embrasser, un corps à enlacer, ainsi je passais de fille en fille, de coup de cœur en désillusion.

Pourtant une, parmi toutes celles-là, a bouleversé mon existence, elle a été la première fille avec qui j’ai pu envisager quelque chose de vraiment sérieux, celle qui a réussi à me faire penser à me poser, bref, mon premier véritable amour alors que les autres n’étaient au final que des flirts d’adolescents, des coups de coeur qui passaient au bout de quelques temps, de quelques semaines.

La première fois que je l’ai croisée, c’était lors de notre première rentrée au lycée, en ces premières heures de cours, je découvrais ce nouveau monde qui sentait bon la liberté et la fin de l’adolescence. Ce jour-là, nous avons partagé le même bureau, malgré mes capacités, je n'étais pas du genre à me scotcher aux premiers rangs des salles de cours et je laissais volontiers les places du fond à ceux qui préféraient être tranquilles pour buller.

Je me suis installé au milieu de la salle, à côté d’une fenêtre pour me permettre de m’évader par moment et tout naturellement elle est venue s’installer à côté de moi, renouvelant l’opération à chaque cours les jours suivants, en silence. Elle semblait vouloir rester le plus invisible possible, en se cachant derrière sa longue frange qui venait masquer son regard. J’avais beau tenter de lui soutirer quelques mots, mais en dehors d’un timide “Salut Justin” le matin et d’un simple “A demain” en fin de journée, rien ne semblait pouvoir lui délier la langue, pas même quelques plaisanteries qui la faisaient à peine sourire.C’est un mercredi après-midi, au cours d’une de mes séances de sport, que tout à changé entre nous.

J’avais vite pris l’habitude, dès la rentrée, de profiter de la piste d’athlétisme toute proche, pour me défouler après les cours, une fois ou deux par semaine, ce moment rien qu’à moi me permettait de faire le vide, d’oublier les aléas de ma vie et de mettre mon cerveau en pause.

Ce jour-là, comme à mon habitude, je commence ma séance par de petites courses sur place, quelques séries de sauts, de pas chassés, puis entame au petit trot un premier tour de stade en accélérant tranquillement et termine cet échauffement par quelques étirements. Je repars ensuite pour ma série de quatre tours à allure soutenue que je compte terminer par une série de sprints courts, lorsque se profile devant moi, au milieu de la ligne droite, une magnifique paire de fesses, surmontée d’une queue de cheval châtain qui danse à chaque foulée. Je détaille tranquillement, de loin, ce corps svelte, aux jambes moulées dans un legging noir laissant deviner une musculature travaillée, deux jolies fesses rebondies, des hanches dessinées et des épaules sculptées.

Voulant me rapprocher pour mieux admirer celle qui trottine à portée de mon regard, je force un peu l’allure pour essayer de gagner la cinquantaine de mètres qui m’en sépare lorsqu’elle accélère à son tour.

« Putain, elle m’a grillé… »

Ça ne me pose aucun problème de forcer un peu mon allure, j’accélère la cadence, en entamant le second tour, allonge mes foulées et je reviens à une vingtaine de mètres de la demoiselle, le spectacle n’en devient que plus beau et plus motivant. J’en garde un peu sous la pédale, réduis légerement l’allure et reste à bonne distance de ce magnifique petit cul qui se dandine…

Elle doit sentir ma présence, en rajoute une couche, mais approche de la rupture, trahie par le balancement de ses épaules et sa foulée qui s'alourdit nettement. J’accélère encore, et cette fois je ne coupe pas mon effort, la rattrape, et la double, sans tourner la tête, en lui lançant « Jolie paire de fesses... » auquel il me semble entendre en réponse un « Merci » entre deux respirations beaucoup trop forcées. Troisième tour, je calme l’allure, me retourne dans le virage et la vois arrêtée dans la ligne droite, les mains sur les genoux, en train de chercher son souffle, et lorsqu’elle relève la tête je devine le magnifique visage de ma voisine de classe…

Dernière accélération pour finir, et tant pis pour le quatrième tour… Je la rejoins, m’arrête à sa hauteur alors qu’elle semble toujours aussi essoufflée…

- Suis moi, faut surtout pas t’arrêter comme ça… Il faut continuer à trottiner…

- J’en peux plus, je vais pas y arriver…

- Mais si, viens…

J’attrape son bras, manque de la faire tomber en la tirant pour la forcer à repartir avec moi au petit trot…

Ses premières foulées sont hésitantes, difficiles, puis après une centaine de mètres elle prend le rythme et je peux enfin la lâcher…

- Re-bonjour, miss Caro.

- Justin?

- Pas mal l’allure, mais faut y aller doucement quand on n’a pas le rythme…

- Tu parles…

- Sérieusement, et c’est pas une façon de pratiquer la course à pied…

- Ça je viens de le comprendre, mais si j’avais su que c’était toi, je t’aurais attendu… J’avais peur que ce soit encore un sportif pervers…

- Et qui te dit que j’en suis pas un ?

- Ben tu m’aurais pas doublé comme t’as fait, tu serais resté derrière à me mater, puis je te connais suffisamment pour savoir que t’es pas comme ça… Enfin je crois…

Sa respiration reprend un rythme plus régulier grâce à la conversation, et à la fin du tour nous pouvons nous arrêter.

- Merci pour le tour de récup, maintenant une bonne douche…

Je lui réponds avec un sourire moqueur.

- Tu me proposes déjà de prendre la douche avec toi ?

- Dans tes rêves !!! N’y pense même pas.

- Trop tard… Mais je te laisse pas partir comme ça, petite séance d’étirements avant pour éviter les courbatures et douleurs.

- C’est obligé ?

- Pas vraiment, si tu veux avoir mal partout dans les jours qui viennent…

- Okay…

Elle m’adresse un petit sourire timide, très craquant et décide de rester, s'ensuit une série d’étirements, pendant laquelle nous en profitons pour continuer à discuter tranquillement en terminant la séance, puis filons chacun dans nos vestiaires pour une bonne douche. La mienne est glacée comme à mon habitude, il fait encore bien chaud dehors, et pour la récupération musculaire, rien de tel. Une fois terminée, je balance mes affaires en vrac dans mon sac pour prendre la direction de la gare routière.

- Justin attends…

- Miss Caro! Tu me poursuis maintenant ?

- Ben c’était pas le but, mais comme je t’ai aperçu et je me suis dit qu’on pourrait faire un bout de chemin ensemble.

- Bonne idée, même si j’aime pas trop la compagnie de jolies filles…

- Jolie? Moi? Tu parles!!!

- Non… Je viens de découvrir ce que tes baggys trois fois trop grands, tes pulls larges, et tes cheveux lâchés cachent au lycée.

- Et alors?

- Franchement? Je te préfère largement comme ça… Même si le style skateuse rebelle te va à ravir… Rassure-moi, par contre, c’était ta première séance?

- Oui, j’ai laissé tomber la natation cette année, j’ai plus le temps, et je veux continuer le sport, pour continuer à me sentir bien… Tu viens souvent?

- Au moins un soir par semaine et le mercredi après-midi, quand la météo le permet…

- Cool…

- On se retrouve la semaine prochaine au même endroit?

- Pourquoi pas.

Suite à cette séance de sport, en plus du même bureau en cours, nous décidons de partager nos mercredis après-midis sur la piste d’athlétisme de notre lycée. Chaque semaine le même rituel, après un repas froid, que nous prenons assis sur l’herbe ou dans la salle de réunion du vestiaire, nous enfilons nos baskets pour aller dérouler notre programme. Fond, demi-fond, sprint, fractionné, abdos, étirements, squats, exercices d’équilibre et d’agilité, le matériel mis à notre disposition par l’établissement nous permet de varier les exercices.

L’athlétisme, comme nous le pratiquons, est un excellent complément de mes longues promenades en vélo du samedi après-midi.

Il m’a fallu du temps pour apprendre à connaître Caro, cette jeune fille aux longs cheveux châtains, aux yeux verts, timide et mystérieuse, se cachant toujours derrière une frange trop longue.

Au fil des semaines, nous nous sommes découverts, son humour, son rire discret, sa gentillesse, mon côté timide, tout en retenue, loin des apparences que je voulais me donner avec mes potes ou les autres filles, avec lesquelles j’avais souvent joué au mec sûr de lui, grande gueule et un peu macho. De cette relation purement scolaire au départ est née une belle complicité, certes elle ne pourrait jamais éclipser l’amitié qui me lie à Clémence, mais j’avais découvert que finalement, je supportais plus facilement la compagnie des filles que celle des mecs, ce qui m’a valu une tonne de moqueries pendant des années.

La semaine, nous passons toutes nos heures de cours ensemble, en plus de notre séance d’athlétisme du mercredi, seule la matinée du samedi, où nous ne partageons pas le même cours de sport, nous sépare.

Contrairement à ce que peuvient laisser penser les apparences, elle a un penchant pour les sciences, alors que je cherche encore comment tracer mon avenir, plutôt tenté par la voie littéraire, l’étude des langues étrangères et la musique.

Grâce à elle, j’ai gardé le pied à l'étrier niveau études, alors que j’avais une fâcheuse tendance à lâcher l’affaire rapidement, ses mises en garde, ajoutées à celle de Clémence m’ont remis dans le droit chemin à plusieurs reprises.

J’ai aussi remarqué rapidement qu’elle se tenait toujours en retrait, même avec ses amies, même avec moi, alors que j’avais conservé cette facilité à aller vers les gens, cette envie de les aider. Nos projets d’avenir ont rapidement collé avec nos tempéraments, tandis qu’elle envisage de plus en plus sérieusement une carrière en laboratoire, l’éducation nationale me tends les bras, avec l’envie de partager mon savoir et mes connaissances.

En dehors des cours, il ne me reste pas énormément de temps pour Clémence, mais nous avons rapidement mis en place notre petit rituel, un café en terrasse le dimanche matin, pendant que nos mères font leur marché à Anduze, qui est devenu un rendez-vous incontournable pour nous. Chaque semaine, nous nous retrouvons au Café des Arts, pour partager un moment seuls tous les deux et nous raconter les derniers potins, continuer à faire vivre cette amitié, et parfois, si nos emplois du temps concordent, nous nous accordons également une balade à vélo le samedi après-midi

Les conversations tournent souvent autour de ma relation avec Caro, j’ai eu peur, au tout début, que Clémence ne soit jalouse, mais au contraire, elle semblait heureuse de cette nouvelle amitié, y décelant même, selon elle, autre chose et me provoquant régulièrement sur le sujet.

Je lui avoue bien vite que je ne serais pas contre, que l’idée m’a traversé l’esprit assez souvent, ces derniers temps, mais que quelque chose se bloque en moi à chaque fois que me vient l’envie d’en toucher deux mots à la principale intéressée. Je décide, par contre, de lui cacher qu'à mon avis la source de ce blocage se trouve juste en face de moi au même instant.

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