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Seul devant le miroir, attendant que je le casse. Même après l'avoir fait, mon reflet est tenace. Il me colle à la peau, me salue, me salit ; dans la rue, j'ai peur de lui. Peur de me croiser, de me sentir, sentir mon cœur battre entre mes os translucides. Je ne me fais pas face quelle que soit la place ; où que j'aille, je m'agace : pour la dignité, pour le bonheur, pour la beauté, je suis une menace. Chaque silence siffle : trépasse, trépasse... J'ai essayé à cent reprises, je me suis cassé les dents sur ma propre mort tellement je me méprise. Sur la cendre danser, sucer les cigarettes, souiller mes amitiés ; je sais bien que j'appartiens à la race des dégueulasses, pas besoin de me le rappeler.

J'ai oublié ma vie d'enfant mais j'suis sûr qu'à l'époque on me ravissait déjà mes printemps. Je souffre en y repensant d'une forme de néant. Mes rêves sont rares depuis le premier jour de l'an : dormir sans le vouloir, prier sans croire, voilà à quoi me ramène ma mémoire s'arc-boutant. « Tu restes un moins que rien, même devenu grand. Surtout, continue à craindre le firmament ! ».

La lune s'obstine-t-elle à rester silencieuse, quelles douleurs les loups aveugles hurlent-ils vers les cieux, est-ce qu'il pleut ? Il ne pleut pas. C'est seulement la petite mer qui roule au fond de mes yeux. Apprenez-moi la liesse, lisez-moi des histoires qui parlent de phénix, de bulles, de pieuvres, de libellules, peut-être ce qui n'a pas de sens me rendra-t-il heureux. Je veux que les ivresses soient bleues, que la lumière voie le jour, que les rivières prennent feu. J'ai commis plus d'erreurs que je n'ai rêvé de mondes, formulé plus d'aveux que prononcé de vœux . J'ai défait ce cœur plein de nœuds, grelot sanglant qui sonne creux. Il est grand temps de dépoussiérer les dieux.

J'ai laissé quelques gens bien, quelques larmes étranges, quelques sombres clartés dans mon sillage. Je n'ai pas passé l'âge des jeux entre géants : nous azurions les orages avec les grains de sable récoltés sur la plage par un marchand enchanteur qui nous inventait des rivages où accoster les soirs de rage. Ce qui fait la nuit en nous peut laisser les étoiles fanfaronnait l'adage, souvent la nuit laisse juste un paquet de météores tout déglinguer sur leur passage. Les étoiles filantes qu'on pensait bienveillantes causent des ravages au point de déchiqueter les nuages.

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