Humanité
Mon Histoire est construite à partir de réactions. A coups de « Plus jamais ça ». Problème majeur : je suis adepte de la guérison. Attendre que la chose arrive, savoir qu'elle est présente, mais surtout attendre qu'elle frappe, puis doucement pommader l'hématome. Puis « Plus jamais ça ». On le saurait, si j'avais plus prôné la prévention que la guérison, si j'avais appliqué une méthode basée sur la peur de sa destruction plutôt que celle basée sur la peur, par exemple, d'une invisible puissance supérieure. Ça se verrait forcément.
Pourquoi je fais ça ? C'est vrai, je pourrais, sachant que tel cataclysme se dessine pour telle année à venir, faire en sorte qu'il n'arrive pas, plutôt que de l'ignorer parce qu'il ne perturbe pas mon existence pour le moment... Ah mais le problème avec la prévention, c'est que si je prévenais tous les maux et arrivais à parer toute catastrophe, je ne saurais jamais ce qu’est une bonne époque. Je ne pourrais pas m'entendre dire que la génération présente est plus chanceuse que la précédente. Et l'ennui s'installerait rapidement, car j'ai quand même soif de changements, d'évolutions.
D'un autre côté, je veux me rassurer en inventant des moyens faciles et à la portée de ma majorité pour éviter sa destruction, et donc la mienne. Des petits gestes à petite échelle sur de petites périodes telles que la durée d'une de mes minuscules petites vies. Je pense même que le cumul de ces actions futiles permettra à ma progéniture de vivre encore longtemps. Je ne comprends pas ma leçon. Pourquoi m'évertuer à fabriquer plusieurs actions trop petites pour jouir d'un résultat qui surviendrait bien après ma propre extinction plutôt que de détruire d'un coup d'un seul le mal à sa source ?
Je peux trouver un moyen de faire payer sa trop rapide destruction (bien que trop lente pour que je puisse la voir à l’œil nu) et ainsi nous sauver tous les deux.
Annotations