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J’ai rendez-vous avec Marchal, là-haut dans les montagnes. Des plombes que je n’ai pas chassé, là-haut. Ce n’est pas grave, ça ne s’oublie pas. Après la mort de Mère, j’avais promis que je ne chasserai plus. Pas à elle, à elle je n’avais rien promis, toute sa vie elle avait insisté pour que j’arrête et après sa mort, je n’avais plus envie. Mais, aujourd’hui c’est un peu comme si je trahissais quelqu’un, elle ou moi je ne sais pas.
Marchal m’a abordé, et puis, on a parlé de la chasse. Il m’a laissé choisir l’endroit. Alors j’ai dit « — La Plaine, on ira dans les montagnes au dessus ». C’est venu comme ça, sans réfléchir, et je le voulais, vraiment.
Ce soir, je ne sais plus si j’ai envie. Je ne sais pas si mon besoin est là, ce soir, à nettoyer mon fusil, à ressortir ma veste. Dans la poche, je suis tombé sur mon carnet. Chasser, c’est tout un tas de choses qui affluent, affleurent, et des choses aussi, des choses qui sont là, lourdement. Alors, un carnet de chasse, toujours. Et un crayon. Envie ou pas, ça me fait quelque chose, comme un frisson ce rituel, l’impression de vivre. Je ne peux m’empêcher de relire, avant que j’arrête la chasse. Surtout les dernières notes.
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