Marchal, encore. Je suis allé chez lui, cette fois, car il ne sort plus guère. Il m’a reçu en robe de chambre de soie rapidement passée sur une chemise au col ouvert. Il a marché péniblement pour aller s’allonger, à demi, sur le divan. Notre conversation portait sur la campagne, dont il connaissait tout par son réseau d’information, et le reste, il le devinait comme chose certaine, et ne se trompait pas. Cela l’amusait.

- Tiens, le voilà !

- Tu as un chien maintenant ?

- J’en ai toujours eu. Enfin, des chiens.

Un yorkshire sautait sur le canapé, puis sur ses genoux, se laissant caresser, les yeux fermés, comme un chat. Et le maître prenait du plaisir tout autant que lui.

- C’est curieux, hein ?

Je ne disais rien.

- Je sais ce que tu penses, et tu me méprises, en ce moment, pour cette petite faiblesse. Mais c’est que, tu vois, lui il ne me demande rien.

J’encaissais, réfléchissant à la façon de prendre la chose. Marchal se chargea du commentaire.

- Demange, ce n’est pas que tu viennes me voir par intérêt, ce n’est pas ce que je dis, tu m’aimes bien, mais tu m’admires aussi, enfin je ne sais pas, il y a plein de choses, hein ? Tu me mets trop de choses sur le dos. Lui il ne sais pas qui je suis. Simplement, le Vieux peut-être, celui qui lui donne à bouffer et l’aime en peu. Celui qui lui gratte le menton. Voilà. Tu comprends ?

Je lui ai dit au revoir sur le palier. Au lieu de me donner un dernier coup d’oeil, direct et ironique comme il en avait l’habitude, son regard glissa vers le bas de la porte, comme si un point au bas du chambranle avait attiré son intérêt. Puis il referma la porte.